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BUIDL : Tout comprendre au fonds tokenisé de BlackRock

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BUIDL : Tout comprendre au fonds tokenisé de BlackRock

BUIDL : Tout comprendre au fonds tokenisé de BlackRockBUIDL : Tout comprendre au fonds tokenisé de BlackRock

Le plus grand gestionnaire de fonds du monde a lancé un produit qui promet de faire décoller les usages de la finance décentralisée.

C’est une annonce qui marquera l’histoire de la finance décentralisée (DeFi). Le 21 mars, BlackRock a officialisé l’arrivée de BUIDL (BlackRock USD Institutional Digital Liquidity Fund), un fonds tokenisé sur la blockchain Ethereum. “Ce lancement va accélérer bien des choses concernant la tokenisation”, confie un banquier français.

"Même si d'autres acteurs traditionnels ont déjà lancé des produits similaires, Blackrock apporte une exposition médiatique sans précédent et se donne les moyens d'intégrer son produit durablement dans la DeFi", note Sébastien Dérivaux, cofondateur de Steakhouse Financial, une société qui conseille les organisations autonomes décentralisées (DAO).

Mais BUIDL ne sort pas de nulle part. L’emblématique patron de BlackRock, Larry Fink, préparait son arrivée depuis plusieurs mois.

“Nous sommes convaincus que les technologies liées aux actifs numériques pourraient avoir un impact considérable”, écrivait-il en mars 2023 dans sa lettre annuelle envoyée aux investisseurs.

“La tokenisation pourrait rendre les marchés financiers plus efficaces en simplifiant la chaîne de valeur et en réduisant les coûts pour les investisseurs”, insistait le plus grand gestionnaire de fonds au monde (10.000 milliards de dollars sous gestion).

👉 Structuration et fonctionnement de BUIDL

Le fonds tokenisé est accessible uniquement à des investisseurs qualifiés, c’est-à-dire à des structures préalablement autorisées par BlackRock. Selon nos informations, la majorité des souscripteurs sont des entreprises du secteur crypto.

Les parts de ce fonds ne peuvent s'acquérir qu’en échange de l’USDC, le stablecoin adossé au dollar émis par la société américaine Circle, jouissant d’une solide réputation réglementaire (lire notre dossier sur les stablecoins).

Chaque token BUIDL correspond à une valeur stable d’un dollar. Sa détention permet de recevoir des dividendes sous forme de nouveaux jetons BUIDL, un rendement provenant de sa réserve investie pour l’immense majorité en bons du Trésor américain.

Les avantages par rapport à un investissement traditionnel dans des obligations souveraines sont nombreux : les dividendes sont versés quotidiennement et les investisseurs peuvent transférer les tokens du fonds 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Pour le moment, seuls les investisseurs white-listés par BlackRock peuvent s’échanger le token entre eux.

“Ce qui intéresse particulièrement les institutionnels est la possibilité de fractionner la réception du rendement sur des intervalles de temps très courts, une caractéristique inexistante dans le monde financier traditionnel”, explique Jean-Marie Mognetti, patron de CoinShares, l’un des principaux gestionnaires d'actifs européens spécialisés dans la crypto.

BlackRock s'appuie sur de nombreux acteurs majeurs de l'écosystème crypto pour faire fonctionner son produit. Anchorage Digital Bank, BitGo, Coinbase et Fireblocks figurent parmi ses prestataires les plus importants. La plateforme Securitize est chargée de la tokenisation du BUIDL. La banque américaine BNY Mellon assure, quant à elle, l'interopérabilité du fonds entre les marchés numériques et traditionnels.

“Le BUIDL n'en est qu'à ses débuts, son fonctionnement ouvre des perspectives industrielles très importantes et pave la voie à de nouvelles stratégies de gestion de fonds”, anticipe Jean-Marie Mognetti.

👉 Intégration dans la DeFi

Le projet de BlackRock pourrait rapidement être intégré dans les protocoles de finance décentralisée (DeFi), car il présente de nombreux avantages. “Le fait que le BUIDL soit composé d'actifs très peu risqués et qu'il soit émis par un acteur comme BlackRock en fait un candidat idéal pour assurer la collatéralisation des positions en DeFi ou pour diversifier la trésorerie des protocoles”, insiste Sébastien Dérivaux.

Un protocole DeFi a déjà annoncé l'intégration imminente du BUIDL. Il s'agit de Mountain Protocol, l'émetteur du stablecoin USDM, qui affiche une capitalisation de près de 150 millions de dollars et qui est l'un des premiers souscripteurs du fonds de BlackRock.

“En termes de stabilité et de régulation, l'actif de BlackRock remplit de nombreuses conditions. Ce projet pourrait être le premier grand pont entre la finance traditionnelle et le monde de la finance décentralisée”, déclare à The Big Whale Martin Carrica, cofondateur de Mountain Protocol.

Ondo Finance, qui est spécialisé dans la tokenisation d'actifs du monde réel et notamment des bons du Trésor américain, a quant à lui annoncé le 27 mars qu'il allait s'appuyer sur BUIDL pour gagner en efficacité.

D'autres projets, comme MakerDAO (qui émet le stablecoin décentralisé DAI), pourraient également l'adopter. Le protocole, s'appuyant de plus en plus sur une réserve de bons du Trésor américain (environ 30% d’actifs du monde réel dont quasiment au 3/4 de bon du Trésor actuellement), trouverait ainsi l'outil idéal pour optimiser son fonctionnement. Et il n’est pas impossible que les stablecoins centralisés (USDC par exemple) lui emboîtent le pas.

"Les réserves des stablecoins centralisés sont majoritairement composées de bons du Trésor américains qui, par défaut, se sont donc retrouvés comme les premiers actifs du monde traditionnel tokenisés. Il est naturel que la plupart des émetteurs s'intéressent de près au produit de BlackRock", insiste Marina Baudéan, directrice France et Benelux de 21Shares, l'un des principaux gestionnaires de fonds crypto européens et présent aux États-Unis avec un ETF Bitcoin.

À plus long terme, les produits de BlackRock pourraient jouer un rôle central dans l'écosystème DeFi de demain.

“Le BUIDL n'est que le début. BlackRock lancera bientôt d'autres produits tokenisés”, confie une source proche de l'entreprise de Larry Fink. Et d'autres concurrents pourraient bientôt suivre son exemple.

“Il est acquis que d'autres poids lourds de la finance traditionnelle emboîteront le pas dans les mois à venir”, anticipe Sébastien Dérivaux.

👉 Et après les bons du Trésor ?

Il était assez naturel que BlackRock s'appuie sur des bons du Trésor, car ce sont les produits “sûrs” offrant actuellement le meilleur rendement (5,4% annuel sur une maturité d'un mois). Néanmoins, l'attractivité de ce placement pourrait chuter dans les mois à venir si les banques centrales baissent leurs taux.

Par conséquent, nous devrions bientôt assister à l'émergence de fonds tokenisés détenant d'autres types d'actifs dans leur réserve, à commencer par l'or. La banque sino-britannique HSBC a annoncé le 27 mars le lancement d'un fonds tokenisé composé d'une réserve d'or, dont le token sera une représentation du métal sur la blockchain.

“Les bons du Trésor ne sont qu'un point de départ pour la tokenisation, qui va s'étendre à bien plus d'actifs traditionnels dans les années à venir”, explique Kevin Chan, vice-président du fonds de capital-risque américain BlockTower, qui a notamment investi dans Centrifuge et Maple Finance, deux projets de pointe dans la tokenisation d'actifs du monde traditionnel.

“Ces acteurs joueront un rôle clé, car ils promettent de gérer la liquidité dans le cadre d'une tokenisation incluant un plus grand nombre d'actifs du monde traditionnel. Nous n'en sommes qu'au début”, poursuit Kevin Chan.

Preuve que la tendance est prise très au sérieux par l'ensemble de la finance traditionnelle, un groupe de travail créé par le gouvernement britannique a appelé, le 26 mars, les entreprises à définir des stratégies visant à développer la tokenisation au Royaume-Uni.

Parmi les membres de cette commission figurent des géants tels que le London Stock Exchange, le Trésor britannique, le régulateur financier local…et le désormais incontournable BlackRock.

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