EXCLUSIF. Tokenisation : CACEIS (Crédit Agricole) entre au capital de Kriptown

La filiale de Crédit Agricole, qui a obtenu en juin son agrément MiCA, rejoint BNP Paribas au capital de la start-up française spécialisée dans la tokenisation d'actions. L'objectif est d'accélérer sur un segment qui pourrait connaître un essor significatif dans les années à venir.
Lentement, mais sûrement. Plutôt discrète sur les sujets liés aux actifs numériques, CACEIS poursuit sa stratégie. Quelques semaines après avoir obtenu sa licence MiCA, la filiale du groupe Crédit Agricole spécialisée dans la conservation de titres vient d'investir dans la start-up française Kriptown.
Il s'agit d'un investissement minoritaire dans le cadre d'une extension de la série A de Kriptown bouclée fin 2024 (4,2 millions d'euros). À l'époque, BNP Paribas et Bpifrance avaient notamment investi dans la société dirigée par Mark Kepeneghian.
Le montant de l'investissement n'est pas divulgué, mais selon nos informations, il est comparable à celui réalisé par BNP Paribas. "Nous sommes une infrastructure de marché, donc ça a du sens d'être les plus neutres possibles et d'avoir le plus de partenaires bancaires possibles", explique Mark Kepeneghian.
Cette opération intervient alors que Lise, la filiale de Kriptown, est dans la dernière ligne droite pour le lancement de sa plateforme européenne dédiée à la négociation d'actions tokenisées, destinée aux PME et ETI.
Lise a déposé une demande d'agrément en tant que système de négociation et de règlement DLT, dans le cadre du régime pilote européen (SNR DLT). « Nous devrions avoir l'agrément d'ici quelques semaines », explique Mark Kepeneghian. La première introduction en Bourse sur la blockchain pourrait intervenir d'ici fin 2025, début 2026.
Créée en 2018, Kriptown a développé une infrastructure visant à permettre aux PME et ETI européennes de lever des fonds en actions et d'accéder à un marché secondaire fonctionnant en continu, dans un cadre réglementaire adapté à la blockchain.
Rôle de CACEIS
En rejoignant le capital de Kriptown, CACEIS devient un partenaire opérationnel de Lise, notamment grâce à son statut de teneur de comptes conservateurs, ce qui est essentiel pour rendre les instruments financiers tokenisés accessibles via PEA ou comptes-titres.
"Quand vous êtes une Bourse, pour que les produits soient disponibles dans les PEA et comptes titres, il faut être connecté au teneur de titres conservateurs. CACEIS est un teneur de comptes conservateurs", explique Mark Kepeneghian.
Cette opération s'inscrit dans un contexte où de nombreuses institutions financières s'intéressent à la tokenisation, dans un environnement européen en évolution. D'autres banques, Société Générale Forge ou Santander, ont également engagé des initiatives sur ce sujet.
Un virage américain qui change la donne
L'annonce de CACEIS intervient alors que les États-Unis amorcent un tournant stratégique majeur. Dans un discours très attendu, Paul Atkins, le nouveau président de la SEC, a dévoilé fin juillet son "Project Crypto", avec un objectif ambitieux : tokeniser Wall Street.
La majorité des tokens ne seraient plus considérés comme des valeurs mobilières, les démarches d'enregistrement seraient simplifiées, et les plateformes crypto pourraient accueillir des actifs traditionnels. Cette évolution, soutenue par la Maison Blanche et encadrée par une Crypto Task Force dirigée par Hester Peirce, vise à faire des États-Unis le leader mondial de la finance numérique sur blockchain.
Ce repositionnement américain intensifie la concurrence internationale. En Europe, certains s'inquiètent d'un possible retard réglementaire, alors que le secteur attend toujours un cadre clair pour la finance décentralisée, au-delà du règlement MiCA.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.


