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10 questions pour tout comprendre à l’affaire Celsius (et ses conséquences) 😬

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10 questions pour tout comprendre à l’affaire Celsius (et ses conséquences) 😬

10 questions pour tout comprendre à l’affaire Celsius (et ses conséquences) 😬10 questions pour tout comprendre à l’affaire Celsius (et ses conséquences) 😬

L’effondrement des cryptos lève le voile sur les stratégies très risquées de certaines plateformes.

Après plusieurs semaines d’incertitude, Celsius a annoncé lundi matin la suspension de toutes ses activités : ses clients ne peuvent plus retirer ou échanger leurs cryptos. “Nous prenons cette mesure nécessaire pour l'ensemble de notre communauté afin de stabiliser les liquidités et les opérations tout en prenant des mesures pour préserver et protéger les actifs”, a indiqué la société dans un e-mail envoyé aux clients. Aucune date de réouverture des services n’a été communiquée.

À l’instar d’une banque qui redoute un “bank run” en fermant ses guichets, Celsius a préféré interrompre ses opérations pour éviter que tous ses clients retirent leurs avoirs en même temps.

Pourquoi sa crédibilité est-elle remise en cause ?

À mesure que les outils d’arbitrage traditionnels ont perdu en intérêt ces derniers mois (le GBTC de Grayscale notamment), Celsius s’est aventuré dans des stratégies exotiques pour maintenir des rendements particulièrement attractifs. Il y a encore quelques semaines, la société offrait des taux de rémunération pouvant aller jusqu’à 18% par an ! 🤨 “Quand le marché s’est structuré, les taux se sont resserrés et ils ont placé leurs liquidités sur de nombreux produits risqués, comme l’UST, le stETH et des stratégies quantitatives”, explique aujourd'hui Charlie Meraud, patron du teneur de marché Woorton.

Le 3 mai, soit quelques jours avant l'effondrement de l’écosystème LUNA/UST, des analystes on-chain ont révélé que Celsius avait envoyé l’équivalent de 275 millions de dollars dans le protocole Anchor (proposant des rendements insoutenables de 19% sur le stablecoin UST). Cette révélation a alimenté les premières rumeurs selon lesquelles certains poids lourds du secteur, Celsius en tête, avaient été touchés et que leur solvabilité était menacée.

Compte tenu de la nature opaque des opérations de Celsius, il n'y avait à l'époque aucun moyen de savoir avec certitude si l’entreprise était insolvable, mais la simple évocation de cette hypothèse a fragilisé sa crédibilité et poussé de nombreux utilisateurs à retirer leurs fonds.

Pourquoi la situation s’est-elle aggravée ces derniers jours ?

Pour offrir du rendement à leurs clients, les “banques 3.0” comme Celsius placent les liquidités de leurs clients dans des protocoles de DeFi. On vous prend un exemple pour comprendre la mécanique : Celsius dépose en garantie les bitcoins de ses utilisateurs dans Aave pour emprunter des stablecoins et les faire fructifier dans d’autres protocoles. Quand les marchés sont plutôt porteurs, tout va bien. Une société comme Celsius peut même réaliser des gains énormes.

Mais c’est quand les cours chutent fortement que les choses se gâtent… Car Celsius et les autres plateformes de staking et lendig s’exposent à une liquidation des cryptos placées en garantie, autrement dit la vente des cryptos de leurs clients ! Ainsi, à moins de rajouter des liquidités (des bitcoins supplémentaires dans notre exemple), leurs actifs placés en garantie sont automatiquement vendus. Et pas forcément au meilleur prix. 😅

Le problème, c’est qu’à ce moment-là, les clients veulent récupérer leurs cryptos. C’est ce qu’il s’est passé avec Celsius qui s’est retrouvé dans une position intenable : rendre les bitcoins à ses clients tout en essayant de déployer plus de capital pour que ses positions ne soient pas liquidées. Dans l'impasse, la société a donc décidé de geler toutes les opérations.

Quel est le problème avec le stETH ?

Des analystes ont également découvert que Celsius avait converti une part importante de ses actifs sous gestion en stETH (409.260 unités, soit 447 millions de dollars).

Le stETH est un token que l’on reçoit de la société Lido lorsqu’on dépose, via ses services, des ETH (ether) dans le système de staking d’Ethereum 2.0. Il est la garantie que vous pourrez débloquer vos ETH lorsque la mise à jour aura été implémentée (car ils sont immobilisés jusqu’à cette étape). Sa valeur est ainsi de 1:1 avec ETH. Pour faire simple, c’est comme si ça représentait un document qui atteste qu’on vous rendra votre maison une fois que celle-ci aura été rénovée.

C’est très pratique pour Celsius, car cela permet de continuer à spéculer à partir du dérivé d’un actif qu’elle ne détient plus totalement.

Le problème, c’est que le stETH a perdu ces derniers jours son ancrage par rapport à l’ETH. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il vaut 5% de moins que l’ether, notamment à cause du nouveau report de la mise à jour d’Ethereum 2.0 et du besoin de liquidités de certains investisseurs. Celsius pourrait vendre à perte ses stETH, mais cette opération lui coûterait très cher.

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­­Deuxième problème de taille pour Celsius : la société a emprunté 308 millions de dollars en stablecoins sur Aave en déposant des stETH en garantie. Si la perte de l’ancrage s’aggrave, l’entreprise s’expose à des appels de marge (l’obligation de renforcer le niveau de sa garantie) pour éviter la liquidation de ses stETH.

Celsius a-t-elle d’autres dettes ?

Selon CoinMetrics, l’entreprise contrôle le plus gros coffre-fort de WBTC (bitcoins “enrobés” sur Ethereum) dans le protocole MakerDAO. Au 15 juin, elle avait placé 24.000 bitcoins en garantie pour obtenir du stablecoin DAI. Là où le bât blesse, c’est que le cours du bitcoin n’en finit plus de chuter et que Celsius s’expose donc à des liquidations si la baisse se poursuit. Pour repousser le moment fatidique, l’entreprise a déjà injecté de nouvelles liquidités. Le seuil à partir duquel ses bitcoins seront automatiquement vendus est tombé à 14.000 dollars.

À ce niveau-là, Alex Mashinsky et ses équipes, qui ont depuis fait appel à la banque Citigroup pour avancer sur sa restructuration, se sont donnés de l’oxygène. Mais les niveaux de liquidation sont publics et certains spéculateurs opportunistes pourraient être tentés de pousser les prix vers le bas pour forcer Celsius à vendre ses actifs…

Celsius a-t-il un historique de mauvaise gestion ?

La société a connu une période difficile l'année dernière avec la perte de 900 bitcoins (actuellement 20 millions de dollars) qu'elle avait déposés au sein du protocole Badger DAO qui a été victime d’un hack. Celsius serait également le détenteur de grandes quantités de stETH (environ 35.000, soit 42 millions de dollars actuellement) émises par une autre société, StakeHound, qui a disparu après avoir perdu les clés privés des ETH sous-jacents…

Quel avenir pour la société et les fonds des utilisateurs ?

Il n’y a pas 36 solutions. Pour survivre, Celsius a besoin d'argent, soit via un prêt, une augmentation de capital ou un rachat. Mais la première hypothèse semble improbable en raison de l’insolvabilité de la plateforme. Reste l’augmentation de capital ou le rachat. “Un acteur aux reins solides pourrait reprendre l'activité en payant les retraits des clients en ETH, avant d’échanger les stEHT détenus par Celsius contre des ETH d’ici la migration vers Ethereum 2.0”, explique Charlie Meraud, patron de Woorton. “Mais il faudrait quand même avancer plusieurs milliards de dollars et c’est sous réserve qu'il n'y ait pas d’autres cadavres dans le placard”, ajoute l’expert.

Et pour les clients ? Selon les conditions d’utilisation de Celsius, la société se réserve le droit de ponctionner les dépôts de ses utilisateurs. Autrement dit, rien n’est garanti.

D’autres sociétés sont-elles menacées par cette contagion ?

Celsius est la première victime de la chute de Terra et de la baisse des marchés, mais d’autres acteurs semblent également très exposés.

Selon le média américain The Block, le fonds Three Arrows Capital (3AC) aurait subi plus de 400 millions de dollars de liquidations et travaillerait à une solution pour rembourser ses investisseurs. Les événements récents ne seraient qu’une mauvaise nouvelle de plus, après des investissements massifs du fonds dans des projets tels qu’Avalanche, Polkadot et Ethereum, qui ont respectivement baissé de 57%, 40% et 47% au cours de ces 30 derniers jours.

Connaissant les positions de Three Arrows Capital, d’autres fonds pourraient être tentés de spéculer à la baisse pour éliminer un concurrent.

Est-ce la fin de la DeFi ?

Paradoxalement, ces événements sont autant d’arguments en faveur de la finance décentralisée, transparente par nature. Les entreprises touchées par la crise sont les sociétés de finance centralisée (CeFi) qui dissimulent leurs stratégies d’investissement à leurs utilisateurs. Celsius n’aurait certainement pas eu son succès si la plateforme avait communiqué ses méthodes pour offrir jusqu’à 20% de rendement.

Les protocoles de DeFi permettent de tracer à tout moment ce qui est fait avec les fonds, offrant à tout un chacun la possibilité d’arbitrer en fonction de son appétence au risque. Les futures sociétés qui construiront des applications utilisant ces derniers et dévoilant leurs stratégies en temps réel bénéficieront d’un avantage compétitif.

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