Édouard Steegmann (Spot) : “L’expérience utilisateur est cruciale pour un wallet”
Porté comme les autres par le crash de FTX, le wallet développé par les Français de Spot a dépassé les 500.000 téléchargements. Son CEO, Édouard Steegmann, revient sur les évolutions à venir du marché.
Nous sommes compatibles avec Bitcoin, Ethereum, Polygon, Solana et Tezos, et nous réfléchissons actuellement à l’ajout de nouveaux protocoles, comme Cosmos et des layers 2 d’Ethereum.
Nous permettons également d’afficher les NFTs développés sur Ethereum, Polygon et Solana. Nos utilisateurs apprécient beaucoup la qualité d’affichage de ces derniers. Peu de wallets permettent pour l’instant de mettre en valeur leur dimension graphique.
Vous avez une approche finalement assez similaire à votre concurrent ZenGo. Qu’est-ce qui vous différencie vraiment d’eux ?
Ils partagent avec nous l’idée que la simplicité est primordiale, mais nous avons des stratégies différentes. Spot est un wallet qui offre une souveraineté “totale”, tandis que ZenGo ne vous donnera jamais entièrement votre clé privée 🔑
Cela leur permet de garder les utilisateurs captifs (car ils ne peuvent pas migrer vers un autre produit, ndlr), alors que de notre côté nous préférons que tout le monde soit libre de changer de wallet s’il le désire.
Quel est votre modèle économique ?
Nous prélevons une commission à chaque fois qu’un utilisateur achète, vend, échange ou stake des cryptos. Actuellement, nos revenus viennent essentiellement de l’achat de cryptos. Nous collectons 0,85% sur le montant total payé par carte bancaire, mais on pense qu’à l’avenir il n’y aura quasiment plus de frais pour ce service.
À terme, nous allons surtout gagner de l’argent avec les activités à plus forte valeur ajoutée comme le staking ou les échanges crypto-crypto.
Vous n’avez jamais proposé du rendement via des prestataires de lending. Pour quelle raison ?
C’est une vraie question que, comme beaucoup d’acteurs, on s’est posés. Et après avoir pesé le pour et le contre, nous avons décidé de ne pas le faire. Pourquoi ? Parce que cela impliquait de travailler avec des intermédiaires centralisés comme Celsius et Nexo, ce que nous ne voulions pas faire. L’avenir nous a donné raison, même si c’était difficile de savoir que ce serait un tel bazar.
Sur la DeFi, si on se lance on veut que ce soit bien fait et simple à utiliser. En attendant, les utilisateurs expérimentés peuvent utiliser Wallet Connect dans Spot pour utiliser toutes les applications DeFi du marché.
Quelles sont les fonctionnalités que vous comptez ajouter dans les prochaines semaines ?
Nous allons continuer sur l’intégration des NFT développés sur Polygon, en ajoutant toutes sortes de données comme la variation du prix plancher ou les niveaux de rareté.
Globalement, nous croyons beaucoup à Polygon qui est une blockchain très intéressante et peu coûteuse. Nous allons aussi proposer des fonctionnalités de paiement de pair-à-pair comme le fait CashApp. Cela pourra être très utile pour les commerçants qui souhaitent accepter les paiements cryptos.
Pour ce service, on devrait mettre en avant un stablecoin (USDC a priori) sur Polygon (a priori aussi) et des fonctionnalités de type carnet d'adresses. Spot proposera aussi très bientôt un protocole de chat pour communiquer avec d'autres wallets et services.
Vous avez été l’un des premiers partenaires crypto du géant du paiement en ligne Stripe. Que pensez-vous de leur stratégie ?
Ils ont mis du temps à se lancer, comme beaucoup de gros acteurs traditionnels, mais ils sont actuellement l’un de nos partenaires les plus actifs. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils regardent déjà des applications DeFi…
Comment expliquer que Spot ne soit pas compatible avec les produits Ledger, alors que son cofondateur Éric Larchevêque est l’un de vos actionnaires ?
Nous voulions le faire au moment de la sortie du Ledger Nano X qui dispose d’une connexion bluetooth et permet de communiquer avec un smartphone. Mais, à ce moment-là (2019, ndlr), Ledger vendait encore beaucoup de Nano S qui, eux, n’ont pas de bluetooth. Maintenant que le Nano X est plus répandu, nous pourrions l’envisager 👀
Que pensez-vous de leur nouveau produit, le Ledger Stax ?
Honnêtement, c’est un beau produit et le fait que ce soit le designer de l’iPod qui ait travaillé dessus est un vrai plus.
Nous allons probablement faire en sorte de l’intégrer dans Spot. Le seul problème, c’est que Ledger n’a toujours pas trouvé la solution pour conserver la clé privée en dehors d’un bout de papier. Ce sera une révolution lorsqu'ils auront trouvé une solution.
Comment voyez-vous l’avenir du secteur des wallets ?
L’affaire FTX a clairement mis en lumière la nécessité de conserver soi-même ses cryptos. Pour vous donner une idée, le solde moyen des wallets Spot a doublé ces dernières semaines.
Après il faut être lucide, il y aura d’autres FTX parce que les gens veulent toujours plus de simplicité et les plateformes d'échange leur offrent cette simplicité. L’éducation prend du temps, mais on voit que les mentalités changent. Même Apple chiffre désormais de bout en bout iCloud, ce qui est une super nouvelle pour les wallets en cas de piratage !
Les NFTs ont été un accélérateur dans l’adoption des wallets. D’où viendra la prochaine vague selon vous ?
Je pense que le gaming Web3 sera un gros vecteur d’adoption et qu’il pourra attirer des centaines de millions d’utilisateurs.
Comment analysez-vous la polémique concernant Metamask qui collecte certaines données de leurs utilisateurs ?
Beaucoup se sont offusqués pour pas grand chose. Sauf à avoir trois ordinateurs, être en permanence sur le navigateur Tor (qui permet de surfer en toute discrétion sur le darkweb, ndlr) et n’avoir jamais révélé votre identité, vous êtes déjà connu et suivi par de nombreux services. Ceux qui font des reproches à Metamask sont probablement des personnes qui souhaitent échapper au fisc…
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.