L'entrée d'EDF dans l'écosystème des crypto-actifs franchit une nouvelle étape.
Sa filiale Exaion, spécialisée dans l'infrastructure blockchain, va lancer un service de conservation de cryptomonnaies destiné aux institutions financières et, en premier lieu, les banques. Une initiative qui pourrait renforcer la position de la France dans le secteur tout en répondant à une demande croissante de solutions souveraines et sécurisées.
D'ores et déjà enregistrée en tant que PSAN (Prestataire de Services sur Actifs Numériques) auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Exaion avait discrètement obtenu un enregistrement renforcé en décembre dernier.
Ce statut lui permet d'opérer à la fois des services d'échange et de conservation d'actifs numériques. Cependant, ce n'est qu'aujourd'hui que la filiale d'EDF officialise son ambition : offrir aux institutions un coffre-fort numérique de haute sécurité, comme l'annonce son CEO Fatih Balyeli dans une interview à The Big Whale.
>> Lisez l’entretien en intégralité : « Exaion et EDF veulent devenir le partenaire blockchain incontournable des institutions financières »
« L'idée, c'est d'accompagner les grands acteurs financiers dans leurs activités crypto en leur proposant une infrastructure souveraine et sécurisée », explique-t-il.
Ce service de custody, prévu pour le second semestre 2025, s'accompagnera également de solutions de staking et d’échange entre cryptomonnaies et monnaies traditionnelles.
L'arrivée en 2024 des ETFs Bitcoin et Ethereum aux États-Unis a marqué un tournant pour l'écosystème crypto, attirant les poids lourds de la finance, dont BlackRock, qui s’apprête à lancer un équivalent en Europe.
Pour ces institutions, la question de la conservation des actifs numériques devient centrale. La cible est claire : banques, fonds d'investissement et intermédiaires de premier plan. « Nous nous adressons aux grandes institutions qui ne peuvent pas se permettre de travailler avec des start-ups non réglementées », souligne Fatih Balyeli.
Des géants comme BlackRock ou JP Morgan pourraient ainsi figurer parmi les futurs clients d'Exaion.
>> Rapport The Big Whale : Tout sur le futur des wallets et de la conservation de cryptos
La carte de la souveraineté européenne Dans un marché largement dominé par des acteurs étrangers, aussi bien chez les fournisseurs de technologies de conservation comme les Israélo-américains de Fireblocks, que les custodians en tant que tels comme l'Américain Coinbase, Exaion joue la carte de la souveraineté européenne.
Sa solution de conservation repose sur une infrastructure HSM (Hardware Security Module) 100 % développée en interne, selon nos informations.
Ce positionnement permet à Exaion de séduire des clients à la recherche d'une solution souveraine, notamment en France et en Europe, où la réglementation autour des actifs numériques est plus stricte et aux les clients rechignent à passer par des services étrangers.
L'appartenance d'Exaion au groupe EDF représente un gage de confiance pour les investisseurs. Au-delà des certifications PSAN, Exaion vise des standards de cybersécurité élevés, notamment ISO 27001 et SOC 2.
L'adossement à EDF offre également un avantage stratégique : une énergie décarbonée et un accès privilégié à des infrastructures critiques. « La capacité d'EDF à fournir une électricité stable et propre est un atout majeur pour l'essor des data centers et des services numériques de demain. Nous contribuons à faire de la France un hub technologique incontournable », ajoute encore Fatih Balyeli.
Exaion n’en est pas à son coup d’essai dans le secteur crypto : comme nous l’avions révélé, le géant français, qui se refuse toujours à miner du bitcoin pour des questions « environnementales » que certains contestent, opère depuis quelques années des noeuds pour plusieurs grandes blockchains, comme Ethereum.