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Polygon : la blockchain que les entreprises adorent

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Polygon : la blockchain que les entreprises adorent

Polygon : la blockchain que les entreprises adorentPolygon : la blockchain que les entreprises adorent

En quelques mois, la sidechain d’Ethereum est devenue l’un des partenaires privilégiés des entreprises. Nous avons mené l’enquête sur les raisons d’un tel succès 💰

“C’est simple”, poursuit-il, Polygon, qui est soutenu par des géants du capital-risque comme Sequoia et Softbank et du Web3 (Coinbase, Animoca Brands…), “a atteint autant de transactions quotidiennes qu’Ethereum en moins de deux mois”.

Aujourd’hui, c’est environ trois fois plus !

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Polygon prétend avoir le potentiel de gérer jusqu’à 65.000 transactions par seconde (contre 15 sur Ethereum). Dans les faits, nous sommes encore très loin : le réseau n’enregistre actuellement “que” 40 transactions par seconde, sans doute aussi parce que le marché est beaucoup moins actif.

La capitalisation boursière de sa cryptomonnaie MATIC est actuellement de 9 milliards de dollars (contre 200 milliards pour Ethereum). Son token a été la coqueluche des marchés ces deux dernières années. Les investisseurs, qui ont senti le bon filon et parié sur l’adoption du protocole, se sont jetés dessus lors des ventes privées 🤑

Un partenaire parfait pour Ethereum

Au-delà de la tech et des finances, le bon coup de Polygon a été de jouer la complémentarité avec Ethereum. “Il y a clairement un alignement idéologique”, explique Jimmy Ragosa, expert Ethereum et conseiller du projet Sismo.

“Toutes les personnes qui conseillent Polygon sont des acteurs connus et appréciés par la communauté Ethereum”, complète-t-il. C’est un choix plutôt intelligent, dans la mesure où les projets peuvent avoir tendance à se livrer une compétition féroce.

“En se présentant comme un complément d’Ethereum, Polygon a évité de se retrouver dans la catégorie des “Ethereum Killers” comme Solana ou Cardano”, poursuit Jimmy Ragosa.

Reddit, Meta, Starbucks…

Résultat, Polygon attire les projets comme des mouches, et pas seulement dans l’écosystème Web3. C’est d’ailleurs même du côté des entreprises “traditionnelles” que le protocole gagne le plus de terrain.

Polygon a signé avec le réseau social Reddit, dont on a beaucoup entendu parler en 2021 à l’occasion de la folie boursière autour de GameStop.

Plus de 6 millions d’utilisateurs de Reddit ont configuré un wallet pour recevoir des NFTs créés par le réseau social. C’est plus que le nombre d’utilisateurs d’OpenSea, la plus grande plateforme d’échange de NFTs ! 😅

En dépit de la chute globale des cours et de l’activité dans le Web3, celle des NFTs sur Polygon n’a cessé d’augmenter, comme le montre ce graphique.

Nansen2

Polygon a aussi été choisi par Meta (ex-Facebook) comme protocole pour créer des NFTs directement dans Instagram. "Une plateforme de cette taille nous aidera à faire basculer plus d’un milliard d'utilisateurs dans le Web3", a déclaré début novembre Sandeep Narwal, le cofondateur indien du protocole

Autre géant à avoir récemment craqué : Starbucks. Le groupe américain a développé son nouveau programme de fidélité avec Polygon. Actuellement en bêta test, “Starbucks Odyssey” permettra aux clients de collectionner des NFTs de la marque et d’accéder à des expériences exclusives.

Vous en voulez encore ?

Car il y en a encore d’autres ! Nike lancera en 2023 une plateforme de vêtements virtuels (.Swoosh) basée sur Polygon, un choix similaire à celui de l’ancien président américain Donald Trump pour sa collection de NFTs. Même le géant américain de la grande distribution Walmart travaille avec eux !

“IIs sont vraiment bons en communication. Ils sont parmi les premiers à avoir mis l’accent sur leur faible dépense énergétique”, signale Ouriel Ohayon, cofondateur du wallet ZenGo, qui est compatible avec Polygon depuis quelques semaines.

Cette stratégie leur a permis de surfer sur la vague “responsable” et “écologique” avant le Merge d’Ethereum qui a eu lieu en septembre 2022 (il a permis de réduire la consommation énergétique du protocole en changeant son algorithme de consensus, ndlr). “ Ca leur a clairement donné de l’avance sur les autres” indique-t-il.

Quand on pose la question à la plupart des spécialistes, l’efficacité des équipes commerciales de Polygon revient également très souvent.

“Polygon a recruté beaucoup de personnes venant de grands groupes Web2 et a utilisé leurs compétences et contacts pour attirer ces grands groupes”, confirme Jimmy Ragosa.

Même son de cloche du côté d’Ouriel Ohayon : “Quand Reddit se retrouve à discuter avec des anciens de Google, forcément ça se passe bien. Ils parlent la même langue !”

Pour Jimmy Ragosa, “cela entraîne un cercle vertueux qui, associé à des frais de transactions peu onéreux, font de Polygon une rampe de lancement idéale pour les entreprises”.

Mais attention, la puissance commerciale ne fait pas tout, comme l’explique Owen Simonin, CEO de Meria (ex-Just Mining), qui gère un noeud de validation Polygon et propose du staking à ses clients : “À un moment ils étaient un peu trop focalisés sur le marketing par rapport à la tech, mais les choses ont changé, c’est devenu très agréable de travailler avec eux”.

L’Américain Ryan Wyatt est la personnalité qui incarne le mieux cette stratégie. À la tête de Polygon Labs - le bras commercial de l’écosystème - il occupait précédemment le poste de “Head of Gaming” chez… YouTube. C’est l’une des plus belles “prises” de l’écosystème Web3, avec Ian Rodgers (ex-LVMH), recruté fin 2020 par Ledger.

Ryan Wyatt est à la tête d’un fonds de 100 millions de dollars dont l’objectif est de soutenir le développement de l’écosystème Polygon, ce qui suscite d'ailleurs quelques critiques chez les concurrents 😡

Polygon arrose-t-il les entreprises partenaires ?

“Polygon paie pour que les entreprises utilisent son protocole”, a tweeté début décembre Mert Mumtaz, le cofondateur de la start-up Helius, développée sur la blockchain Solana.

Le cofondateur de Polygon Sandeep Nailwal s’est défendu en expliquant que “Polygon était ouvert aux accords stratégiques, mais n’était pas stupide au point de donner des millions de dollars gratuitement”. Avant de rajouter : “Les marques veulent s’appuyer sur l’écosystème Ethereum -dont Polygon fait partie-, et pas sur des layers 1 à moitié cuits”, dans une référence aux pannes successives de Solana.

En la matière, Polygon n’est toutefois pas exempt de tout reproche. Même si le protocole n’est pas habitué aux problèmes techniques, son réseau a subi une déconnexion de 11 heures en mars 2022à cause d’un problème de nœuds.

En décembre 2021, une mise à jour surprise (et controversée) a dû être implémentée à la hâte pour corriger un vulnérabilité critique. “Les mises à jour sont assez fréquentes ces derniers temps”, remarque Arnaud Gugumus, directeur des systèmes d'information de Meria.

“Ils accélèrent et commencent enfin à développer de vraies fonctions sur Polygon plutôt que de se baser uniquement sur les standards Ethereum et Tendermint”, indique-t-il.

Mais comment juger son niveau de sécurité ?

“La sécurisation est assurée par un ensemble de 100 validateurs très impliqués, dont la gouvernance est gérée de manière de plus en plus décentralisée”, souligne Quentin de Beauchesne. “L’objectif de cette sécurisation est d’inscrire l’état de la chaîne dans Ethereum, qui porte alors la sécurité finale”.

Polygon confronté à la forte concurrence des L2

À ce jour, la principale proposition de l’écosystème Polygon est la “Polygon PoS”. C’est une sidechain d’Ethereum et non un véritable “layer 2”, du nom des couches secondaires d’Ethereum.

La différence entre les deux ?

Polygon ne s’appuie pas sur Ethereum pour assurer sa sécurité et dispose de son propre consensus. “Ce n’est pas un niveau de sécurisation équivalent à une chaîne de layer 1, mais un compromis pour profiter de la vitesse et des frais”, concède Quentin de Beauchesne.

C’est la critique majeure que l’on peut lui faire, au moment où l’on assiste à l’émergence des “rollups” (les fameux “layers 2”), présentés par la plupart des experts comme la future norme pour assurer la scalabilité d’Ethereum 🚀

Il existe deux familles de “rollups” :

Les “optimistic rollups” (Arbitrum, Optimism, etc.) qui sont compatibles avec la machine virtuelle d’Ethereum (EVM) et sur lesquels on peut très facilement “copier” des applications déjà développées sur Ethereum (Aave, Curve, etc.).

Leur problème, c’est qu’il est parfois nécessaire d’attendre sept jours avant que les transactions soient totalement validées sur Ethereum. Cet inconvénient a poussé à la création d’une nouvelle génération de rollups, les “ZK rollups”, qui peuvent les traiter quasi-instantanément !

Selon le créateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, les ZK rollups deviendront la norme dans les années à venir, mais cette technologie n’est pas encore mûre.

Aucune solution n’offre une compatibilité complète avec la machine virtuelle d’Ethereum (EVM). On peut développer des solutions spécifiques pour des applications bien précises (c’est le cas de Sorare qui dispose de son propre ZK rollup développé par la start-up israélienne StarkWare), mais celles-ci ne sont en aucun cas “universelles”.

Polygon a donc le luxe de faire jouer la montre, mais il serait très risqué de se reposer sur ses lauriers. D’où le rachat en décembre 2021 de Mir Protocol pour 400 millions de dollars (en tokens MATIC)... Cette acquisition lui a permis d’annoncer le lancement futur d’un ZK rollup compatible EVM. Ce réseau, baptisé “Polygon Zero”, est actuellement en phase de test. Il devrait être disponible en 2023 ⌛️

“L’équipe de Polygon a fait des choix pour proposer des solutions viables dès que possible”, indique Quentin de Beauchesne. “Ils continuent de privilégier ce qui est le plus efficace, comme racheter des solutions ZK plutôt que repartir de zéro ou presque”.

Est-ce que ça sera suffisant ? 🤔

“StarkNet (le réseau développé par StarkWare, ndlr) et ZkSync conservent une longueur d’avance car ils se sont concentrés sur le sujet bien avant les acquisitions de Polygon, mais tout peut changer dans l’année qui vient”, témoigne Jimmy Ragosa.

Nous avons posé la question à Henri Liuetad, en charge des relations avec les développeurs de StarkNet et professeur à l’école supérieure d'ingénieurs Léonard-de-Vinci (ESILV), pour savoir ce qu’il en pensait : “Alors que Polygon se dirige vers une expérience qui permet aux développeurs de conserver le même langage de programmation qu’Ethereum, nous avons opté pour des capacités supérieures qui permettront l’émergence de cas d’usage qui sont impossibles ailleurs. Nous parions sur la créativité des développeurs en leur offrant un outil plus puissant”.

Vers une bulle spéculative des tokens de L2 ?

Beaucoup d’experts estiment que les layers 2 d’Ethereum seront le moteur de la prochaine bulle spéculative, comme celle observée sur les layers 1 en 2020-2021 (Solana, Avalanche, Terra, etc.).

À ce petit jeu-là, les projets les plus récents pourraient attirer les investisseurs. Le futur token du réseau StarkNet fait partie de ceux-là. Son lancement est déjà considéré comme un événement majeur en 2023, tout comme celui de ZkSync.

“Polygon profitera moins de ce moment spéculatif et l’enjeu pour ses équipes sera de valoriser les volumes et le nombre de projets qui sont développés dessus”, souffle un expert.

Comme bien souvent dans le Web3, il faudra savoir dissocier le “bruit” des marchés pour se concentrer sur le tangible. Et Polygon est assurément bien placé dans cette bataille.

(*) Quentin de Beauchesne est actionnaire minoritaire et à titre privé de The Big Whale

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