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États-Unis: Les coulisses politiques d’un revirement historique

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États-Unis: Les coulisses politiques d’un revirement historique

États-Unis:  Les coulisses politiques  d’un revirement historiqueÉtats-Unis:  Les coulisses politiques  d’un revirement historique

Probablement bientôt autorisés à la surprise générale, les ETF Ethereum profitent d'un climat électoral favorable au secteur. Avec l'espoir qu'un nouveau cadre réglementaire soit voté prochainement.

Un véritable coup de tonnerre. Alors que l'horizon ne cessait de s'assombrir pour l'écosystème crypto américain depuis plusieurs mois, la Securities and Exchange Commission (SEC) devrait finalement approuver, contre toute attente, les premiers ETF Ethereum Spot.

D'ici peu, il sera possible pour tous les investisseurs américains d'investir dans l'ether (ETH) via leur compte-titres auprès de leur courtier habituel sans avoir à se préoccuper de la solvabilité de la plateforme sur laquelle ils achètent les cryptos ou de la manière dont ils sont sécurisés.

Pour l'ether, c'est un énorme coup d'accélérateur pour son institutionnalisation, quatre mois après l'arrivée des premiers ETF Bitcoin aux États-Unis.

"Avant lundi soir, la SEC n'avait montré aucun signe d'avancement ou de coopération sur les dossiers d'ETF Ethereum. La rapidité du processus a pris tout le monde de court", s'étonne Townsend Lansing, une voix très écoutée dans l'industrie des ETF et Head of Product de CoinShares, un gestionnaire d'actifs européen qui dispose d'un ETF Bitcoin à Wall Street.

En effet, les pronostics étaient très défavorables ces dernières semaines et la quasi-totalité du secteur s'attendait à ce que la SEC refuse le dossier VanEck, dont la date limite d'examen était fixée au 23 mai.

Alors comment expliquer un tel retournement de situation ?

La SEC n'avait pas forcément l’obligation d'accepter

"Un refus de la SEC dans le dossier VanEck aurait contraint le régulateur à justifier sa décision et il aurait pu se retrouver face à une multiplication de procès avec une issue plus qu'incertaine", explique à The Big Whale un juriste américain passé par la SEC.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que la SEC a probablement pris les devants mais qu'elle n'était pas légalement contrainte de le faire dès cette semaine.

"Théoriquement, elle avait encore la possibilité d'attendre puisqu'il n'y avait pas eu de décision de justice lui forçant la main comme cela s'est produit avec Bitcoin dans l'affaire l'opposant à Grayscale", précise Townsend Lansing.

En août 2023, la justice américaine avait donné raison au gestionnaire d'actifs Grayscale vis-à-vis du régulateur qui refusait d'autoriser son ETF Bitcoin en s'appuyant sur des arguments jugés irrecevables.

Néanmoins, la raison pour laquelle les ETF Ethereum ont finalement été acceptés semble davantage politique.

Plus de 20% d'électeurs pro-crypto dans les "swing states"

Selon plusieurs sources américaines interrogées par The Big Whale, les deux grands partis américains auraient identifié les utilisateurs de cryptos comme des électeurs potentiels en vue de l'élection présidentielle de novembre.

Il faut dire qu'ils pèsent de plus en plus lourd : selon un sondage commandé par Coinbase et publié en février 2023, près de 20% des Américains auraient investi dans les cryptos.

En outre, une étude publiée le 7 mai (commandée par Digital Currency Group) avance même que plus de 20% des électeurs vivant dans certains "swing states" (des États indécis politiquement qui font pencher la balance lors du scrutin) verraient la crypto comme un sujet important. Aussi, 55% s'inquiéteraient que les décideurs politiques étouffent l'innovation par une réglementation excessive.

"La seule explication raisonnable à ce revirement de la SEC, c'est que les études d'opinion sont si défavorables aux Démocrates qu'ils se rendent compte que presser le secteur pourrait entraîner des pertes dans les urnes en novembre", indique l'avocat Preston Byrne, Managing Partner chez Byrne & Storm. "Je pense que les partis ont identifié le sujet en interne", insiste cet expert historique du secteur.

Pour rappel, le président de la SEC Gary Gensler est réputé proche du Parti démocrate. Et à six mois de l'élection, un sondage publié le 13 mai dans le New York Times indique que Joe Biden (Démocrate) accuse un retard important sur Donald Trump (Républicain) dans cinq des six "swing states".

"En tendant la main à cet électorat indécis politiquement, Joe Biden espère ainsi grappiller des voix à son rival qui multiplie les déclarations pro-crypto ces derniers temps", souffle un autre avocat américain spécialisé.

Il faut dire que Donald Trump ne se cache plus pour "draguer" cette communauté. Le 8 mai, il a déclaré lors d'un gala organisé pour les détenteurs de sa collection de NFT qu'il regrettait que le secteur "quitte les États-Unis en raison de l'hostilité à son égard" et a promis "d'arrêter cela". Mardi, il en a profité pour annoncer qu'il acceptait des dons en cryptos pour financer sa campagne.

La SEC bientôt incompétente pour superviser les projets décentralisés ?

Cette pression politique visant à desserrer l'étreinte du régulateur s'est également illustrée le 16 mai lorsqu'un accord bipartisan a été arraché par surprise au Sénat. Celui-ci a permis d’annuler à une large majorité un "Staff Accounting Bulletin" (SAB 121), pourtant soutenu par la SEC, qui prévoyait d'ajouter énormément de lourdeurs aux dépositaires de cryptos professionnels.

Ce vote a réuni les acteurs bancaires traditionnels car "ces derniers voient de plus en plus les cryptos comme une partie de l'avenir et donc un business très lucratif", commente sous couvert d'anonymat un ancien juriste de la SEC.

Preuve que le sujet est bouillonnant aux États-Unis, un projet de loi sur "l'innovation financière et la technologie pour le XXIe siècle", connu sous le nom de FIT21, a été adopté hier par la Chambre des représentants. Il prévoit notamment que la SEC ne soit plus chargée de superviser les projets crypto lorsqu'ils sont suffisamment décentralisés (en premier lieu Bitcoin et possiblement Ethereum), au profit de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), qui s'occupe des matières premières (commodity).

Si le projet de loi va au bout, il mettrait fin à la guerre de chapelles entre les deux agences et donnerait au système judiciaire un cadre spécifique pour trancher pour la première fois les différends réglementaires dans la crypto.

Et surtout : il pourrait signifier le début de la fin d'une cabale anti-crypto particulièrement intense depuis la chute de FTX en novembre 2022 initiée par la SEC et son président Gary Gensler. "Tout indique que les anti-crypto commencent à vraiment perdre du terrain politiquement", conclut l’ancien juriste de la SEC.

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