*Ce texte est issu de notre interview publiée sur YouTube
The Big Whale : Vous avez annoncé le 3 décembre le lancement de Safenet , un réseau décentralisé que vous présentez comme une alternative décentralisée aux acteurs traditionnels. Quel est l’objectif ? Remplacer Visa ?
Je ne dirais pas “remplacer” Visa. Il s'agit plutôt de construire une infrastructure décentralisée et ouverte à tous que des géants comme Visa pourraient également utiliser.
Depuis que je suis dans l'industrie crypto, je ne suis pas intéressé par les memecoins ou par l’idée de “farmer” des airdrops. Ce qui m'intéresse vraiment c'est la vision d'Ethereum et d'autres blockchains ambitionnant de devenir des couches technologiques de règlement neutre où le monde entier pourrait se coordonner et effectuer des transactions en toute sécurité.
Bien que nous ayons fait beaucoup de progrès, je pense que nous nous soyons un peu éloignés de notre mission initial. Les applications que nous construisons aujourd'hui ne peuvent pas se connecter facilement au monde réel.
Nous avons besoin d'un cap clair, d’une North star metrics . Pour moi, cette North star metrics , c'est de déplacer l'économie mondiale on-chain , c’est-à-dire sur la blockchain.
Imaginez que l'économie mondiale entière fonctionne sur une infrastructure neutre. Cela créerait une couche ouverte pour que la société puisse se coordonner et effectuer des transactions de manière transparente. Oui, c'est ambitieux, et cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c'est un objectif vers lequel l’industrie doit tendre !
Il peut paraître un peu étonnant de vous entendre dire cela alors que l’industrie crypto a plus de 10 ans. N’est-ce pas un l’aveu d’un échec ?
Actuellement, Safe traite environ 10 % du volume des transferts sur Ethereum, soit environ 150 milliards de dollars par an. Pour mettre cela en perspective, l'économie mondiale — mesurée par le PIB annuel — représente environ 100 000 milliards de dollars. Le volume des transferts de Safe représente donc à peu près 0,15 % du PIB mondial.
Même si la comparaison a ses limites, cela montre que l’industrie a fait d’énormes progrès.Faut-il s’en contenter ? Non et notre mission collective est de basculer l’économie mondiale on-chain .
Visa est une infrastructure vraiment impressionnante. Ils ont construit un réseau évolutif et sécurisé qui permet des paiements mondiaux avec une vitesse de l'ordre de la seconde. Aujourd'hui, les transactions on-chain ne peuvent pas rivaliser avec ce niveau d'efficacité.
Avec Safenet, nous voulons créer un équivalent décentralisé de Visa. Mais, il ne s'agit pas de reproduire Visa, mais de repenser entièrement le fonctionnement des paiements.
Quand les gens pensent aux paiements, ils se concentrent souvent sur les cartes de crédit — le geste que l’on fait tous avec la carte. Mais les paiements font partie d'un système bien plus vaste. Avec Safenet, nous abordons les paiements dans leur globalité, en concevant une nouvelle infrastructure capable de soutenir l'économie mondiale on-chain.
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Pouvez-vous nous expliquer comment vous imaginez Safenet ?
Pour comprendre Safenet, il est utile de savoir d’abord comment fonctionne Visa, car l’architecture est étonnamment similaire. Il y a deux idées reçues sur Visa :
La première c’est que Visa émet des cartes parce qu’il y a son logo dessus. En réalité, ce n’est pas vrai. Visa n’émet pas de cartes, ni ne gère de terminaux de paiement.
Ce que Visa fait réellement, c’est créer un réseau virtuel qui connecte des entités financières. Par exemple, ils relient un réseau basé aux États-Unis, comme celui de JP Morgan Chase, à celui d’une autre banque en Thaïlande par exemple. Il y a plusieurs intermédiaires dans ce système, et le rôle de Visa est de connecter toutes les parties prenantes pour permettre des paiements fluides.
La deuxième idée reçue concerne le règlement des paiements. Quand vous voyagez en Thaïlande par exemple et que vous utilisez votre carte dans une boutique, l’argent n’est pas transféré instantanément. Le règlement a lieu deux ou trois jours plus tard.
Ce qui se passe sur le moment, c’est que Visa fournit une garantie d’exécution de paiement. Cela donne au commerçant l’assurance qu’il recevra l’argent dans quelques jours.
En comparaison, les transactions sur blockchain fonctionnent de manière fondamentalement différente. Dans la blockchain, l’exécution et le règlement de la transaction sont indissociables.
Lorsque vous effectuez une transaction blockchain, les fonds quittent votre compte, des calculs sont effectués immédiatement, des contrats intelligents sont exécutés et, s’il s’agit d’une transaction cross-chain, l’argent est transféré à sa destination — tout cela dans un seul flux. L’exécution et le règlement ne peuvent pas être séparés.
Avec Safenet, nous voulons reproduire la “magie” de “Visanet”, le réseau derrière Visa, mais en l’intégrant on-chain . Cela signifie séparer l’exécution et le règlement des transactions, comme le fait Visa.
Pour clarifier les choses, votre objectif est-il d’améliorer Visa ou de le remplacer ? Quel avenir pour Visa dans un univers on-chain ?
Je pense que Visa finira par effectuer certains règlements on-chain , mais cela prendra du temps. Le problème central avec Visa, c’est qu’il fait partie d’un duopole avec Mastercard. Ces réseaux agissent comme des gardiens, contrôlant à peu près tout dans leur système.
Safenet, en revanche, est une solution décentralisée et trustless. Elle est conçue pour permettre à des géants comme Visa ou Mastercard de participer au réseau, mais sans le même contrôle exclusif. D’autres acteurs, qui n’auraient traditionnellement pas accès à ces systèmes, pourraient également être intégrés à Safenet.
Pour les utilisateurs, ce qui compte, c’est simplement d’obtenir le résultat de leur transaction. Qu’ils achètent un NFT sur une chaîne spécifique ou qu’ils effectuent un achat en magasin, ils se préoccupent uniquement du résultat, pas du processus de paiement. C’est pareil dans le monde traditionnel : lorsque vous faites vos achats avec Visa, vous ne pensez pas au processus de règlement de deux ou trois jours. Pour vous, cela semble instantané.
Safenet fonctionne en quelque sorte de la même manière en séparant l’exécution et le règlement. L’exécution a lieu en premier — Safenet s’assure que la transaction est effectuée exactement comme l’utilisateur l’a souhaité.
Le règlement, où les fonds quittent le compte de l’utilisateur, n’intervient qu’après vérification de l’exécution. Cela peut prendre des minutes, voire des jours. Le timing importe peu pour l’utilisateur, tant que le processus paraît fluide — exactement comme avec Visa.
Pouvez-vous nous donner un exemple simple du fonctionnement de Safenet ? Par exemple, serait-il uniquement possible d’envoyer de l’argent d’un wallet Safe à un autre wallet Safe, ou à n’importe quelle adresse ?
Supposons que vous voulez acheter un NFT (token non fongible, ndlr.). Ce NFT pourrait se trouver sur une blockchain sur laquelle l’utilisateur ne possède aucun fonds.
Traditionnellement, l’utilisateur doit envoyer des fonds à un pont (bridge ), attendre — parfois quelques minutes s’il a de la chance, ou plusieurs jours s’il n’en a pas — que les fonds apparaissent de l’autre côté. Ensuite, il utiliserait ces fonds pour acheter l’article sur le marché des NFT.
Avec Safenet, l’utilisateur pourrait simplement transférer des fonds sur une blockchain A vers une blockchain B. Il va alors initier une intention de transaction pour acheter le NFT avec ses fonds. Safenet exécutera alors la transaction pour lui. Cela inclurait l’achat du NFT et le prélèvement des fonds nécessaires sur le compte de l’utilisateur.
Maintenant, une question se pose : comment empêcher que l’utilisateur, après avoir obtenu le NFT, ne retire les fonds avant que Safenet ne puisse récupérer l’actif requis ? Cela fonctionne exactement comme Visa, qui réserve les fonds nécessaires sur le compte de l’utilisateur jusqu’à ce que le règlement ait lieu.
Avec Safenet, lors de l’intention de transaction, un “verrouillage de ressources” est appliqué. C’est un terme technique pour dire que les actifs requis sont gelés pendant une période donnée, permettant à Safenet d’acheter le NFT et de régler ensuite sur le compte.
Il est également crucial que le règlement ne repose pas uniquement sur la confiance envers Safenet. Ce règlement exige que Safenet fournisse une preuve de validité cryptographique, garantissant que la transaction de l’utilisateur a été exécutée comme il l’a souhaité.
Vous avez mentionné qu’il s’agira d’un réseau décentralisé. Quel rôle jouera le token SAFE que vous avez lancé fin septembre?
D’abord, je tiens à préciser que ce réseau n’est absolument pas un layer 1 ou une solution de seconde couche. C’est un concept nouveau, et nous devons trouver le meilleur nom pour le décrire, car cela n’existe pas encore.
Mais on peut l’imaginer comme un réseau virtuel qui s’étend sur d’autres réseaux, un peu comme une solution d’interopérabilité. Ces réseaux peuvent être des couches 1, 2, 3, ou même des réseaux off-chain .
L’idée est que ce réseau puisse également établir des ponts entre le monde on-chain et des entités comme Visa, Mastercard, les plateformes d’échanges, les comptes bancaires, et d’autres réseaux financiers off-chain à l’avenir. Ce n’est donc pas limité aux seules couches de règlement on-chain ; il construit une structure reliant ces différents réseaux.
Pour la validation, l’un des aspects clés est qu’une exécution de transaction a lieu, suivie d’un règlement sur le compte de l’utilisateur. Ce règlement doit être trustless . Cela signifie que les fonds ne doivent quitter le compte de l’utilisateur que si la transaction a été exécutée exactement comme prévu.
Pour ce règlement, il faut un processus de validation pour vérifier l’exécution des transactions. Un système doit s’assurer que Safenet ne retire pas de fonds de manière malveillante du compte de l’utilisateur. Cela nécessite des validateurs pour vérifier ces preuves de validité et garantir que le règlement ne se produit que dans les cas appropriés.
Pour cela, une mise en jeu (stake ) est nécessaire, afin de prévenir les attaques DDoS (attaque par déni de service Ndlr.), d’aligner les incitations et de garantir que tous les acteurs du réseau se comportent de manière appropriée. C’est ici que le token SAFE intervient.
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Y’a-t-il une barrière à l’entrée pour devenir validateur ?
C’est l’objectif. Pour construire Safenet, une coordination entre de nombreux acteurs de l’écosystème est nécessaire, car il s’agit d’un réseau qui s’étend sur d’autres réseaux.
Les layer 1, les layer 2 ou encore les bridges joueront un rôle clé, car Safenet doit s’appuyer sur ces infrastructures existantes pour déplacer les actifs en “arrière-plan” lors des règlements.
Il existe aussi des projets spécialisés qui fournissent de la liquidité, par exemple en tant que marchés de prêts ou en tant que sorte de chambre de compensation, comme un système de type Everclear.
Nous sommes encore au début du projet. Nous n’avons pas identifié avec précision tous les partenaires pour chaque aspect, mais il s’agit d’un effort collectif au sein de l’écosystème.
Quel est le calendrier de déploiement ?
Nous avons officiellement annoncé Safenet le 3 décembre. Ensuite, au premier trimestre 2025, l’idée est de lancer un MVP (produit minimum viable) initial que les utilisateurs pourront tester.
Ce MVP sera limité à certains cas d’usage, comme les paiements de salaires (payroll ), où il sera possible de payer instantanément, à moindre coût, et de manière sécurisée sur n’importe quelle chaîne, sans gérer la complexité des actifs sur différentes blockchains.
Avec le temps, les cas d’usage s’élargiront. Il y aura plus de volumes de transactions, nous allons intégrer Safenet dans des portefeuilles existants, et également accélérer en finance décentralisée (DeFi).
Ensuite, le réseau de validateurs sera introduit au cours du deuxième trimestre, dans le cadre d’une version bêta, ce qui renforcera la sécurité de Safenet, permettant des cas d’usage trustless ainsi qu’un meilleur passage à l’échelle.
L’objectif final est une abstraction complète des chaînes (chain abstraction ). Par exemple, si je veux envoyer un token sur n’importe quelle blockchain, cela deviendra possible.
Les utilisateurs ne se préoccupent pas des infrastructures sous-jacentes ; ils veulent simplement interagir avec leurs applications et obtenir des résultats. Par exemple, ils veulent déposer de l’USDC dans une pool de prêts ou générer un rendement dessus, sans se soucier des risques liés à l’infrastructure.
Cependant, dans un premier temps, il sera important de comprendre sur quel réseau une application est construite, car les risques diffèrent selon les réseaux. Avec le temps, à mesure que la standardisation et la sécurité des réseaux s’unifient, nous pourrons réellement tout abstraire.
Après comme nous l’avons souligné lors de la conférence DevCon de Bangkok (ayant eu lieu en novembre, ndlr), il ne faut pas que l’abstraction des chaînes se transforme en abstraction des risques.
Si les utilisateurs ne voient pas ce qui se cache sous le capot, ils ne perçoivent pas non plus les risques sous-jacents. C’est ici que Safenet intervient : s’assurer que ces risques ne reposent pas sur l’utilisateur, mais plutôt sur les parties prenantes du réseau. Ce sera un processus à développer progressivement.
C'est peut-être un peu tôt pour en parler, mais quel est votre plan concernant la valorisation et le prix du token SAFE ? Est-ce une métrique clé pour vous ?
Étant donné que le rôle du token SAFE est, d’une certaine manière, de rendre Safenet trustless (sans confiance), il est essentiel que la mise en jeu (stake ) fournie par les parties prenantes du réseau soit proportionnelle aux risques encourus s'ils agissent de manière malveillante.
Dans ce contexte, je m’intéresse moins au prix qu’à la manière de garantir que les participants disposent d’un système qui dissuade d’agir de manière malveillante. Et si c’était le cas, ils seraient sanctionnés, de la même manière que les validateurs d’Ethereum peuvent être pénalisés.
L’objectif est que la punition soit suffisamment dissuasive pour empêcher tout comportement malveillant.
Êtes-vous en discussion avec Visa ou Mastercard, par exemple, pour qu’ils rejoignent le réseau SafeNet ? Où en sont vos échanges avec ce type d’acteurs ?
Oui. En fait, un élément clé de Safenet que je n’ai pas encore mentionné est le rôle des processeurs. On peut considérer Visa comme un “processeur” de paiements, mais dans Safenet, il s’agit d’un réseau de processeurs conçu pour gérer des transactions pour les utilisateurs, puis effectuer les règlements avec eux.
Ces processeurs peuvent, par exemple, gérer des interactions cross-chain ou établir des ponts entre Solana et Ethereum pour traiter les transactions. Ils peuvent également créer des liens entre les actifs on-chain et les systèmes off-chain .
Un cas d’usage intéressant pourrait être un processeur géré par une plateforme d’échange centralisée permettant de trader sur la plateforme sans avoir à déplacer les actifs sur la plateforme.
Les actifs resteraient totalement en auto-conservation (self-custody ) sur la blockchain, tout en garantissant à l’échange centralisé qu’il peut effectuer un règlement en cas de liquidation ou d’exécution de transaction.
Un autre exemple est un processeur qui relie vos actifs on-chain à un réseau Visa. À ce titre, il existe déjà un projet, Gnosis Pay , qui fait exactement cela depuis un an. Gnosis Pay ne fait pas encore partie de Safenet, mais c’est prévu qu’ils nous rejoignent.
Gnosis Pay fournit déjà une carte de paiement. La transaction ne se déclenche que lorsque l’argent est nécessaire, reliant ainsi les portefeuilles on-chain à Visa.
Actuellement, il fait une carte de paiement pour accéder aux terminaux des commerçants. C’est pourquoi il y a tant de cartes comme celles de Gnosis Pay. Mais à long terme, votre réseau pourrait permettre, par exemple, d’utiliser un QR code directement avec un portefeuille Safe, sans carte. Pensez-vous que cette vision est correcte ?
Vous pouvez déjà payer avec la technologie NFC (Near Field Communication), donc une carte physique n’est pas nécessaire.
Mais l’idée est que, même s’il existe des connexions avec des infrastructures comme le réseau Visa dans Safenet, avec le temps, cela pourrait progressivement disparaître. On pourrait imaginer à termes des paiements en crypto directement sur le portefeuille du commerçant, réduisant ainsi la dépendance à Visa et Mastercard.
C’est un peu comme ce qu’a fait Skype à l’époque. Lorsque la voix sur IP (Voice over IP ) a émergé, personne n’appelait encore via Internet. Skype a créé un pont vers les lignes fixes traditionnelles, permettant d’appeler un numéro fixe à partir de son compte Skype.
Progressivement, les utilisateurs ont commencé à utiliser Skype directement entre eux, sans passer par l’infrastructure traditionnelle. Safenet vise un objectif similaire : d’abord intégrer les réseaux de paiement traditionnels comme Visa et Mastercard pour faciliter l’utilisation des actifs on-chain , puis, avec le temps, s’en libérer.
Et quel est votre plan pour attirer les commerçants sur Safenet ?
Safenet doit permettre des transactions exécutées en moins d’une seconde, qu’elles soient inter-chaînes ou non, afin d’offrir une expérience fluide pour les transactions on-chain .
Ensuite, il s’agira de collaborer avec différentes parties pour établir des ponts vers des systèmes off-chain , comme les plateformes d’échange. Ces dernières pourraient être très intéressées par une connexion avec Safenet, car elles auraient accès à des utilisateurs qui ne souhaitent pas transférer leurs actifs sur leur bilan, tout en voulant profiter des fonctionnalités offertes par ces plateformes.
Étant donné vos développements actuels avec Safenet, peut-on encore vous considérer comme une simple solution de portefeuille ? Vous semblez proposer une infrastructure plus large, comme vous l’avez mentionné au cours de cette interview.
Jusqu’à présent, avant Safenet, Safe était principalement une infrastructure de portefeuille. Vous pouvez également le voir comme un système bancaire central, mais on-chain .
L’objectif était principalement de gérer les actifs via des smart accounts. Il s’agissait d’améliorer l’expérience utilisateur (UX) et la sécurité des portefeuilles et des solutions de gestion des actifs.
Ce que beaucoup ignorent, c’est que des applications comme World App (le portefeuille de WorldCoin) et PolyMarket (une plateforme de marchés prédictifs) utilisent Safe.
Ces applications, qui ont touché des millions d’utilisateurs et sont sorties du cadre strict de la crypto cette année, utilisent Safe pour la gestion des actifs et la conservation autonome (self-custody ).
Avec Safenet, Safe évolue pour ajouter de la valeur au cycle de vie des transactions, en rendant leur exécution plus fluide, plus rapide et plus sûre, qu’elles soient on-chain ou off-chain . Safe est donc bien plus qu’une infrastructure de portefeuille ; c’est également un processeur de transactions.
Ne pensez-vous pas que le lancement de Safenet reflète un échec collectif à améliorer le système de paiement actuel ? Il y a déjà tant de solutions, notamment de layers 2, qui pourraient faire ce travail. Pourquoi choisir de lancer Safenet finalement ?
Je dirais que l'accent n’a pas forcément été mis sur les bonnes priorités depuis quelques années. L'objectif principal était de rendre les blockchains plus évolutives, en particulier via des solutions de layer 2 sur Ethereum, et nous avons atteint cet objectif. Il est maintenant possible d'effectuer des transactions pour quelques centimes, même en déplaçant des millions de dollars sur un layer 2 comme Optimism. Mais cela a créé de nouveaux problèmes : la fragmentation.
Nous avons des centaines de layers 2, avec de nouveaux layers 2 qui émergent chaque semaine. Cela complique l'expérience utilisateur et ralentit les interactions, notamment lors des transactions entre différents layers ou blockchains.
C’est ici qu’entre en scène Safenet : il est temps de construire un système de paiement décentralisé.
Cela concerne beaucoup de choses : l'expérience utilisateur, la vitesse et la sécurité, ainsi que la confiance dans les transactions on-chain . L'objectif est d'éliminer l’opacité, où l'on envoie des fonds à un smart contract en espérant qu'ils apparaissent de l'autre côté.
Sur un autre sujet, Trump a été élu il y a un mois, ce qui a provoqué des changements rapides aux États-Unis. Safe étant l'une des plus grandes startups crypto européennes, pensez-vous que l'Europe est toujours en concurrence avec les États-Unis, en particulier avec ce nouveau contexte politique ?
Nous ne visons pas de marché spécifique. Notre projet est global. Même si de nombreux contributeurs sont basés en Europe, nous ne créons pas un produit uniquement pour le marché européen.
Ce qui est intéressant en Europe, c'est que la structure de l'Union européenne reflète certaines valeurs de l'écosystème blockchain, comme la décentralisation et la démocratie. La Suisse est un bon exemple, avec sa neutralité et sa résilience, qui incarnent bien les valeurs fondamentales de la blockchain.
Si les États-Unis semblent adopter une position plus favorable à l'industrie blockchain, c'est une bonne chose. Cela apporte plus de clarté réglementaire, ce qui est bénéfique pour tous. Cependant, cela ne devrait pas impacter significativement notre projet, qui reste global.
Mais ne craignez-vous pas que l'Europe, avec des régulations comme MiCA, freine l'innovation, en particulier pour la DeFi ?
L'Europe est consciente de ses limites comme l'accès limité au capital pour les startups et des réglementations parfois trop contraignantes. Cependant, il y a aussi de très bonnes initiatives comme les bacs à sable réglementaires qui permettent de tester des choses et d’avancer au bon rythme.
Dans la Tech, les États-Unis ont souvent été plus rapides grâce à leur ouverture. En crypto, cela a toujours été l'inverse, même si comme on vient de le voir avec Trump, cela pourrait changer rapidement.
Pour moi, la réglementation est bénéfique si elle apporte de la clarté. L'absence de règles claires force les startups à prendre des risques, ce qui peut mener à des sanctions a posteriori. La réglementation, lorsqu'elle est bien pensée, permet à l'industrie de savoir ce qui est possible ou non, créant ainsi un environnement propice à l'innovation.