Beaucoup l’ont déjà oublié, mais la sortie en 2019 de la carte de paiement crypto de Coinbase a été un tournant. À l’époque, c’était la première carte “grand public” qui permettait de dépenser facilement ses cryptos dans l'économie réelle sans repasser par son compte bancaire traditionnel. Tout n’était pas parfait, mais ce produit s’est révélé très attractif pour les utilisateurs.
Surtout, la carte Coinbase a fait des petits. Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de cartes qui ont sorties par d'autres acteurs. Si ces cartes utilisent les réseaux de paiement traditionnel comme Visa et Mastercard, elles ne fonctionnent toutefois pas toutes de la même manière, et les frais peuvent varier. On vous a préparé un article détaillé (avec un tableau 😎) pour vous repérer.
Des frais variés d’une carte à l’autre Les cartes les plus connues ont été lancées par des plateformes d’échange comme Coinbase , Binance, Cryptocom ou Bitpanda . La raison est simple : ces plateformes gagnent de l’argent lorsque vous vendez des cryptos. En vous fournissant une carte, c’est l’assurance pour elles de multiplier le nombre d’opérations (c’est exactement ce que font les banques).
Au moment de choisir celle qui vous convient le mieux, il faut surveiller les frais facturés lors de la vente des cryptos contre des euros que vous utilisez dans le commerce. Souvent, ce sont les mêmes tarifs pratiqués lors d’une vente classique sur la plateforme. Sur Binance ou Cryptocom, c’est peu coûteux (entre 0 et 0,1%). Mais Coinbase, prélève par exemple 2,5% du montant de la transaction !
Globalement, il faut être vigilant sur les petits frais “cachés”. Par exemple, lorsque vous souhaitez retirer du liquide au distributeur (Coinbase prélève 1,5% en plus). L'utilisation en dehors de l’Europe peut également provoquer de mauvaises surprises.
Les plafonds de paiement sont également à contrôler. Avec la carte de Cryptocom, cette limite est très élevée : on peut dépenser jusqu’à 25.000 euros par jour !
Du cashback… sous certaines conditions Pour vous séduire, les émetteurs de cartes “crypto” proposent souvent du cashback, c’est-à-dire qu’on vous reverse un petit pourcentage (en cryptos) de ce que vous avez dépensé 😏.
Du côté de Binance ou Cryptocom, le niveau de cashback dépend du nombre de BNB ou de CRO, leurs cryptos maison, que vous détenez. Sur Binance, on peut avoir jusqu’à 8% de cashback (versé en BNB) à condition d’avoir au moins 600 BNB (soit 120.000 euros au cours actuel).
Sur Cryptocom, on peut bénéficier de 5% de cashback (versé en CRO) à condition de posséder 350.000 euros de CRO.
Rassurez-vous, on peut être éligible au cashback avec des seuils moins élevés !
Mais soyez vigilant avec les plafonds : sur Binance on ne peut pas recevoir plus de l’équivalent de 100 euros par mois (un peu maigre si on est obligés de détenir 600 BNB…). Chez Cryptocom, il n'y a pas de limite pour les gros détenteurs de CRO. Bref, le diable se niche dans les détails…
Ce que l’on peut vous recommander, c’est de ne pas choisir votre carte en fonction du cashback. Le niveau des récompenses est souvent revu à la baisse par les plateformes car le cashback leur coûte cher.
En revanche, des modèles différents qui consistent à recevoir du cashback en bitcoins nous semblent plus séduisants. Bitpanda le permet, mais seulement à condition de détenir un certain nombre de BEST, leur propre cryptomonnaie. Un problème, encore, pour ceux qui ne souhaitent pas s’exposer à cet actif.
Au final, l’offre de cashback qui nous semble la plus pertinente est peut-être celle de la future carte de Bitstack. Lorsqu’elle sortira (fin d’année 2023), l’utilisateur recevra du cashback en bitcoins si la dépense est réalisée auprès d’un réseau de commerçants partenaires. Il n’y aura pas d'obligation de détenir une autre crypto. Et ça, on apprécie beaucoup.
La carte Gnosis en tête de l’innovation Il souffle actuellement un vent frais sur les cartes crypto avec l’annonce d’une nouvelle venue en juillet dernier : la Gnosis Pay Card.
Ce produit se veut très innovant car il est non-custodial. Qu’est-ce que cela veut dire ? Vos cryptos prêtes à être dépensées ne sont pas stockées chez quelqu’un d’autre (comme Binance, Cryptocom ou Bitstack). Mais cette carte n’est pas destinée à tout le monde…
Si vous faites confiance à l’entreprise qui gère vos cryptos, cette fonctionnalité n’est pas indispensable. D’autant que c’est plus difficile à gérer pour un débutant. La Gnosis Pay Card est avant tout réservée aux utilisateurs de cryptos les plus avancés qui accordent de l’importance à être seuls à exercer le contrôle sur leurs fonds.
Et la décentralisation a un coût : comptez des frais d’émission et d’expédition de carte de 30 euros. Ensuite, Gnosis prélève un peu moins de 10 centimes de dollar sur chaque transaction. Pour l’instant, on peut seulement dépenser des EURe, le stablecoin de la société islandaise Monerium.
C’est donc un peu limité, mais l’initiative est probablement la plus “crypto-ambitieuse” du secteur. On continuera à la suivre de près.
Attention à déclarer chaque opération au fisc ! Dernière recommandation, n’imaginez pas que dépenser vos cryptos avec une carte vous libère de vos obligations fiscales 😅. Comme chaque opération constitue une vente de cryptos contre de la monnaie légale, ce fait est générateur d’une plus ou moins-value qui doit être portée à la connaissance de l’administration fiscale.
Le taux d'imposition est fixé à 30% dans le cadre d’une plus-value et cela peut vous donner pas mal de maux de tête si vous utilisez souvent votre carte…
“Actuellement, le régime fiscal français appliqué aux cryptos n’a pas été pensé dans une logique de paiement”, déclare Pierre Morizot, patron de Waltio, un assistant spécialisé dans la déclaration fiscale de ses cryptos.