Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que les choses bougent sur la tokenisation. C’est aussi le cas en Europe.

La start-up crypto-française Kriptown vient de boucler une série A de 4,2 millions d’euros et l’un des principaux investisseurs n’est autre que la banque française BNP Paribas ! Pour rappel, BNP Paribas est la première banque de la zone euro.

Selon nos informations, les négociations ont duré 18 mois. Les deux autres investisseurs sont Bpifrance et Centilux Family Office. Point qui a son importance, BNP Paribas et Bpifrance ont investi en direct - et pas via leurs fonds - dans la start-up. "C'est le signe que c'est un investissement stratégique", explique Mark Kepeneghian, fondateur et président de Kriptown (retrouvez son interview intégrale).

Créée en 2018, Kriptown, qui est basé à Paris et a déjà levé 1,35 million d'euros en 2022, s’est imposé comme un acteur de référence dans le marché naissant de la tokenisation des actifs financiers en France et en Europe.

NOTRE RAPPORT : La tokenisation est-elle l'avenir de la finance ?

"Cela a pris beaucoup de temps, mais nous avons désormais un cadre juridique avec le régime pilote qui permet d’utiliser la blockchain pour le financement des entreprises. Les PME pourront réaliser de véritables IPO — introductions en bourse — sur notre plateforme. Elles seront considérées comme cotées, et les investisseurs bénéficieront d'un marché secondaire 24h/24 et 7j/7 unique pour cette classe d'actifs. Elles seront éligibles au PEA-PME, offrant un second souffle bienvenu à cette enveloppe", précise Mark Kepeneghian.

"Des économies potentielles énormes"

Grâce à cette levée de fonds, la start-up de 14 salariés va pouvoir faire deux choses : investir dans une nouvelle plateforme de tokenisation - développée avec Hyperledger Besu qui est une blockchain privée - et financer l’obtention de son agrément européen SNR DLT, qui est le nouveau régime (régime pilote, ndlr) spécifique aux acteurs utilisant la blockchain. Seuls quelques acteurs ont déposé un dossier.

“Cet agrément permet de gérer à la fois le carnet d’ordres et le règlement livraison des titres financiers, c’est-à-dire d’être à la fois Euronext et Euroclear, c’est quelque chose de révolutionnaire à l’échelle des marchés”, explique un banquier. "Il y a des économies potentielles énormes", ajoute-t-il. C’est cette opportunité qui a évidemment séduit BNP Paribas et Bpifrance.

Cette opération intervient alors que les acteurs financiers s'intéressent de plus en plus au sujet de la tokenisation. C'est le cas aux Etats-Unis avec des géants comme BlackRock qui a lancé son fonds tokenisé, et aussi en Europe avec d'autres banques comme Société Générale Forge, Crédit Agricole, Santander ou BBVA.