Web3 : l'écosystème français face à ses défis

Dans une étude dévoilée ce mardi, Doors3, la banque Delubac et leurs partenaires dressent un état des lieux contrasté du Web3 français. Si le secteur poursuit sa croissance, il peine encore à s'intégrer pleinement dans l'économie traditionnelle. Plus préoccupant, un fossé se creuse entre les start-up en plein essor et celles en quête de leur modèle économique.
Quel est l'état du Web3 français ? C'est la question centrale qu'ont souhaité explorer Doors3, la Banque Delubac & Cie, Finance Innovation, Stack Talent et l'ADAN à travers une enquête approfondie menée auprès de 73 acteurs du secteur.
Cette étude, rendue publique ce mardi, offre une analyse exhaustive couvrant la santé financière des start-ups, leurs interactions avec l'économie traditionnelle et leurs enjeux en matière de recrutement.
"C'est une première édition, donc il y a évidemment des choses à améliorer, mais cela donne une bonne photographie du Web3 français", souligne Karen Jouve, CEO du cabinet de conseil Doors3.
Les enseignements clés du rapport :
Plusieurs constats viennent confirmer les tendances observées ces dernières années. La réglementation demeure un défi majeur. "Se mettre en conformité représente un coût important et ce n'est pas uniquement une question financière. Cela exige aussi des ressources, des compétences et une capacité à naviguer dans un cadre réglementaire qui évolue constamment", analyse Jennifer d'Hoir, directrice des Affaires publiques chez Sorare.
Le recrutement reste un enjeu crucial. "La pénurie de profils techniques s'explique par plusieurs facteurs comme la croissance rapide du secteur, la concurrence mondiale et les barrières à l'entrée avec des technologies comme Rust, Solidity, la cryptographie ou certains langages et frameworks blockchain qui sont encore peu enseignés", détaille le rapport.
Fait notable, 82% des entreprises prévoient des recrutements dans les 6 prochains mois, représentant 240 postes à pourvoir au sein des organisations sondées.
L'étude révèle également des résultats inattendus, notamment concernant la santé financière du secteur. Près de la moitié des start-up (49,3%) affirment être rentables, un chiffre surprenant après deux années difficiles. "Ce résultat peut effectivement interpeller", admet Karen Jouve, tout en précisant que l'échantillon n'est pas exhaustif.
Malgré sa croissance, le Web3 français peine encore à s'intégrer dans le tissu économique traditionnel. Si 75% des entreprises déclarent collaborer avec des acteurs traditionnels ou des institutions, ces partenariats restent souvent au stade expérimental ou peinent à s'inscrire dans la durée.
Cette difficulté d'intégration s'explique principalement par trois facteurs : des délais de mise en œuvre trop longs (62,5%), un manque d'intérêt pour le Web3 (58%) et une compréhension insuffisante des enjeux (56%).
Un constat s'impose : le secteur connaît une polarisation croissante entre les entreprises en pleine ascension et celles qui cherchent encore leur voie.
"C'est très bien d'avoir des locomotives, et la France, comme l'Europe, en a beaucoup à l'image de Morpho, Kiln ou Sorare, mais le problème c'est que le jour où ces entreprises s'autonomisent, et partent notamment à l'international, il peut y avoir une vraie cassure", analyse Karen Jouve.
Cette disparité se reflète dans les levées de fonds : plus de la moitié des entreprises (51,4%) ont levé moins de 100 000 euros, tandis qu'une minorité (11,8%) a réussi à lever plus de 10 millions d'euros, à l'image de Morpho, Kiln ou Zama.
Le même écart se manifeste dans les chiffres d'affaires : plus de 70% des entreprises génèrent moins d'un million d'euros (dont 33,8% moins de 100 000 euros annuels), alors qu'une élite de 15% dépasse les 5 millions d'euros.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.


