The Big Whale : Vous êtes actuellement trader chez Bybit. Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir cette plateforme en particulier, et quels avantages y trouvez-vous par rapport aux autres plateformes ?
Karl Chappe-Gatien : Après la fermeture de FTX , j'ai dû trouver une nouvelle « maison ». J'ai d'abord discuté avec Binance , mais ils n'acceptent plus les Français pour le trading de dérivés. Je me suis donc tourné vers Bybit, qui convenait à l'époque. L'interface utilisateur est plutôt bonne et le volume de transactions est satisfaisant.
Cependant, Bybit a récemment interdit l'accès à tous les Français. Aujourd'hui, si vous êtes Français, même en vivant à l'étranger, vous ne pouvez plus trader sur Bybit (cette disposition est théorique car ce n’est pas son cas, ndlr). La situation devient de plus en plus compliquée pour les Français. C'est pourquoi je pense que les plateformes d'échange décentralisées (DEX) vont gagner en popularité.
Comme vous l'avez déjà mentionné, vous êtes basé à Dubaï, où la réglementation est moins stricte pour les plateformes, notamment vis-à-vis du trading sur dérivés crypto et de manière générale. Que recommanderiez-vous à un utilisateur européen en tenant compte des contraintes réglementaires ?
Cela dépend de vos objectifs. Pour le trading au comptant ou simplement pour acheter et détenir des cryptos, Binance reste la meilleure option. Elle propose un large éventail de cryptomonnaies et offre probablement la meilleure liquidité du marché à ce jour.
En revanche, pour le trading à effet de levier, c'est plus complexe car Binance et Bybit n'acceptent plus les utilisateurs français. Il existe des alternatives comme Bitget (qui n'est pas enregistré comme PSAN en France, ndlr).
Vous êtes l'un des meilleurs traders indépendants au monde. Comment Bybit parvient-il à vous retenir ? Y a-t-il des programmes spéciaux ou un contrat exclusif ?
Pas du tout. J'ai choisi Bybit simplement parce que j'avais besoin d'une plateforme gérant des volumes importants. Il existe beaucoup d'idées reçues sur les relations entre traders et plateformes, mais dans mon cas, je n'ai aucun avantage particulier. En tant que membre "VIP" du plus haut niveau, je bénéficie d'un remboursement partiel des frais de trading et d'un traitement prioritaire en cas de problème spécifique. J'aurais pu faire de la publicité pour eux, mais ça ne m'intéresse pas vraiment.
Vous avez subi de plein fouet la faillite de FTX. Gardez-vous vos actifs sur les plateformes ?
Effectivement, je garde une grande partie de mes actifs sur les plateformes, car je prends souvent des positions longues. Cependant, je répartis mes avoirs entre plusieurs plateformes. Lors de la fermeture de FTX, seulement 35 % de mon portefeuille total y était exposé.
Actuellement, j'utilise principalement deux plateformes : Binance pour le trading au comptant sur les altcoins, et Bybit pour le trading à effet de levier, essentiellement sur Bitcoin et Ethereum.
Aujourd'hui, de nombreux acteurs traditionnels se positionnent sur la crypto. Nous avons Revolut en Europe, Robinhood aux États-Unis, et diverses banques qui s'impliquent. Que pensez-vous de cette tendance ?
Les acteurs comme Revolut ou Robinhood se positionnent sur la crypto, mais ils ne sont pas conçus pour les utilisateurs crypto avertis. C'est positif qu'ils offrent ce service en complément. Personnellement, j'en ai discuté avec ma banque, et je pense qu'à l'avenir, je pourrais trader via ma banque si elle proposait ce type de service.
Après la faillite de FTX, la confiance envers les plateformes est devenue un enjeu majeur. Même si des plateformes comme Binance publient leurs réserves de manière transparente, on ne peut jamais être sûr à 100 %. Une banque suisse réputée peut offrir des garanties que les exchanges crypto ne peuvent tout simplement pas égaler.
Utilisez-vous les plateformes décentralisées, notamment pour les dérivés ?
Actuellement, non, car les volumes ne sont pas suffisants. Je les utilise principalement pour acheter des memecoins ou des cryptomonnaies qui ne sont pas listées sur les plateformes d'échanges centralisées. Cependant, je pense qu'à l'avenir, les DEX comme Hyperliquid gagneront en popularité.
Pour l'instant, l'avenir réglementaire reste incertain. Prenez Uniswap, par exemple, qui fait face à des défis importants avec la SEC (Securities and Exchange Commission). Personnellement, j'aimerais utiliser davantage les DEX. C'est plus fidèle à l'esprit de la crypto que de trader avec ma banque. Si une solution offrant un volume suffisant émerge, je l'adopterais volontiers.