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TBW #41 : Le secret du Web3 ? L'innovation !

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TBW #41 : Le secret du Web3 ? L'innovation !

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Retrouvez toutes les informations de la 41ème newsletter Premium de The Big Whale.

THE BIG NEWS

NOS INFORMATIONS EXCLUSIVES 🔥

👉 CryptoSimple lève 1 million d’euros

Si le moral n’est pas au beau fixe sur les marchés, certaines entreprises comme CryptoSimple arrivent encore à convaincre les investisseurs 🤑. Selon nos informations, la start-up marseillaise a réalisé un premier tour de table - Seed - d’un million d’euros auprès de trois fonds d’investissements. L’un de ces fonds est l’américain SIG. Il n'y a aucun fonds européen dans l'opération.

CryptoSimple est une plateforme d’investissement dans les cryptos (avec de la gestion pilotée) lancée en 2022 avec deux types de produits. Le premier est destiné aux particuliers - la société revendique plus de 1000 clients - et l’autre aux professionnels, notamment les gestionnaires de patrimoine.

Avec cet apport d’argent frais, la société veut développer ses deux produits et également se positionner sur l’international. Selon nos informations, elle viserait le Royaume-Uni, où le gouvernement veut faire de Londres un crypto-hub, comme première destination !

THE BIG STORY

Enquête : les défis qui attendent les mineurs

Baisse des cours, hausse du coût de l’énergie, et maintenant surendettement… L’industrie du minage de bitcoin n’a sans doute jamais été autant sous pression.

Une véritable épidémie.

Depuis quelques mois, les mineurs de bitcoins connaissent tour à tour des difficultés. Fin décembre, c’est l’un des plus gros acteurs du secteur, l’américain Core Scientific, qui s’est placé sous le régime des faillites aux États-Unis avec le désormais fameux “chapitre 11” ⚖️

Petit rappel : les mineurs sont ceux qui sécurisent la blockchain d’une cryptomonnaie avec la puissance de calcul de leurs machines. Depuis le passage d’Ethereum à la preuve d’enjeu en 2022, Bitcoin est la seule “grosse” cryptomonnaie du marché à fonctionner avec de la preuve de travail et donc du minage.

Le “chapitre 11” ne signifie pas que Core Scientific, dont les machines représentent environ 5% du hashrate de Bitcoin (puissance de calcul nécessaire pour la sécurisation du protocole), va déposer le bilan, mais que la société va se restructurer pour retrouver des couleurs. Reste que les difficultés d’un des poids lourds du minage montrent à quel point l’industrie est sous pression. Au moins en partie.

Les raisons de ces difficultés sont connues : avec la baisse des cours et la hausse des prix de l’énergie, de nombreux acteurs tirent la langue. Surtout, et chose nouvelle, ils sont aussi pour certains confrontés à un… surendettement massif.

Dans le sillage de la hausse des cours de 2020 et appâtées par l’envolée des cours, de nombreuses entreprises se sont fortement endettées pour acheter des machines et donc des capacités de minage. Certaines ont emprunté à des taux pouvant atteindre 25% par an (car c’est une activité risquée). “Une pure folie”, souligne un banquier.

C’est aux États-Unis que le phénomène est le plus important, et de loin.

En Europe, il n’y a quasiment pas de mineurs à cause de la réglementation et de prix de l’électricité trop élevés, ce qui est un problème en termes de souveraineté pour notre écosystème.

Selon le cabinet spécialisé Hashrate Index, les mineurs américains sont endettés à hauteur de 4 milliards de dollars. À lui seul, Core Scientific représente plus de 25% de cette dette (1,3 milliard de dollars) 😬

“La nouvelle génération de mineurs américains a eu massivement recours au crédit alors que notre secteur n’y avait historiquement pas accès”, confirme Sébastien Gouspillou, fondateur de BigBlock Datacenter, un mineur français particulièrement présent en Afrique.

“Ceux qui en ont abusé se retrouvent aujourd’hui pris à revers par les marchés et doivent rendre des comptes à leurs créanciers”, poursuit-il, en précisant, assez critique: “Tous les mineurs savent très bien que les marchés ne font pas que monter, c’est cyclique, ils auraient dû anticiper.”

Les investisseurs ne s’y sont, en tout cas, pas trompés. En 2022, l’action de Core Scientific s’est effondrée de 98% avec une capitalisation qui est passée de presque 500 millions de dollars à… 30 millions de dollars 😳. Compliqué à gérer avec une dette de plus d’un milliard de dollars !

Marathon est lui aussi en grande difficulté, même si la société n’est pas “game over”. Alors que son action n’a cessé de chuter (-90% en 2022), le groupe a réussi à honorer ses créances en vendant massivement une partie de ses bitcoins. Pas sûr que cette stratégie marche encore en 2023 si la plus grosse des cryptomonnaies se maintient durablement sous les 20.000 dollars.

Tous les acteurs majeurs américains ne sont toutefois pas concernés. Riot Platforms n’a quasiment pas emprunté d'argent, résultat, elle surnage dans l'écosystème. “Riot n’a pas eu recours à la dette, ou alors simplement à la marge, c’est ce qui fait la différence aujourd’hui”, souligne Sébastien Gouspillou.

👉 La grande braderie des machines de minage

En attendant, le malheur des uns fait le bonheur des autres, et avec la déconfiture de certains mineurs, de nombreuses machines se retrouvent disponibles sur le marché. Certaines machines (que l’on connaît également sous le nom de “asics”) appartiennent à des groupes qui diminuent leur capacité et d’autres sont vendues par des sociétés qui disparaissent.

Mais tout le monde n’y trouve pas forcément son compte. “Le problème, c’est que lorsque les machines avaient une valeur faciale de 100 il y a encore quelques mois, elles en valent souvent beaucoup moins, jusqu’à 10 fois moins, à cause des conditions de marché”, explique Romain Nouzareth, fondateur de Sato, une société de minage basée au Québec.

👉 Les mineurs en bonne santé prêts à rafler la mise… avec Wall Street

Tout n'est pas non plus noir pour les mineurs. Si la situation est catastrophique pour certains, d'autres voient dans la période une vraie opportunité et de potentielles acquisitions “Pour nous, c’est très intéressant, on regarde tous les dossiers”, assure Romain Nouzareth. “Il y a énormément d’opportunités en ce moment, les machines sont très abordables et c’est parfait pour continuer de grandir”, explique-t-il.

Plusieurs “bonnes affaires” comme Celsius font saliver le secteur. La plateforme de prêts cryptos, qui s'est retrouvée prise dans l'effondrement de Terra-Luna au printemps 2022, va bientôt mettre en vente 32.000 mineurs à un prix bradé. Une opportunité qui n’intéresse d'ailleurs pas que les mineurs. Depuis quelques mois, on voit ainsi des sociétés d’investissement crypto proches de Wall Street regarder ces dossiers.

Galaxy Digital fait partie de ces acteurs. Le groupe américain a récemment racheté un site de minage texan de la société Argo Blockchain pour 65 millions de dollars.

Un autre américain, NYDIG, qui est l’un des plus gros investisseurs dans le bitcoin, est lui aussi en train de faire ses emplettes. Le groupe boucle en ce moment même le rachat des machines de Greenidge, un mineur nord-américain surendetté. Avec cette acquisition, NYDIG récupérerait ainsi environ 1% du hashrate de Bitcoin pour 74 millions de dollars.

Plus intéressant encore, le plus gros gestionnaire d’actifs de la planète, BlackRock, est lui aussi dans les starting-blocks. Le géant s’est positionné sur Core Scientific 😏.

Le groupe de Larry Fink, qui ne cache plus son intérêt pour les cryptos, vient de prêter 17 millions d’euros à la société sous le régime des faillites à côté d’autres investisseurs. Si Core Scientific ne s’en sort pas, BlackRock pourrait récupérer une partie des actifs de la société, et notamment des machines de minage…

“Pour les financiers, le secteur du minage représente une très belle opportunité”, explique Romain Nouzareth. “Comme c’est une activité très risquée, ils accordent des crédits à des taux très élevés et, en cas de défaut, ils peuvent récupérer à peu de frais du matériel qu’ils pourront revendre très cher lorsque les prix seront remontés”, explique-t-il.

Ce qu’il faut toutefois comprendre, c’est que le minage ne va pas s’arrêter malgré les faillites de nombreuses sociétés. Les actifs ont juste changé de mains. La situation est d’ailleurs visible au niveau du hashrate : il culmine à des niveaux historiques en dépit de la chute des cours.

“Le vrai risque, souffle Sébastien Gouspillou, c’est qu’on assiste à une concentration du secteur entre les mains d’un petit nombre d’acteurs à dominance financière”.

👉 Quel avenir à long terme pour les mineurs ?

Jusqu’à présent, la stratégie qui s’est avérée payante est celle des sociétés qui ont fait deux choses :

  • Limiter leur taux d’endettement (quelle surprise !), même si la dette peut aussi permettre d’investir et de se développer.
  • Mettre la priorité sur l’accès à une électricité bon marché, sur une longue durée.

“Nous sommes très bien placés pour la suite”, explique Romain Nouzareth. “Nous sommes connectés sans intermédiaire au réseau électrique du Québec, nos tarifs d’électricité sont très abordables et fixes, ce qui n’est pas le cas pour de nombreux autres mineurs”, poursuit-il.

Aux États-Unis, de nombreux mineurs ont en effet vu leur facture exploser avec la hausse des prix de l’énergie, ce qui a contribué à fragiliser leur modèle. C’est le cas d’Argo Blockchain, dont le prix par kilowattheure est passé de 2 à centimes de dollar au cours de 2022. Cela a fait passer le prix d’extraction pour un bitcoin de 4000 à 12.600 dollars (sans tenir compte de ses dettes), selon les analystes de Hashrate Index.

La stratégie de Sato, installé au Québec, est actuellement conçue pour être à l’équilibre avec un cours du bitcoin entre 9000 et 12.000 dollars. “La seule contrariété, c’est que nous faisons actuellement moins de profits qu’il y a quelques mois, mais ça fait partie du cycle”, insiste Romain Nouzareth.

La société assure être assez solide pour gérer une baisse encore plus forte des marchés. “Nous sommes persuadés que le bitcoin continuera de monter sur le long terme”, ajoute-t-il. Pour certains, il faudrait plus que ce soit à “court terme”.

THE BIG FOCUS

Sébastien Gouspillou : “Nous pouvons largement tenir avec un bitcoin à 6000 ou 7000 dollars”

Le patron français de BigBlock Datacenter, très présent en Afrique, travaille depuis des années en privilégiant les énergies renouvelables. Un pari qui s’avère payant alors que d’autres acteurs sont en grande difficulté.

The Big Whale : Comment expliquer que des entreprises aussi importantes que Core Scientific se retrouvent au bord de la faillite ?

Sébastien Gouspillou : Il y a essentiellement deux raisons à cela. La première, c’est qu’ils se sont trop endettés lorsque les marchés montaient. La seconde, c’est qu’ils n’ont évidemment pas anticipé une telle hausse des prix de l’énergie ⚡️

Un de mes clients, qui a une partie de ses activités aux États-Unis, m’expliquait récemment que ses tarifs avaient plus que doublé en un an (de 3,5 à 7,8 centimes le kilowattheure). Pour lui, ce n’est plus intéressant de miner. Après, il faut regarder État par État. Le pays est immense et plusieurs États minent avec des conditions différentes.

Le minage américain est-il condamné à moyen terme ?

Pas forcément. Il y a encore des centrales, surtout au gaz, qui sont loin de leur pleine capacité et il y aussi beaucoup de gaz disponible, au Canada notamment. Vu le prix du gaz, le minage à partir de cette énergie - carbonée - n’est pas prêt de disparaître là-bas.

Est-ce que le hashrate de Bitcoin, qui mesure la puissance de calcul qui protège le réseau, pourrait chuter ?

Sur le papier oui, bien sûr, mais en même temps, il est intéressant de constater qu’il ne baisse toujours pas alors que le prix du bitcoin a fortement chuté.

Cette situation montre que les mineurs s’accrochent en dépit des conditions de marché particulièrement compliquées. Tout est lié au prix de l’électricité : tant que vous pouvez payer votre facture, vous n’avez pas intérêt à arrêter de miner. Pour ceux qui étaient déjà là il y a quelques années, le marché ressemble un peu à celui que nous avions observé en 2018.

Les mineurs qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont négocié un tarif fixe de l’électricité. Est-ce la clé ?

Ces contrats sont signés sur plusieurs années, au moins sur trois à cinq ans. C’est clairement la meilleure stratégie parce que se contenter de se brancher au réseau vous expose à la volatilité des prix.

Récemment, on a toutefois vu que les prix fixes pouvaient évoluer si la demande en électricité locale s'envolait. Dans ces cas-là, les prix censés être “fixes” peuvent évoluer à la hausse, ce qui va bouleverser votre business et vous contraindre d'aller miner ailleurs. Et croyez-moi, vous n'en avez pas envie. C'est une sacrée logistique pour déménager des machines !

Quelle est votre vision sur l’évolution des prix de l'énergie ? Les mineurs sont peut-être les meilleurs experts sur ce sujet…

Je pense que les prix vont continuer d’augmenter, ou en tout cas se maintenir aux niveaux actuels. Tout augmente : la demande en énergie, les revenus des énergéticiens, etc. Structurellement, je ne vois pas comment les choses pourraient évoluer autrement. C’est pour cela que notre stratégie depuis trois ans est d’aller chercher de “l’électricité perdue”, là où il n’y a pas de concurrence pour la consommer.

Il y a des surplus partout, il faut juste aller les chercher. À terme, je pense qu’il y aura une grande concurrence entre les mineurs de bitcoins autour des sources d’énergie renouvelable.

Dans quelle mesure la hausse des prix de l’énergie pourrait favoriser les mineurs qui utilisent de l’énergie renouvelable ?

Nous travaillons essentiellement avec de l’énergie d’origine hydroélectrique et basée sur la géothermie. Notre plus grosse installation se situe dans le parc national des Virunga, au Congo.

Là-bas, la demande locale n’absorbe pas toute la production et nous utilisons les excédents pour miner. Il y a de la marge. Avec cette énergie, nous pouvons largement tenir avec un bitcoin à 6000 ou 7000 dollars.

Cette édition a été préparée avec ❤️ par Raphaël Bloch et Grégory Raymond. The Big Whale est un média libre et indépendant. En nous soutenant, vous participez à son développement.
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