Near Protocol (NEAR) : Analyse du champion de l'abstraction de chaîne

Ce qu'il faut savoir 🐳

Issu de la génération des « tueurs d'Ethereum », Near Protocol aspire aujourd'hui à un monde plus interopérable, centré sur l'expérience utilisateur.

Dans cette optique, la Fondation du projet a dévoilé ses plans ambitieux en matière d'Intelligence Artificielle (IA) et d'abstraction de chaînes.

Plus récemment, le 22 août dernier, Near déployait sa mise à jour la plus importante, NightShade 2.0, marquant une étape significative de son développement.

Présentation générale 🧬

Near Protocol, anciennement Near.ai, voit le jour courant 2020 avec pour objectif de résoudre les problèmes de mise à l’échelle et de coûts rencontrés par Ethereum.

Le lancement du réseau principal a suivi 3 étapes :

• Phase Genesis (22 avril 2020) → Démarrage en Proof-of-Authority (PoA) → Seule la Fondation est habilitée à opérer des nœuds validateurs → Distribution des jetons aux investisseurs et contributeurs ;
• Phase I (24 septembre 2020) → Les transferts de jetons entre différentes adresses sont toujours restreints → Les investisseurs sur liste blanche peuvent rejoindre le set de validateurs actifs ;
• Phase II (13 octobre 2020) → Les validateurs ont majoritairement voté en faveur d’une levée des restrictions à travers une signature cryptographique → L’inflation est désormais active et le réseau “sans permission”.

Near protocol est une plateforme de contrats intelligents ou blockchain de layer-1, en preuve d’enjeu (Proof-of-Stake), reposant sur une solution de “sharding” ou partitionnement.

Cette architecture permet de paralléliser les transactions. Sans pour autant compromettre la sécurité et l’intégrité des données du protocole.

Autre avantage : plus le nombre de nœuds augmente, plus le réseau gagne en performance. A condition que tous les acteurs puissent se synchroniser entre eux.

A l’époque, Ethereum opérait sous la preuve de travail (Proof-of-Work) et transitionnait progressivement vers les solutions de seconde couche (L2).

Leur multiplication crée un autre goulot d’étranglement. Celui de la fragmentation. Tant pour la liquidité et les applications que pour l’expérience utilisateur globale.

Near Protocol en a fait son cheval de bataille.

Fonctionnement ⛓️

Le “sharding” divise ou partitionne le réseau en fragments plus petits. L’objectif étant de répartir la charge de travail au mieux (calcul, bande passante et stockage).

La blockchain Near fonctionne par Epoch. Et chacune d’entre-elle dure 43.200 blocs, soit approximativement 12 heures, à raison d’un bloc toutes les secondes.

Chaque “shard” ou fragment du réseau comporte son propre ensemble de validateurs. Near Protocol fait tourner 6 Shards en parallèle et prévoit d’en ajouter 4, d’ici la fin de cette année.

A l’intérieur de chaque “shard”, un groupe de validateurs se charge d’exécuter les transactions. Puis, elles sont regroupées au sein d’un “chunk”, par un validateur élu de manière aléatoire. Dans le même temps, un algorithme détermine leur taille optimale avant transmission.

Les “chunks” de chacune des “shard”, à intervalles réguliers, sont ensuite combinés pour former un bloc sur la chaîne principale. En sachant que le nombre de “chunks” nécessaires à l’élaboration d’un bloc dépend du nombre de “shard” actives.

S’il est accepté par le validateur, élu encore une fois de manière aléatoire, le réseau parvient à un consensus.

Pour sécuriser le réseau, chaque validateur doit placer sous séquestre une quantité de jetons équivalente ou supérieure au “seat price”, à savoir 99.241 NEAR, soit plus de 400.000 dollars, selon les termes actuels. C’est ce qu’on appelle le processus de “staking”.

Plus le montant mis en jeu est important, plus celui-ci a de chances d’être sélectionné.

Sous la preuve d’enjeu, le validateur est soumis au slashing.

Deux cas de figure se présentent :

• Soit, un validateur signe plusieurs blocs à la même hauteur ;
• Ou alors, un validateur soumet un “chunk” comprenant une donnée ou calcul incorrect.

S’il agit seul, le validateur concerné perdra une quantité de jetons négligeable, en fonction du pourcentage que représente sa part sur l'offre totale mise en jeu durant l'Epoch.

Dans le cas contraire, si le pourcentage atteint voire excède 33% de la part mise en jeu durant l’Epoch, les principaux intéressés perdront la totalité de leurs jetons placés en garantie.

D’autre part, la blockchain Near implémente une machine virtuelle Wasm (WebAssembly) EVM-compatible pour l’exécution de contrats intelligents. Autrement dit, toute application native à Ethereum peut migrer sur Near, sans passer par la réécriture du code.

A la différence de Solidity, la courbe d’apprentissage pour un développeur étranger à l’écosystème web3 est quasi-inexistante, en raison de la présence de langages familiers tels que Rust ou encore JavaScript.

Sur Ethereum, vous payez des frais de transaction pour stocker des données de façon permanente. Near Protocol adopte une approche diamétralement opposée.

En effet, chaque compte, propriétaire d’un ou plusieurs contrats, doit déposer en caution des jetons NEAR pour garantir le stockage des données y étant associées.

Les utilisateurs paient, ni plus, ni moins, les frais de gas. Le coût de l’interaction est reporté sur le propriétaire du contrat.

On peut y percevoir un mécanisme d’auto-défense contre l’augmentation continue de la taille du registre.

En cas de suppression, l’indexeur et le nœud d’archivage conservent les données en mémoire, contrairement aux validateurs.

Financement 💰

Entre Q3 2017 et Q1 2020, le projet clôturera 7 tours de table, comportant la vente de 236,6 millions de jetons. Les sommes levées culminent alors à 34 millions de dollars.

En août 2020, Near Protocol conduit une Initial Coin Offering (ICO) sur la plateforme Coinlist et vend 120,4 millions de jetons, soit 12% de l’offre totale, pour un montant avoisinant les 40 millions de dollars.

A date, il s’agit de l’une des opérations les plus rentables du précédent cycle, présentant un retour sur investissement, entre 10 à 50 fois supérieur au capital initial.

Au cours de l’année 2022, Near Protocol a entamé un nouveau cycle de financement auprès de fonds de capital-risque renommés à l’instar de Tiger Global, DragonFly ou encore a16z. Le projet a sécurisé 500 millions de dollars pour une valorisation ainsi qu’un prix par jeton non divulgués.

Three Arrows Capital et FTX Ventures détenaient ou détiennent peut-être toujours des participations au sein du projet. Ces deux sociétés sont depuis entrées en liquidation judiciaire aux Etats-Unis, conduisant à une vente forcée des actifs (OTC & public) dans le but de rembourser leurs créanciers.

Équipe et communauté 👾

Alexander Skidanov et Illia Polosukhin sont les deux co-fondateurs visionnaires à l’origine de Near.

Ils ont tous deux contribué aux recherches concernant le sharding.

Voici les différentes instances en charge du développement :

• La fondation : Organisation à but non lucratif soutenant les initiatives communautaires et accompagnant la progressive décentralisation du protocole ;
  • Equipe de Direction : Gestion des opérations quotidiennes par 60 personnes,
  • NFC : Organe directeur / conseil d’administration qui supervise la prise de décisions importantes,
  • Near.ai : Branche de la fondation soutenant la recherche de modèles d’Intelligence Artificielle open-source.
• Near One (ex. Pagoda), 30 contributeurs, son but est de développer et implémenter les changements techniques spécifiés au niveau de la roadmap ;
• Chain Abstraction Spinout : Équipe indépendante dont les efforts se concentrent sur le nouveau protocole de communication “Chain Signatures” ;
• Near DevHub : Organisation autonome rassemblant individus, projets et idées ;
• Proximity : Société de recherche et développement pour Near Protocol et Aurora.

D’après Artemis, Near Protocol dénombre près de 100 développeurs actifs en hebdomadaire au sein de son écosystème.

Near Horizon figure comme l’incubateur et accélérateur de référence pour le lancement de projets de l’écosystème.

Au niveau local, les communautés se coordonnent autour de Hub régionales. On en recense trois principaux : Les Balkans, le Vietnam et la Corée du Sud.

Le compte Twitter / X du protocole regroupe 1,8 million d’abonnés.

Écosystème 🤝

En dépit des nombreux dispositifs de financement communautaire, les applications DeFi peinent à trouver leur public sur Near.

La valeur totale verrouillée (TVL) au sein des contrats intelligents atteint 200 millions de dollars. Son précédent record s’établissait à 480 millions de dollars en mai 2022. En revanche, la capitalisation boursière ses stablecoins avoisine les 660 millions de dollars. Une progression de 800% sur 12 mois glissants.

Au cours du 2ème trimestre, le volume d’échange quotidien sur les DEX était de 8,6 millions. Une progression de 600% sur 12 mois glissants. A titre de comparaison, Fantom traite un volume d’échange quotidien de 16,6 millions de dollars. Tandis que Solana fait passer un volume d’échange quotidien de 1,7 milliard de dollars.

Near Protocol compte 1,9 million d’adresses actives quotidiennement. Une progression de 620% par rapport à la même période, 12 mois plus tôt. En parallèle, il y a 330.000 nouvelles adresses qui sont créées sur le réseau chaque jour.

Tour d’horizon de l’écosystème Near :

• Rainbow Bridge → Passerelle vers Ethereum

Catégorie Gaming / Social :

• KAIKAI → Application de Shopping basée à Singapour avec un système intégré de récompenses en crypto ;
• HotDAO → Wallet Telegram hébergé sur Near ;
• Sweat → Application de Fitness avec un système intégré de récompenses en cryptos. Le jeton associé culmine à 162 millions de dollars de TVL on-chain ;
• Playember → Editeur de jeux mobiles web3

Catégorie DeFi :

• Burrow → Marché monétaire ;
• Ref Finance → Plateforme d’échange décentralisée (DEX) ;
• All Stake → Protocole de restaking omnichain ;
• Atlas Protocol → Protocole de liquid staking pour Bitcoin, hébergé sur Near ;

Catégorie modulaire :

• Aurora → Solution de seconde couche EVM-compatible permettant une interopérabilité plus aboutie entre Near et les applications Ethereum ;
• Nuffle → Couche de Finalité rapide bâti au-dessus d’EigenLayer destinée aux rollups de l’écosystème Ethereum ;
• Near DA → Couche modulaire de disponibilité pour les données exploitant le haut débit et les faibles coûts de transaction, dont hérite le protocole ;
• Neat → Solution de seconde douche (L2) dédiée aux applications d’IA et Gaming. La Fondation a délégué 1 million de NEAR pour soutenir le projet.

Near Protocol se prépare à l’adoption de masse. Pour y parvenir, le projet entend dissocier la technologie sous-jacente de l’expérience utilisateur, devenant un véritable système d’exploitation (BOS) !

L’objectif reste identique : simplifier les interactions entre utilisateurs et protocoles.

Au cœur de cette (r)évolution : les “solvers”.

Ces tiers de confiance qui se voient confier l’exécution des intents (tâches ou problèmes spécifiques à résoudre). La complexité technique disparaît au profit d’une navigation plus intuitive.

Near Protocol fournit une panoplie d’outils et de fonctionnalités uniques. En voici un bref aperçu :

• Chain Signatures → Signer une transaction sur n’importe quelle blockchain (avec courbe elliptique ECDSA), depuis son adresse Near.

Utilisation de chemins de dérivation pour créer le compte sur la blockchain destinatrice et système de calcul multipartite pour la génération de la signature (MPC).

Cette innovation est marquante, dans la mesure où les écosystèmes ne prenant pas en charge nativement les contrats intelligents, vont voir émerger des cas d’usage relatifs à la DeFi. En bref, il n’y a plus nécessité de transiter via un bridge.

Atlas et All Stake ont d’ores-et-déjà procédé à l’intégration du protocole.

• Multi-chain Gas Relayer → Le standard NEP-141 libère l’utilisateur de la contrainte d’avoir du gas sur n’importe quelle blockchain destinatrice.
• Meta-transactions → Un relayer se charge de couvrir les frais de gas à la place de l’utilisateur. Ce dernier peut être subventionné par un protocole.
• FastAuth → Système de récupération ou création de compte par mail. La clé privée de l’utilisateur est distribuée en plusieurs morceaux à des nœuds (MPC).

Défis (et polémiques) 🥵

Durant le bear market, le système de “social recovery” du portefeuille natif de l’écosystème contenait une brèche de sécurité. En cause ? La défaillance d’une tierce partie. Aucune clé privée n’a été compromise suite à cet incident. Pourtant, les principaux intéressés ont été seulement tenus au courant 2 mois plus tard.

En avril 2022, l’organisation autonome Decentral Bank, annonce le lancement du stablecoin algorithmique USN, soutenu par une réserve composée de jetons NEAR et USDT.

En octobre de la même année, les conditions extrêmes de marché entraînent la chute du stablecoin et sa sous-collatéralisation oblige la Fondation à mettre en place des mesures de protection, dont un programme de conversion pour 40 millions de dollars. Cette histoire partage des similarités troublantes avec l’UST du tristement célèbre Terra Luna.

En ce début d’année, La fondation annonce une restructuration et se sépare de 40% de ses effectifs, affectant les départements marketing, développement commercial et communautaire.

L’objectif est clair : diriger les efforts de la fondation vers des activités à plus fort impact.

Par ailleurs, les finances de la Fondation se sont rarement aussi bien portées avec :

• 305 millions de jetons NEAR ;
• 285 millions de dollars ;
• Ainsi que 70 millions de dollars en investissements et prêts.

Il s’agit d’un véritable trésor de guerre.

En parallèle d’être à la tête de Near Protocol, Illia Polosukhin prend la direction de la fondation en novembre 2023, succédant à Marieke Flament (ex-Circle).

A grande échelle, Near pourrait rencontrer des limitations inhérentes au “sharding”, parmi lesquelles (liste non-exhaustive) :

• Répartition équitable de la charge de travail, en vue d’optimiser l’utilisation des ressources, sous peine de créer un goulot d’étranglement ;
• Mélange périodique des noeuds entraîne des temps de synchronisation variables, pour empêcher la collusion et garantir la décentralisation des shards ;
• Communication difficile entre les différentes shards afin de prévenir d’éventuelles attaques de réorganisation au niveau des “chunks”. Une transition d’état invalide serait désastreuse. D’autant que le fonctionnement de Near pourrait créer une situation où peu de noeuds s’en apercevrait ;
• Complexité des transactions cross-shards.

La gouvernance de Near Protocol est relativement immature et non-structurée. Quiconque peut en théorie soumettre des propositions rassemblées sous l’abréviation “NEP” depuis le Forum.

Near Digital Collective reste sans doute le mouvement communautaire indépendant le plus impliqué. Au cours de son existence, il a déjà financé plus de 100 projets et injecté plus de 400.000 jetons NEAR dans l’écosystème.

Son fonctionnement repose sur un processus d’élection démocratique, dont la crédibilité est garantie par deux organes de gouvernance : “House-of-Merit” et “Council of Advisor”.

Chaque voix est unique grâce au système de “Proof-of-Humanity”.

En l’espace de 2 ans, le nombre de participants aurait drastiquement baissé, passant de 503 à 109 membres. Conséquence directe du manque d’incitations économiques.

C’est pourquoi, la Fondation, ainsi que d’autres contributeurs, ont pris les devants en s’associant avec le gestionnaire de risques Gauntlet pour élaborer un cadre de gouvernance, en accord avec les attentes de l’écosystème.

Cette vision est formalisée dans la proposition “House-of-Stake”.

La communauté de Near Protocol entame donc une période de transition vers un modèle de “vote-escrowing”.

En termes pratiques, dès lors que la proposition sera adoptée et les contrats déployées, vous pourrez bloquer une quantité variable de NEAR en échange de veNEAR, pendant une durée oscillant entre 3 mois à 4 ans.

Plus votre jeton est bloqué pendant une longue période, plus votre pouvoir de vote augmente.

Les détenteurs de veNEAR percevront une partie de l’inflation annuelle. Il serait même question de diminuer les récompenses octroyées aux validateurs.

Gardez en tête que certains détails peuvent changer d’ici là.

Les principales préoccupations de la communauté relèvent de l’organisation des comités. En effet, ces derniers pourraient faire face à des conflits d’intérêts et une centralisation du pouvoir de décision. Comme c’est aujourd’hui le cas pour avoir le droit de produire des blocs sur le réseau.

Le token NEAR 🌕

NEAR fait office de jeton utilitaire natif. En tant qu’unité de compte, il sert à couvrir les frais de transaction requis pour transférer de la valeur, stocker des données ou encore interagir avec les contrats intelligents, hébergés sur la plateforme.

Par le biais du staking, NEAR permet également de sécuriser le réseau en assurant une fonction de collatéral, qui peut être saisi en cas de non-respect des règles.

En termes de capitalisation boursière, le projet figure à la 11ème place du classement des blockchains opérant sous le mécanisme de preuve d’enjeu (Proof-of-Stake) derrière Toncoin et Celestia.

Actuellement, la moitié des NEAR en circulation - à savoir 615 millions de jetons - participe au processus de staking.

Jusqu’à présent, les détenteurs de NEAR optaient pour la délégation auprès de 210 validateurs institutionnels. On dénombre aux alentours de 233.000 stakers.

Depuis novembre 2023, l’émergence des protocoles de “liquid staking”, Meta Pool et LiNear, change la donne.

De surcroît, il offrira un droit de gouvernance sur les propositions de changement du réseau.

Comme indiqué plus haut, des discussions sont en cours pour implémenter un nouveau système.

L’offre initiale (ou Genesis) totale comprend 1 milliard de jetons NEAR.

Elle est répartie de la manière suivante :

• Subventions et programmes communautaires (17,2%) → Déblocage linéaire sur une période de 60 mois à compter du 13 octobre 2020.
• Principaux contributeurs (14%) → Allocation verrouillée pour 12 mois → Déblocage linéaire sur une période de 48 mois
• Investisseurs (23,7%) → Déblocage linéaire sur une période allant de 12 à 36 mois selon les termes de chaque tour de financement.

• Vente publique (12%) → Libération immédiate de 25M tokens → Déblocage linéaire des 95M tokens restants sur une période de 12 mois.
• Ecosystème - participation au testnet, mise au point des premières dApps et outils d’infrastructure (11,7%) → Déblocage immédiat → Distribution linéaire aux “builders” sur une période allant de 6 à 48 mois.
• Fonds de dotation alloué à la Fondation (10%) → Libération immédiate de 50M tokens → Déblocage linéaire de l’autre moitié sur une période de 24 mois
• Subventions d’exploitation (11,4%) → Déblocage linéaire sur une période de 36 mois

A la date du 31 août 2024, et selon nos estimations, il resterait entre 10 à 13% des jetons qui seraient bloqués. Comme indiqué ci-dessus, ils font partie des allocations destinées aux subventions, programmes communautaires et membres de l’équipe.

Par ailleurs, le jeton NEAR connaît une augmentation de 5% par an de sa masse monétaire, dont 90% subventionne les validateurs. Les 10% restants sont redirigés vers la trésorerie du protocole. Celle-ci est toujours administrée par la fondation. Malgré une volonté de la remettre entre les mains de la communauté. L’offre actuelle s’élève à environ 1,207 milliard de jetons NEAR.

Le staking délivre un rendement autour de 9% d’intérêts annualisé, provenant de l’inflation mais aussi des frais récoltés par le protocole.

Dans l’absolu, les émissions ou “récompenses d’Epoch” représenteraient entre 219 à 230 millions de jetons NEAR, près d’1/5 de la supply.

Cette tendance inflationniste est susceptible de s’inverser dans le futur. Car 70% des frais de transaction sont brûlés. Lors d’un simple transfert, il s’agit de la totalité des frais de gas. Tandis que les 30% restants reviennent au(x) contrat(s) impliqué(s) dans l’opération.

Un mécanisme qui n’est pas sans rappeler l’EIP-1559 sur Ethereum.

L’objectif ? Atteindre les 1,5 milliard de transactions par jour sur un an.

Depuis sa création, les utilisateurs du réseau ont déboursé près de 11,2 millions de dollars de jetons NEAR en échange d’espaces de blocs. Enfin, le protocole totalise plus de 2,1 milliards de transactions traitées au cours de sa jeune histoire.

Autrement dit, le chemin vers la rentabilité reste encore semé d’embûches !

Réglementation ⚖️

Bien que la Fondation soit localisée dans le Canton de Zoug en Suisse, les bureaux des équipes de Near Protocol se situent à San Francisco en Californie. Autrement dit, cette zone géographique relève de la juridiction de la Security and Exchange Commission (SEC), le régulateur financier américain.

En juin 2023, l’agence fédérale définissait le jeton NEAR comme étant une valeur mobilière, dans le cadre de son procès contre la plateforme Coinbase.

Roadmap 🗺️

À long terme, Near Protocol prévoit de passer du “state sharding” à un système entièrement “sharded”. Cela signifie que l’ensemble du réseau, y compris les transactions, les smart contracts et les comptes utilisateurs, pourra être divisé en fragments plus petits pour améliorer l’efficacité des nœuds.

Récemment, Near a introduit la “validation sans état”, permettant aux validateurs de ne plus conserver l’intégralité du réseau sur leur machine. Ils utilisent plutôt des “témoins d’état” basés sur des preuves de Merkle pour valider les transactions. Si une anomalie est suspectée, les validateurs peuvent consulter les nœuds d’archivage.

Le protocole explore également des moyens d’améliorer l’agrégation de comptes, une fonctionnalité clé pour l’interopérabilité entre blockchains, qui se combine bien avec le développement des “Chain Signatures”.

Near collabore avec Polygon pour développer un système de preuves à divulgation nulle de connaissance (zkWASM) pour sa machine virtuelle. Cela permettrait de prouver la validité des transactions sans révéler les données, ouvrant la voie à de nouveaux usages.

Enfin, Near prévoit de mettre en œuvre le “resharding dynamique” dans la dernière phase de son développement, permettant d’ajuster le nombre de “shards” en fonction des besoins du réseau pour une meilleure optimisation des ressources.

En savoir plus sur la roadmap.

Concurrence ⚔️

Outre les plateformes de contrats intelligents, Near Protocol fait face à de nombreux prétendants au titre de leader sur le thème de l’abstraction de chaînes.

Pour rappel, la fragmentation renvoie au principal challenge posé par la nature modulaire de l'infrastructure blockchain actuelle.

Particle Network

• Statut : Tesnet
• Date de création : Mai 2022
• Caractéristiques : Smart Wallet-as-a-Service; BTC Connect : Abstraction de compte pour Bitcoin (ERC-4337), Dual Staking : jeton natif et BTC (via Babylon) ; AggDA : Publication des données sur Celestia, Avail ou encore Near DA ; Compatibilité : EVM, BTC UTXO & Solana
• Proposition de valeur : Un compte, un solde, toutes les chaînes, blockchain souveraine (L1) en preuve d’enjeu de l’écosystème Cosmos
• Taille de l’équipe : 30 collaborateurs
• Financement : 48,8M$
• Valorisation connue : 40M$

Xion

• Statut : Tesnet
• Date de création : Mars 2021
• Caractéristiques : Dualité Fongible; Meta Accounts : processus d’onboarding avec email ou données biométriques; CosmWasm : Machine Virtuelle; Langage Rust
• Proposition de valeur : Blockchain souveraine (L1) en preuve d’enjeu de l’écosystème Cosmos; Utilisation du protocole “Inter-Blockchain Communication”
• Taille de l’équipe : 18 collaborateurs
• Financement : 36M$
• Valorisation connue : 500M$

Socket 2.0

• Statut : Mainnet
• Date de création : Mai 2021
• Caractéristiques : FOMA ou “Modular Order Flow Auction” : marché libre où des agents d’exécution rentrent en compétition pour satisfaire au mieux les requêtes utilisateurs, transmise par signature off-chain cryptographique.
• Proposition de valeur : Couche modulaire basé sur les intentions pour les flux cross-chain de capitaux.
• Taille de l’équipe : 35 collaborateurs
• Financement : 12,8M$
• Valorisation connue : Non divulguée

OneBalance

• Statut : Tesnet
• Date de création : Mai 2024
• Caractéristiques : CAKE ou “Chain Abstraction Key Elements” est un framework développé par Frontier Research, impliquant 3 couches : Permission, Solver et Settlement. Il adresse notamment les challenges posés par le trilemme de “l’orderflow” : atomicité cross-chain, scalabilité et égalité de traitement. Son développement repose sur un groupe de travail à l’échelle de l’industrie.
• Proposition de valeur : Credible Account : extension des formats de compte existants (EOA, smart contract…) propageant des intentions, sans consensus global.
• Taille de l’équipe : Inconnue
• Financement : 5M$
• Valorisation connue : Non divulguée

D’après OneBalance, une adresse peut résider et migrer entre 4 architectures de “Credible Commitment Machine” en fonction des besoins de l’utilisateur, à savoir :

• Environnement d'exécution fiable (TEE) ;
• Système de calcul multipartite (MPC) ;
• Compte reposant sur un contrat intelligent ;
• Modifications d’une machine virtuelle. Comprenez transitions d’état.

Le projet qualifie de “Credible Commitment Machine” tout ordinateur sécurisé auquel on fait  mutuellement confiance pour exécuter diverses opérations, de manière déterministe et transparente.

Chaque “Credible Account” encapsule l’historique de l’utilisateur sur toutes les chaînes et le réplique à l’intérieur d’un environnement virtuel, sécurisé par “Credible Commitment Machine”.

Ce dernier émet des demandes de transitions d’état sous forme de “resource locks” et les exécute via des preuves cross-chain. Nous pouvons établir un parallèle avec l’émission d’une approbation de dépenses de jetons ERC-20. Excepté qu’aucune action ne se produit on-chain.

Autrement dit, l’utilisateur s’engage à respecter certaines conditions, dans un délai imparti suffisamment long.

Ce processus fait office d’assurance auprès des “Solvers” du réseau :

• Li.Fi ;
• Everclear (ex. Connext) ;
• Across ;
• ou encore Enso.

Ainsi, OneBalance supprime l’incertitude entre le moment où la transaction est exécutée et le temps où elle est finalisée sur le réseau. En conséquence, la transition d’état peut avoir lieu sur la chaîne de destination, sans qu’il soit nécessaire d’attendre la chaîne émettrice.

De son côté, Polygon Labs continue de délivrer et d’atteindre des étapes clés de sa roadmap. Son protocole d’interopérabilité “AggLayer” regroupe un réseau de blockchains L1 et L2. En commençant par ses solutions de scalabilité : Polygon PoS, zkEVM, Miden, ID ainsi que ses Supernets (L3). Near Protocol pourra également s’y connecter !

Parallèlement, la migration du jeton MATIC vers POL (ratio 1:1) débute ce 4 septembre. Il deviendra la nouvelle unité de compte du réseau Polygon PoS et jouera un rôle crucial par la suite, lors du déploiement de l’AggLayer.

Ce protocole unique en son genre sera compatible avec les séquenceurs partagés et couches tierces de disponibilité pour les données (DA). Chaque actif aura comme particularité d’être natif, et non wrappé, par un intermédiaire.

Avec l’AggLayer, Polygon projette d’exécuter des dizaines de milliers de transactions cross-chain de manière quasi-instantanée.

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L'analyse marché de Chadi El Adnani, Head of Content & Research de SUN ZU Lab 📈

NEAR se situe actuellement au 20ème rang en termes de capitalisation boursière, avec une valorisation de 4,3 milliards de dollars. Le jeton a augmenté d'environ 7% sur l'année 2024, une performance similaire à ETH et nettement supérieure à d'autres altcoins majeurs tels que DOT (-50%), MATIC (-59%) ou ADA (-44%).

Comme beaucoup d'autres jetons, les volumes quotidiens de NEAR ont largement diminué par rapport au mois de mars. Ils se situent actuellement autour de 100 millions de dollars en moyenne. Les niveaux de profondeur de marché moyens à 50 points de base sont également très élevés. NEAR affiche donc des niveaux de liquidité importants sur les bourses centralisées. Du côté de la DeFi, la valeur totale verrouillée (TVL) sur NEAR Protocol a doublé en 2024, passant d'environ 100 millions de dollars à 200 millions de dollars.

L'avis de The Big Whale 🐳

Plutôt que de choisir entre une approche monolithique ou modulaire, Near propose une solution hybride où l’abstraction du gas, la gestion des clés et la fluidité des transactions jouent un rôle central. Ces éléments fonctionnent comme un « traducteur universel » facilitant l’accès et l’utilisation des blockchains.

Il est noté que l’introduction des solutions de seconde couche (L2) pour Ethereum, bien qu’elles aient attiré une grande partie de la liquidité et des développeurs, ont également engendré de nouvelles interrogations sur leur efficacité et leur impact sur l’écosystème.

Contrairement à Ethereum, Near Protocol avance discrètement mais de manière résolue, grâce à l’implication active de ses co-fondateurs et à une structure de gouvernance claire qui encourage le développement continu.

Near Protocol présente certaines particularités attrayantes, notamment une architecture évolutive qui accueille un large éventail d’applications populaires, y compris des plateformes sociales et de jeux. Sa capacité à fournir un stockage performant et une indexation efficace lui permet de répondre aux besoins de ces applications, renforçant ainsi sa position dans le secteur. De plus, Near Protocol est réputé pour sa résilience, n’ayant subi aucune panne majeure depuis son lancement, bien que cela puisse aussi refléter un manque de traction.

Une innovation clé du Near Protocol est le protocole “Chain Signatures”, qui facilite l’intégration et l’interopérabilité entre différentes blockchains comme Bitcoin, Ethereum, Solana et Cosmos. Ce protocole permet de lier des comptes Near à d’autres adresses blockchain, simplifiant les transactions cross-chain pour les utilisateurs sans qu’ils en soient conscients, grâce à un processus complexe mais transparent impliquant des signatures multipartites.

Near Protocol, bien que moins visible que d’autres blockchains, continue de progresser en offrant une expérience utilisateur simplifiée et en répondant aux exigences techniques du secteur. Son approche unique et son engagement envers la résilience et l’innovation pourraient lui permettre de jouer un rôle crucial dans l’adoption massive de la blockchain à l’avenir.

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