Un projet français s’est offert une place remarquée au sein de la finance décentralisée (DeFi). Son nom ? Morpho. Le protocole imaginé par le Français Paul Frambot a attiré plus de 600 millions de dollars en valeur immobilisée en seulement sept mois d’existence…
C’est l’une des plus grosses croissances du secteur et probablement ce qui a attiré l’attention du jury des Web3 Awards, même si le projet avait déjà fait parler de lui avant le lancement de son protocole en juin 2022 avec une levée de fonds de 18 millions de dollars.
“Cela peut paraître prétentieux, mais je ne suis pas tellement surpris de remporter le prix de la meilleure innovation”, déclare Paul Frambot. “On est certainement l’équipe qui met le plus l’accent sur la recherche dans l’ensemble du secteur de la DeFi. Sur 20 personnes, il y a 17 chercheurs et ingénieurs. C’est peut-être d’ailleurs pour cela qu’on a encore des efforts à faire sur le marketing” (rires) .
La grande utilité de Morpho, c’est qu’il rend plus efficace les applications de lending comme Aave ou Compound, dont le rôle est de prêter des cryptos qui ont été déposées par d’autres utilisateurs (moyennant un intérêt).
Vous l’avez peut-être remarqué lorsque vous utilisez ces outils, il y a un écart très important entre les taux auxquels vous empruntez et ceux qui rémunèrent les utilisateurs apportant de la liquidité.
Par exemple, on constate mi-février un taux de 2,7% pour emprunter de l’USDC sur Compound et 1,3% lorsqu’on fait un dépôt avec ce stablecoin. Pourquoi une telle différence ?
Elle s’explique par le fait qu’il est nécessaire d’avoir beaucoup plus de capital mobilisé pour assurer la liquidité afin que tout le monde puisse emprunter ou retirer des fonds à tout moment. Mais ce n’est pas très optimal en termes d’efficience du capital. “Il y a encore trop de défauts dans la finance décentralisée actuelle, que ce soit en termes d’efficacité, mais aussi de risques, de modèle ou d’accessibilité des acteurs institutionnels”, rappelle Paul Frambot.
La solution de Morpho revient à se “brancher” au-dessus des protocoles de lending existants afin d’optimiser la liquidité en connectant plus efficacement l’offre et la demande. De cette façon, le taux baisse pour ceux qui empruntent, tandis que les déposants voient leur rendement augmenter. Dans le pire des cas, les taux ne peuvent pas être moins-disants que ceux proposés par les protocoles sous-jacents.
En clair : tous les utilisateurs d’Aave et Compound ont intérêt à passer par Morpho pour faire leurs opérations. Selon la société d’analyse Messari, Morpho a été en mesure d’offrir un taux de 65 points de base plus intéressant qu’en passant par Aave lors du quatrième trimestre.
Mais le projet ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin… “La feuille de route prévoit que nous prenions notre indépendance au bout d’un moment, notre objectif est plus large qu’un simple optimisateur”, indique Paul Frambot.
Parmi les grandes évolutions attendues : l’arrivée de frais (Morpho ne gagne encore pas d’argent en attendant que la réglementation se clarifie) et la mise à disposition du public du token MORPHO qui permet d'exercer la gouvernance (celui-ci est pour l’instant incessible). Selon de nombreux investisseurs du secteur, il serait l’un des plus attendus par le marché…