TBW #56 : Un bon ménage de printemps
Retrouvez toutes les informations de la 56ème newsletter Premium de The Big Whale.
THE BIG NEWS
NOS INFORMATIONS EXCLUSIVES 🗣
👉 Bilan en demi-teinte pour les NFTs des Schtroumpfs
Pas simple de lancer une collection de NFTs en plein Bear Market, et les porteurs du projet The Smurfs’ Society l’ont bien constaté.
En dépit d’une communication super bien léchée, la première phase de la vente qui s’est achevée la semaine dernière n’a pas été aussi bonne qu’espérée. “C’est pas mal vu les conditions de marché, mais nous aurions pu faire dix fois mieux il y a un an”, explique son responsable, Julien Romanetto.
L’enchère libre qui a permis de fixer le prix unitaire d’un NFT a débouché sur un montant de 0,17 ether (environ 300 euros). “Nous visions plutôt entre 0,3 et 0,5 ether”, reconnaît celui qui est aussi le cofondateur d’Arianee, même si cela ne constitue qu’une première partie de la vente ; 3000 NFTs étaient réservés pour cette opération sur un total de 12.500 NFTs.
Plusieurs personnalités du secteur y ont participé, offrant aux “Smurfs” (leur nom en anglais) une belle visibilité sur les réseaux sociaux 👀.
Le trader crypto connu sous le pseudonyme de High Stake Capital a par exemple placé 250 ethers, soit 443.000 euros. À lui seul, cet ami de l'équipe a raflé près de la moitié des 3000 NFTs mis en vente.
Sébastien Borget, créateur du métavers The Sandbox, a aussi participé.
“Avec le recul, je pense que les modalités de cette vente n’étaient pas claires pour tout le monde et cela a peut-être limité son efficacité”, souligne Julien Romanetto. Ce dernier se tourne désormais vers la deuxième partie de la vente où la quasi-totalité de la collection sera proposée à ceux qui avaient participé à un jeu (au prix de 0,17 ether par NFT). “En tout, nous espérons récolter entre 2 et 3 millions d’euros afin d’avoir la trésorerie pour exécuter nos idées”, indique-t-il.
Avec près d’un million d’euros gagnés la semaine dernière (moins 30% qu’il faut reverser aux ayants droit des Schtroumpfs), l’objectif semble réalisable.
The Big Whale lance sa cartographie de l’écosystème européen
Tous les projets européens qui le souhaitent peuvent renseigner leurs informations et figurer dans “The Ocean”.
Chaque projet intégré au sein de cette cartographie aura la possibilité, après le vote des 300 abonnés fondateurs de The Big Whale ❤️, de :
👉 Pitcher le projet auprès de la communauté de The Big Whale (20.000 membres)
👉 Être visible (avec une fiche) au sein d’un espace dédié dans The Big Whale
Le questionnaire est disponible en cliquant ici, et ne prend que quelques minutes. 😎
THE BIG REPORT
Gaming : la guerre du Web3 aura-t-elle bien lieu ?
Par Louis Lebouc (à Paris)
Que ce soit Ubisoft ou Sony, la plupart des acteurs historiques du jeu vidéo s’intéressent de plus en plus aux cryptos. Ils le font à la fois pour des opportunités business, et aussi pour contrer la montée en puissance d’acteurs 100% web3 qui ne cachent plus leurs ambitions...
D’habitude Sony réussit à bien garder ses secrets, mais cette fois-ci cela n’a pas marché. Il y a quelques semaines, une fuite a révélé que le géant 🇯🇵 avait déposé une nouvelle série de brevets liés à la blockchain et aux NFTs.
C’est la deuxième fuite à ce sujet en un peu moins d’un an 😅.
Selon les premiers éléments, qui n’ont pas été commentés par le groupe basé à Tokyo, les nouveaux brevets concernent la possibilité de posséder et utiliser des NFTs dans les jeux du fabricant de la Playstation 🎮. Il est même évoqué la possibilité de transférer ces NFTs vers d’autres univers, et donc potentiellement ceux de la concurrence.
Sans que cela soit marqué noir sur blanc, cela signifie que Sony pourrait, à termes, numériser tous les actifs de ses jeux, avatars, objets et autres afin de les rendre interopérables avec les autres.
👉 Vous pourriez, par exemple, utiliser un objet acheté dans God of War avec l’un de vos personnages sur… Call of Duty.
Si cette perspective n’est pas pour tout de suite, elle montre toutefois le mouvement des plaques qui est à l’oeuvre dans l’industrie du jeu. Sony n’est d’ailleurs pas le seul studio à regarder de (très) près la blockchain et les NFTs 👀.
Le fleuron 🇫🇷 Ubisoft travaille depuis quelques années sur ces questions.
Un autre français, Voodoo, qui n’est autre que le leader mondial du jeu mobile (6,4 milliards de téléchargements) a, lui, carrément annoncé une plateforme de jeux basés sur la blockchain. Comme nous l’avons révélé en début d’année, il y aura également une cryptomonnaie. Bref, ça bouge !
Les raisons de cet engouement sont assez évidentes.
L’industrie du jeu vidéo est certes en croissance constante, mais le nombre de joueurs n’est pas infini, que ce soit en France ou à l’échelle mondiale. Selon une étude de Médiametrie pour le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL), il y a déjà 37,4 millions de Français qui se considèrent comme des gamers.
Or pour continuer de se développer et de faire croître ses revenus, l’industrie doit trouver de nouvelles perspectives, et tout l’univers des cryptos lui fournit un terrain de jeu idoine.
“La possibilité de posséder des objets numériques ouvre un nouveau marché. Les joueurs ne vont pas payer uniquement pour des jeux, mais aussi pour des actifs numériques dont ils vont être propriétaires et qu’ils pourront s’échanger ou céder”, explique Jean-Christophe Liaubet (*), Managing Partner de EY Fabernovel.
Combien représente ce nouveau marché ? 🤔
Difficile de le savoir. Selon le cabinet Accenture, l’industrie du jeu vidéo pèse un peu plus de 300 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale.
Les chiffres varient, mais les achats d’objets et autres items dans les jeux représentent, eux, entre 50 et 100 milliards de dollars. Cela donne une idée du potentiel du marché des NFTs 💰 dans le secteur.
“Chaque innovation crée de nouveaux business models”
C’est aussi pour explorer ce potentiel qu’Ubisoft s’est lancé dans l’aventure en 2018 avec une équipe dédiée. “Le but était de comprendre la technologie et de développer des applications”, explique Nicolas Pouard, directeur du laboratoire d'innovations d'Ubisoft et cofondateur de la Blockchain Game Alliance.
Le studio français, connu pour des franchises à succès comme Assassin's Creed, dispose d’un incubateur web3 et lance régulièrement des expériences comme celles des Lapins crétins dans The Sandbox.
Signe que les choses sont toutefois loin d’être simples 😑, Ubisoft a stoppé l’année dernière le projet Quartz, une plateforme dédiée aux NFTs de l’éditeur avec Ghost Recon Breakpoint comme première grosse licence.
“Le jeu vidéo a toujours été parmi les premiers secteurs à se transformer. Chaque innovation crée de nouveaux modèles économiques même si ce n'est pas forcément évident à mettre en place”, explique Nicolas Pouard. De l’achat (du jeu lui-même ou des fonctionnalités en plus) au freemium en passant par la publicité ou l’abonnement, les jeux vidéo se monétisent désormais de manières très différentes.
Les jeux Web3 peuvent engendrer des revenus sur les transactions primaires des NFTs (lors du mint) ou secondaires (à la revente).
Le jeu basé sur les NFTs, Sorare, a ainsi généré plus de 300 millions de dollars de volume de transactions en 2021, soit 40 fois plus qu’en 2020. En dépit de la baisse des marchés, la licorne française, qui a vu baisser ses volumes en 2022, aurait toutefois réussi à les maintenir bien au-dessus de ceux de 2020.
Meilleure relation avec les joueurs
Les NFTs sont aussi l’occasion pour les studios de revoir leur relation avec les joueurs, parfois abîmée par la récente surmonétisation des jeux.
Certains expliquent ainsi que l’objectif avec les NFTs n’est pas de vendre plus, mais mieux et différemment.
“Les gamers ont le sentiment d’être pris pour des vaches à lait. La clé est de bien communiquer sur les avantages de la blockchain et de les rassurer sur le fait qu’ils pourront continuer à jouer comme avant”, assure Yoni Lasry, Head of blockchain investment & ecosystem lead chez Voodoo.
On se souvient par exemple du tollé suscité par le lancement de NFTs dans Ghost Recon par Ubisoft en 2021. Le studio avait dû rétropédaler face aux critiques de sa communauté, qui pensait que les NFTs proposés étaient payants, ce qui n'était même pas le cas… 🙃
Les NFTs permettent également d’intégrer davantage les gamers dans le développement des jeux et de les récompenser pour leur investissement personnel. Une dynamique communautaire revendiquée par Jérôme de Tychey, fondateur et CEO du jeu blockchain Cometh : “Nous avons impliqué nos joueurs dès la conception de Cometh Battle. Les joueurs deviennent parties prenantes et co-créateurs du jeu”.
Ainsi, les efforts des joueurs pourraient leur permettre de tirer des revenus de leurs victoires.
Chez Voodoo, les responsables web3 comptent sur cette approche pour convaincre les quelques sceptiques : “Grâce aux NFTs, nous pouvons mieux partager les revenus générés entre le studio et les joueurs, ce qui a un impact négatif à court terme, mais positif à long terme puisqu’ils vont rester plus longtemps. C’est du gagnant-gagnant” explique Yoni Lasri.
Enfin, c’est surtout l’occasion de personnaliser l’expérience de jeu des gamers : “En scannant un wallet, on peut se faire une idée du profil d’un joueur sans siphonner ses données et lui proposer une expérience sur mesure”, assure Jérôme de Tychey.
Mutation des acteurs du gaming
À terme, c’est tout le marché du jeu vidéo qui pourrait être chamboulé si les entreprises basculaient dans le web3 avec la possibilité de s'appuyer sur des acteurs comme The Sandbox. Le métavers français l’a déjà fait avec des marques partenaires comme AXA, Gucci ou Snoop Dogg.
Enfin, des acteurs hybrides émergent à l’image de Blackpool fondé par Julien Bouteloup : “Nous sommes à la fois un hedge fund, une écurie de e-sport et des consultants DeFi (finance décentralisée)”.
Le fonds investit massivement dans des jeux blockchains en achetant des actifs, ensuite utilisés par des équipes d’e-sport dédiées au jeu (une guilde). Les joueurs sont épaulés par une équipe d’analystes qui puisent dans les données de la blockchain ou du monde réel pour détecter les opportunités dans le jeu.
👉 Ce business model est très lucratif puisque Blackpool a doublé sa mise de 9 millions d’euros en investissant dans les cartes Sorare 🚀.
Au-delà des avantages business, les acteurs traditionnels se positionnent aussi parce que des acteurs purs web3 ne cessent de monter en puissance.
Les chiffres restent encore modestes, mais plus de 4 milliards de dollars ont été investis en 2022 dans les acteurs du blockchain gaming, ce qui permet à certains acteurs comme The Sandbox, Axie Infinity ou Immortal Game de faire office d’épouvantail pour une partie de l’industrie classique.
"Là nous sommes encore dans la phase d’amorçage, mais les choses vont s’accélérer. Dans moins de cinq ans, certains studios classiques vont être dépassés”, explique un investisseur du secteur.
Limites techniques de la blockchain
En attendant, les barrières sont encore un peu hautes pour les spécialistes web3.
Malgré les progrès de la scalabilité de la blockchain, “il va falloir encore attendre un peu avant de voir des jeux accueillir des centaines de milliers de joueurs”, explique Benjamin Charbit qui, avant de co-créer le studio Web3 Life Beyond Studios, a passé plusieurs années chez… Ubisoft.
Mais tous ne sont pas du même avis. “La blockchain est désormais assez mature pour fonctionner à plus grande échelle : un serveur décentralisé peut désormais accueillir jusqu’à 4000 joueurs en même temps”, explique Jérôme de Tychey.
La qualité moyenne (voire médiocre) des jeux blockchain d’aujourd’hui et la relative difficulté d’usage des wallets va toutefois continuer de pénaliser encore pour un temps les acteurs web3. Sans même parler du fait que les jeux en “Play to Earn” se heurtent à une barrière idéologique : pour la première fois dans l’histoire du jeu vidéo, des franchises mélangent produits financiers et gameplay. Or tout le monde n’adhère pas à cette philosophie. C’est même bien le contraire 😅 !
Dernier point, mais pas des moindres : l’opposition des acteurs historiques. “Même si des studios traditionnels lancent des initiatives crypto, ils n'y vont pas à fond parce qu'ils savent très bien qu’en poussant l’expérience plus loin ils menaceraient leur modèle économique”, assure Julien Bouteloup.
Est-ce pour cette raison que certains acteurs plaident aussi ardemment pour réguler le secteur ? “Les studios ne sont pas idiots, ajoute Julien Bouteloup, c’est une bataille. Il devrait y avoir des rachats à terme parmi les studios web3 car c’est le seul moyen pour les historiques de vraiment monter en compétence sur la blockchain.”
Les studios historiques savent qu’ils sont les mieux positionnés pour discuter avec le législateur : “C’est nécessaire pour proposer une expérience au grand public. Quand on mélange finance et loisir, les joueurs doivent n’avoir aucun doute sur leur expérience. Ils doivent se sentir protéger”, assure Yoni Lasry. Une position qui incite Voodoo à discuter avec les régulateurs français, mais aussi l’App Store d’Apple et le Play Store de Google.
“L’arrivée de Sorare dans le paysage a été une secousse pour le monde du jeu vidéo : la demande pour le crypto-gaming est là, c’est un fait. Les acteurs historiques ne vont pas se laisser faire, ils sont juste en train de préparer leurs armes ⚔️”, souligne Julien Bouteloup.
(*) Jean-Christophe Liaubet est actionnaire minoritaire à titre individuel de The Big Whale
THE BIG FOCUS
CoinVertible : les dessous du stablecoin de Société Générale
Par Grégory Raymond (à Paris)
Pour la première fois, une banque a émis un stablecoin sur une blockchain publique. Nous avons mené l’enquête pour en savoir plus sur ce projet.
La suite est disponible sur le site de The Big Whale. 🐳
Cette édition a été préparée avec ❤️ par Raphaël Bloch et Grégory Raymond. The Big Whale est un média libre et indépendant. En nous soutenant, vous participez à son développement.
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