CCIP, l'arme institutionnelle de Chainlink
Entreprise historique du secteur, Chainlink s'est imposée comme le leader dans la conception d'oracles. Pour tenter de séduire les institutionnels du monde financier traditionnel, elle a développé le CCIP (Cross-Chain Interoperability Protocol) qui vise à résoudre de nombreux problèmes d'interopérabilité.
Ce n'est plus un secret pour personne. Aujourd'hui, la majorité des grandes institutions financières s'intéressent à la tokenisation et étudient des solutions pour déployer un maximum d'actifs du monde réel sur la blockchain.
"Dans cette optique, elles rencontrent actuellement deux problèmes majeurs : l'interopérabilité entre les blockchains mais aussi la transmission des données avec le monde réel", explique Zakaryae Boudi, PDG de FeverTokens, plateforme de smart contracts pour les entreprises qui travaillent avec plusieurs banques françaises et américaines sur ce sujet.
Chainlink ambitionne donc de répondre à ces deux problématiques pour se placer comme un partenaire central dans la tokenisation des actifs.
👉 Une alternative aux bridges classiques
Actuellement, pour passer d'une blockchain à une autre, les bridges sont encore la solution privilégiée du secteur. Problème, selon un rapport de Chainalysis, plus d'un tiers des sommes volées dans l'écosystème crypto en 2022 l'ont été via des bridges, soit plus de 2 milliards de dollars.
"Les bridges sont clairement une solution d'appoint en attendant mieux", remarque Frédéric Ocana, chef de projet en cybersécurité à la Banque de France de 2017 à 2021.
Créée en 2017 par Steve Ellis, Ari Juels et Sergey Nazarov, l'actuel PDG, Chainlink s'est d’abord fait connaître pour ses oracles, un ensemble de données qui permettent aux smart contracts de faire le lien avec le monde externe à la blockchain. En la matière, Chainlink est leader puisque l’entreprise sécurise plus de 45% des oracles du marché selon les données agrégées par DefiLlama.
Fort de cette expertise, Elle a développé ce qui est actuellement son produit phare, le CCIP (Cross-Chain Interoperability Protocol), réseau d'oracles décentralisés visant à permettre de passer le plus simplement possible d'une blockchain à une autre en fournissant une solution standardisée pour envoyer des données ou des cryptomonnaies.
Les participants au réseau vont opérer un nœud contre rémunération en LINK, la cryptomonnaie native de Chainlink. Comme dans un système de Proof-of-Stake classique, les participants vont être incités à bien effectuer leur travail par la mise en séquestre au sein du réseau d'un montant de LINK. En cas de manquement à la règle, une partie des tokens immobilisés peuvent être confisqués.
"C'est l'ensemble du réseau qui garantit la véracité des données transmises entre l'univers off-chain et on-chain", explique Zakaryae Boudi. CCIP se positionne donc comme une sorte de layer 0, infrastructure sur laquelle les blockchains comme Bitcoin ou Ethereum sont construites.
À ce titre, les concurrents directs au CCIP de Chainlink sont Axelar, qui a notamment travaillé avec JP Morgan, ou LayerZero, notamment soutenu par le fonds Andreessen Horowitz (a16z).
CCIP a officiellement été lancé cet été sur les Mainnets d'Avalanche, Ethereum, Optimism ainsi que Polygon. Les principaux protocoles de finance décentralisée à y être disponibles concernent les produits dérivés ainsi que les protocoles de prêts comme Aave.
"Tout comme le Web2 avait besoin de TCP/IP pour connecter des îlots isolés de réseaux informatiques, le Web3 a besoin d'une norme d'interopérabilité pour connecter des îlots de réseaux de blockchain", expliquent les équipes de Chainlink.
À ce jour, Chainlink revendique "plus de 8000 milliards de dollars de valeur transférée on-chain" via son réseau CCIP et a déjà réussi à nouer des partenariats avec les principaux poids lourds du secteur comme Circle ou Coinbase.
👉 Ambitions institutionnelles
Au-delà de l'univers crypto, Chainlink veut se placer comme un acteur de référence pour les institutions financières du monde traditionnel. Fin septembre 2022, l'entreprise annonçait travailler avec le réseau bancaire Swift qui accélère sur la question de la tokenisation (lire notre article). Aujourd'hui, elle travaille notamment avec BNY Mellon, BNP Paribas, Citi, Clearstream, Euroclear ou encore SIX Digital Exchange (SDX).
Le CCIP permet aux entreprises de se connecter et d'interopérer avec la blockchain directement via leurs systèmes backend existants. "Chainlink fournit un large éventail de paramètres rassurants pour les institutionnels notamment en termes de réglementation", explique Zakaryae Boudi. "Ils ont très tôt su se positionner sur ce créneau et du fait de leur longévité dans l'écosystème, apparaissent aujourd'hui comme un des acteurs parmi les plus crédibles du marché".
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