À quelques heures des résultats des élections présidentielles de 2024, la question de la réglementation des cryptomonnaies reste au centre des débats. Avec des contributions supérieures à 200 millions de dollars injectés dans la campagne par des entreprises crypto (sur les neuf premiers mois de l’année), les investisseurs espèrent peser sur l’avenir des réglementations dans ce secteur.
Donald Trump et Kamala Harris, les deux candidats principaux, se positionnent de façon contrastée sur ce sujet clé. Alors que Trump se montre résolument pro-crypto, Harris adopte une attitude plus prudente, bien que laissant entrevoir une possible ouverture.
Voici un état des lieux des engagements de chacun pour le secteur des cryptomonnaies.
Kamala Harris : une approche prudente, mais ouverte À ce stade, Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate, n’a pas pris de position tranchée sur les cryptomonnaies, un reflet de l’ambivalence au sein de son parti. Cette prudence fait suite aux actions restrictives de l’administration Biden, dont des poursuites de la SEC contre des géants comme Coinbase et Binance pour des infractions présumées aux règles de protection des investisseurs.
Toutefois, Harris semble ouverte aux innovations technologiques, y compris les actifs numériques. Lors d’un événement à New York en septembre , elle a exprimé sa volonté d’« encourager les technologies innovantes comme l’intelligence artificielle et les actifs numériques », laissant entendre une possible ouverture aux cryptos.
Bien qu’elle n’ait pas encore détaillé de mesures spécifiques, le groupe d’activistes Crypto4Harris organise des collectes de fonds pour son soutien, illustrant les efforts des démocrates pour renforcer leurs liens avec l’industrie. Parmi les membres de ce groupe, on retrouve notamment le milliardaire Mark Cuban ou Anthony Scaramucci, l’éphémère directeur de la communication de la Maison-Blanche sous Donald Trump en 2017.
Donald Trump : un virage pro-crypto affirmé À l’inverse, Donald Trump, ancien président et candidat républicain, a fait des cryptomonnaies un pilier de sa campagne 2024. Alors qu’il se montrait initialement sceptique, il a désormais adopté une position résolument favorable, visant à attirer l’électorat pro-crypto. En juillet, lors d’une conférence à Nashville, Trump a affirmé vouloir faire des États-Unis la « superpuissance mondiale du Bitcoin ».
Son programme comprend plusieurs propositions ambitieuses, telles que :
Constitution d’un stock national de Bitcoin : Trump prévoit de conserver les bitcoins saisis dans le cadre d’enquêtes criminelles comme une « réserve stratégique » pour renforcer la position américaine dans l’économie numérique.Création d’un conseil consultatif présidentiel sur la cryptomonnaie : Trump souhaite établir un organe de conseil composé de personnalités de l’industrie crypto pour orienter les régulations en fonction des besoins du secteur.Opposition aux monnaies numériques de banque centrale (MNBC) : Trump rejette l’idée d’un dollar numérique, qu’il considère comme une menace pour la liberté économique, soutenant même un projet de loi visant à bloquer tout développement de MNBC par la Réserve fédérale.Favoriser le minage américain : Trump l’a seulement évoqué sur ses réseaux sociaux, mais il a déclaré en mai dernier qu’il souhaitait que les derniers bitcoins à être minés soient produits par des entreprises américaines.Ces engagements montrent la volonté de Trump de favoriser l’adoption des cryptos tout en rassurant les investisseurs par une réglementation plus accueillante.
Il a également ouvert sa campagne aux dons en cryptos et s’est associé à un projet de plateforme de prêt décentralisée, World Liberty Financial. Ce dernier peine néanmoins à lever des fonds, malgré le soutien public du candidat.
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L’influence croissante des lobbies crypto Pour cette élection, les acteurs crypto figurent parmi les plus gros contributeurs de la campagne. En 2024, 48 % des financements d’entreprises venaient du secteur crypto, selon une étude du think tank progressiste Public Citizen.
Cet afflux de fonds témoigne de l’influence croissante du secteur crypto, déterminé à peser sur l’issue des discussions législatives à venir.
Fairshake, un super PAC non partisan, a amassé plus de 200 millions de dollars pour soutenir des candidats pro-crypto et affronter ceux qui y sont hostiles. Ce financement, combiné à une base électorale élargie, permet aux partisans des cryptos d’espérer des avancées réglementaires favorables.
Coinbase est le plus gros soutien financier de Fairshake (100 millions de dollars injectés en 2024). Ripple et le fonds VC Andreessen Horowitz arrivent respectivement en deuxième et troisième place.
Il est possible de consulter la liste des donateurs sur le site de la commission électorale.
Un Congrès pro-crypto pour 2025 ? Quelle que soit l’issue des élections, de nombreux observateurs s’attendent à voir un Congrès plus favorable aux cryptos en 2025. En plus de l’élection de candidats explicitement favorables aux cryptos, ce changement de paysage législatif pourrait permettre de faire avancer des projets de loi visant à structurer les marchés cryptos et à réguler les stablecoins.
Deux projets de loi, FIT21 pour l’encadrement des cryptos et une loi pour réguler les stablecoins , ont d’ailleurs déjà gagné du terrain à la Chambre des représentants. En cas de majorité républicaine au Sénat, ces initiatives pourraient être reprises et poussées à l’échelle fédérale, explique dans The Block Alison Mangiero, directrice du think tank Proof of Stake Alliance.
Pour les partisans des cryptos, cette élection pourrait donc être un tournant. Donald Trump, avec des propositions concrètes et une posture résolument pro-crypto, se positionne comme le champion de l’adoption des actifs numériques. Kamala Harris, quant à elle, semble s’orienter vers une position plus conciliante, bien que ses intentions restent floues.
Les résultats de cette élection détermineront si l’industrie crypto pourra bénéficier d’un cadre réglementaire plus flexible, et peut-être même incitatif, favorisant l’adoption des cryptomonnaies aux États-Unis.
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