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Nana Murugesan (Coinbase) : “Nous voulons devenir leader en Europe”

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Nana Murugesan (Coinbase) : “Nous voulons devenir leader en Europe”

Nana Murugesan (Coinbase) : “Nous voulons devenir leader en Europe”Nana Murugesan (Coinbase) : “Nous voulons devenir leader en Europe”

Lancé en 2012, Coinbase s’est rapidement imposé comme la plateforme d’échange de référence aux États-Unis. Mais la société, qui revendique presque 90 millions d’utilisateurs sur la planète, veut se développer bien au-delà de son marché principal, et notamment en Europe. Nous en avons parlé avec Nana Murugesan, qui est le responsable du développement international de la société. Interview exclusive !

Lancé en 2012, Coinbase s’est rapidement imposé comme la plateforme d’échange de référence aux États-Unis. Mais la société, qui revendique presque 90 millions d’utilisateurs sur la planète, veut se développer bien au-delà de son marché principal, et notamment en Europe. Nous en avons parlé avec Nana Murugesan, qui est le responsable du développement international de la société. Interview exclusive !

The Big Whale : Vous êtes arrivé chez Coinbase il y a 2 ans, et vous en êtes rapidement devenu l’un des poids lourds. Comment l’expliquez-vous ?

Nana Murugesan : Je m’intéresse aux cryptomonnaies depuis longtemps, mais ce n’est qu’en rejoignant Coinbase que j’ai totalement basculé dans cette industrie. Avant j’ai passé dix ans chez Samsung et chez Snapchat où j’ai travaillé sur le paiement mobile et tout ce qui est lié à la création de contenus.

Ces deux expériences m’ont permis de comprendre à quel point le monde est en train de changer, à la fois sur les paiements et la création de contenus. On l’a déjà oublié, mais il y a encore quelques années, c’était presque impensable de payer avec son smartphone. Les gens hésitaient à utiliser Samsung Pay, Apple Pay, Google Pay, et finalement tout le monde a basculé. Notre conviction, c’est que nous sommes en train de vivre la même chose avec les cryptomonnaies.

Cette bascule va aller encore plus vite parce qu’il y a simultanément l’émergence d’une économie de la création, qui a un potentiel énorme. Aujourd’hui tout le monde peut créer en ligne et les cryptomonnaies permettent de posséder ce nouvel univers numérique. J’ai deux filles qui ont 10 et 14 ans, et je peux vous dire qu’elles ont très bien compris dans quel monde nous allons bientôt vivre.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans cet univers ?

Je pense que l’impact des cryptomonnaies est beaucoup plus important que tout ce sur quoi j’ai travaillé avant. Les cryptos permettent d’améliorer le système économique actuel, surtout le système financier actuel. L’industrie financière est la dernière à ne pas avoir évolué ces dernières décennies, donc c’est à la fois nécessaire et très excitant d'y contribuer.

Vous êtes en charge de l’international et du développement business de Coinbase. Quelle est votre mission exactement ?

Ma mission est de faire en sorte que les gens utilisent nos services, tout simplement. Pour y parvenir, j’ai deux leviers : le premier, c’est l’activité internationale, c’est-à-dire hors des Etats-Unis. En tant que société américaine, la majorité de nos utilisateurs se trouve aux Etats-Unis, mais puisque nous voulons embarquer 2 milliards d’utilisateurs, nous ne pouvons pas nous contenter du marché américain. Il faut aller bien au-delà, et c’est mon rôle.

Le second levier, c’est le business développement. Je travaille sur des partenariats pour développer nos services partout sur la planète. Nous sommes une grande entreprise, mais nous ne pouvons pas tout gérer de notre côté. Nous travaillons avec Circle sur la partie stablecoin. Sur la partie paiement, nous travaillons avec des banques et avec des développeurs pour notre protocole Base (Layer 2 d’Ethereum). Il faut aussi coopérer pour se développer.

Quelle est votre stratégie pour vous développer à l’étranger ? En Europe, il existe déjà des acteurs de poids comme Binance, Bitpanda ou Kraken ?

Nous avons une stratégie assez simple qui est : “Go Deep and Go Broad”. Nous avons défini cette stratégie il y a 18 mois et nous sommes en train de la déployer.

“Go Deep” veut dire que dans les marchés où il y a une réglementation claire et un environnement stable, nous voulons nous développer en "profondeur". C’est par exemple le cas de l’Union européenne avec la réglementation MiCA. La réglementation est suffisamment claire pour que nous voulions nous développer fortement dans l’Union européenne.

Quand la stratégie est “Go Deep”, notre ambition est d’être leader sur le marché, et c’est le cas en Europe. C’est évidemment aussi le cas du Royaume-Uni.

En Amérique, outre les Etats-Unis, le Canada et le Brésil sont des marchés où nous voulons être aussi leader. L’Australie est aussi l’une de nos priorités. Dans tous ces marchés, nous avons des équipes sur place 🙋♂️.

Cela veut-il dire que les autres pays ne sont pas prioritaires ?

Nous les visons évidemment, mais les autres pays correspondent à notre stratégie “Go Broad”. Dans ce cas-là, l’idée est de partir d’un pays pour en servir d’autres.

Le bon exemple de cette stratégie est notre plateforme de dérivés que nous avons lancée aux Bermudes, qui est une juridiction très respectée, surtout sur les sujets cryptos. C’est à partir de cette plateforme que nous adressons les autres marchés. C’est grâce à la combinaison de ces 2 stratégies, “Go Deep” et “Go Broad” que nous sommes capables de nous développer au niveau mondial 🌍. "Go broad" est tout autant une priorité que "go deep".

Avez-vous une liste de pays où vous refusez d’aller ?

L’une de nos boussoles est l’Index de liberté économique de la Fondation Heritage. Cet indice permet de connaître le niveau des libertés publiques, notamment économiques. Si vous regardez les pays où l’Index est le plus haut, vous avez quasiment la liste des pays qui correspondent à notre stratégie “Go Deep”.

A l’inverse, il y a des pays où cette liberté est moindre, et où la clarté réglementaire est presque inexistante. Notre but est d’être dans le plus de pays possible, mais cela ne veut pas dire que nous serons dans tous les pays. C’est un équilibre subtile à trouver, parce qu'il y a aussi des questions de réputation.

Vous souhaitez accélérer en Europe, surtout dans l’Union européenne. Comment allez-vous faire concrètement ?

En continuant de faire ce que nous faisons depuis quelques années : tisser notre toile. Nous avons déjà obtenu notre enregistrement dans plusieurs pays européens. Nous avons été parmi les premiers à obtenir une licence en Allemagne en 2021. L’année dernière, nous avons été enregistrés en Irlande, au Pays-Bas et en Italie. Nous attendons toujours l’enregistrement en France et en Espagne.

Vous n’avez pas encore de siège européen. Où souhaitez-vous l’installer ?

Nous attendons d’avoir tous nos enregistrements pour décider où l’installer. Quoi qu’il arrive, même si nous décidons d’installer notre siège européen dans tel ou tel pays, nous n’allons pas abandonner les autres.

Notre objectif est d’être présents partout en Europe, même si MiCA ne requiert d’être agréé que dans un seul pays. Nous allons embaucher partout en Europe parce que chaque pays a ses spécificités. J’étais en France il y a deux semaines. Ce pays a des avantages incomparables dans l'univers des NFTs et des technologies blockchain. Il y a beaucoup de très bons projets et la communauté de créateurs est particulièrement active. Nous avons d’ailleurs plusieurs projets en France.

Quels sont-ils ?

Je ne peux pas encore en parler.

Avec quelles entreprises travaillez-vous en Europe ?

Nous essayons de travailler avec tout le monde. Evidemment, avec les entreprises du Web3, mais aussi avec des entreprises de l’économie traditionnelle. Nous avons par exemple signé un partenariat avec le Borussia Dortmund en Allemagne. C’est un partenariat sur la partie marque.

Nous travaillons aussi avec des acteurs du paiement pour faciliter l’achat et la vente de cryptomonnaies via Coinbase. Nous avons un partenariat avec le britannique TrueLayer pour assurer les paiements et les transferts d’argent en Europe. Nous travaillons également avec PayPal et Block.

PayPal, Block… Beaucoup de vos “partenaires européens” sont Américains !

Il y a aussi des partenaires européens.

Combien de clients avez-vous en Europe ?

Ce n’est pas un chiffre que nous donnons. Au niveau mondial, nous sommes l’un des leaders (la société revendique presque 90 millions d’utilisateurs, ndlr), et c’est la même chose en Europe.

Ce que je peux vous dire, c’est que l’Europe représente 20% de notre activité. C’est de loin la 2ème région du monde pour nous, derrière les Etats-Unis 🏆.

Quel est votre principal marché en Europe ?

C’est le Royaume-Uni, ensuite vient l’Allemagne et après la France.

Pourquoi le Royaume-Uni ?

Il y a évidemment la question de la langue. Nous sommes une entreprise américaine, donc il y a quelque chose de naturel avec le Royaume-Uni. Mais nous voulons nous développer davantage dans d’autres pays comme l’Allemagne et la France.

Vous avez des clients dans de nombreux pays. Aux Etats-Unis, en Europe, en Asie… Est-ce que vous voyez des différences chez vos clients en fonction des géographies ? Veulent-ils les mêmes produits ?

Il y a effectivement des différences, parce que la maturité des marchés n’est pas forcément la même partout. Mais ce qui est évident, c’est qu’il y a une demande globale pour une offre plus étoffée, avec des produits plus complexes. Nous le voyons notamment en Europe.

Beaucoup d’Européens n’utilisent Coinbase que pour acheter et vendre des cryptomonnaies, pas plus. Comment l’expliquez-vous ?

Notre objectif est de faire venir le plus de personnes possible dans les cryptos, donc nous avons créé l’application la plus simple possible à utiliser. Et de ce point de vue-là, je pense que la mission est remplie. Il n’y a rien de plus simple que d’utiliser Coinbase.

Le problème, c’est qu’une fois qu'ils veulent investir vraiment dans les cryptomonnaies et utiliser des produits financiers plus complexes, vos clients partent sur d’autres plateformes comme Kraken, Binance, et avant FTX…

C’est effectivement un sujet, et nous avons eu beaucoup de retours des utilisateurs sur ce point. Certains veulent en effet des services beaucoup plus complexes, beaucoup plus poussées et nous devons être capables de leur offrir.

C’est pour cette raison que nous avons lancé Coinbase Pro cet été. Nous allons pousser la plateforme en Europe. Au Royaume-Uni, nous venons de lancer une campagne “zéro frais” pendant un mois, et nous allons faire pareil dans le reste de l’Europe.

Quelles sont vos ambitions avec Coinbase Pro ?

Nous voulons clairement être numéro 1. Le but est que les traders utilisent nos services parce qu’ils sont plus performants et plus sûrs.

Comment allez-vous réussir à y parvenir ?

Les investisseurs veulent travailler avec des plateformes qui leur offrent les meilleurs services, en toute confiance. C’est ce que nous essayons de créer avec Coinbase depuis plus de 10 ans.

Depuis sa création, Coinbase s’est diversifié au-delà de l’achat-vente de cryptomonnaies. Quelles sont vos autres activités ?

Aujourd’hui, seule la moitié de notre activité dépend de ce qu'on appelle globalement le trading de cryptomonnaies. Coinbase a été construit sur le trading des particuliers, mais depuis plusieurs années, nous ne cessons de nous diversifier.

Nous sommes présents dans les stablecoins avec Circle (Coinbase a investi dans Circle, qui émet le stablecoin USDC). Les stablecoins sont un outil essentiel pour l’adoption des cryptomonnaies, donc nous misons beaucoup dessus, et pas que sur l’USDC (dollar), nous voulons aussi que l’EUROC se développe.

Quelles sont vos autres activités hors trading ?

Il y en a beaucoup ! Il y a nos activités de “rendement” qui permettent à nos clients de placer leurs cryptomonnaies et de toucher une rémunération pour cela. La situation américaine n’est pas encore très claire sur ce sujet. Le régulateur américain (SEC) veut davantage contrôler les choses, mais on sent que cela avance (lire l’interview de Paul Grewal), et dans le bon sens.

Nous avons aussi évidemment Base qui est notre layer 2 sur Ethereum. C’est tout nouveau, mais nous comptons beaucoup sur ce protocole pour fournir un outil et des services à la communauté. Et enfin, il y a le sujet de notre portefeuille numérique, “Coinbase Wallet”. Nous travaillons dessus pour faire en sorte que nos utilisateurs puissent plus facilement passer de l’univers des cryptos à celui des monnaies traditionnelles, et vice-versa.

Comment vont les choses aux Etats-Unis ?

Comme vous le savez, les choses ne sont pas simples aux Etats-Unis (lire notre dossier). Nous avons plusieurs régulateurs : il y a un régulateur pour les actions, un autre pour les matières premières, sans même parler du fait qu’il y a des régulateurs aux niveaux fédéral et national...

Mais nous sommes très contents de voir ce qu’il se passe depuis quelques semaines. Les choses avancent, notamment du côté du Congrès. Plusieurs lois sur le secteur arrivent. Le but est qu’il y ait le plus de clarté possible sur la crypto.

Politiquement, les choses ne sont quand même pas si simples. Quels sont vos autres relais ?

Quand il n’y a pas la politique, il y a justement la justice. Nous pouvons utiliser les leviers judiciaires pour défendre nos intérêts et ceux de l’industrie. C’est ce que nous avons commencé à faire, et que nous allons continuer à faire.

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