Avec Ordinals, la folie des NFT et des meme coins gagne Bitcoin
Depuis le début de l’année, il est possible de lancer des NFT ou des cryptomonnaies sur Bitcoin grâce au protocole Ordinals. Toute une industrie est en train de s’organiser autour, avec de juteux bénéfices à la clé.
Une véritable hype. Le 7 novembre, la plateforme Binance annonçait le listing d'ORDI, un memecoin issu de la blockchain Bitcoin. Au moment de son listing, son prix unitaire était d’un peu plus de 7 dollars. À l’heure de l’écriture de ces lignes, il dépasse les 20 dollars.
Ce memecoin a été lancé grâce au protocole Ordinals, présenté officiellement en janvier dernier par son créateur Casey Rodarmor, qui connaît un succès important depuis plusieurs mois maintenant. Et c’est toute une industrie qui s’organise.
“Chaque Bitcoin est composé de 100 millions de satoshis. Ce que permet le protocole Ordinals, c’est de les numéroter un par un pour ensuite pouvoir y attacher des données comme des images, une vidéo ou un message”, explique Fanis Michalakis, développeur chez LN Market.
“Au départ, Casey Rodarmor voulait simplement faire émerger des NFT sur Bitcoin mais rapidement, les cas d’usage sont allés bien au-delà”, remarque Simon Glâtre, ingénieur Bitcoin chez SATO Technology, entreprise spécialisée dans le minage de Bitcoin.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que les règles d’inscriptions Ordinals sont évolutives dans le sens où chacun peut en quelque sorte y ajouter ses propres règles. “La conséquence principale, c’est l’apparition du standard BRC-20 utilisé pour minter une multitude de memecoins en plus des NFT sur Bitcoin”, complète Simon Glâtre.
Depuis avril, et portées par ces nouvelles possibilités, les collections de NFT comme les Bitcoin Frogs fleurissent un peu partout sur Bitcoin. La capitalisation de marché totale de l’ensemble des memecoins atteint quasiment 1,5 milliard de dollars. Si le phénomène prend une telle ampleur, c’est aussi parce que certains acteurs permettent facilement d’en émettre, en quelques clics.
👉 Chasse aux satoshis rares
Magisat, Magic Eden, Gama ou encore la plateforme d'échange OKX se sont spécialisés dans la vente ou l’achat d’inscriptions ordinals. Concrètement, elles vont proposer à la vente des satoshis numérotés auxquels les utilisateurs vont pouvoir rattacher un NFT ou créer un memecoin en quelques clics. Plus le satoshi sera rare, plus le prix sera élevé pour y inscrire ses données.
Lorsqu’il a proposé le protocole Ordinals, Casey Rodarmor a tenté de définir une échelle de rareté, essentiellement déterminée par les événements périodiques propres au fonctionnement de Bitcoin.
Par exemple, le premier satoshi de chaque bloc miné aura une valeur plus grande que les autres. Les plus chers ? Le premier satoshi du Genesis Block, tout premier bloc miné sur Bitcoin. Les satoshis appartenant à la fameuse vente des pizzas contre 10.000 bitcoins initiée par le développeur Laszlo Hanyecz le 22 mai 2010 ont également leur propre rareté 😅.
En fonction de la rareté, les coûts d’inscription peuvent varier entre quelques centimes et plusieurs milliers d’euros, à partir desquels les plateformes vont toucher une commission.
“Si le phénomène prend autant, c’est parce que la communauté Bitcoin a désormais la possibilité de lancer ses propres NFT, qui ne sont plus l’apanage de la communauté Ethereum”, s’enthousiasme l’Allemand Robin Obermaier, qui a lancé sa plateforme de prêt et d’emprunt autour des NFT issus des Ordinals.
Avec les Ordinals, il est possible d’avoir son image directement on-chain, au contraire d’Ethereum qui ne donne accès qu’à une URL. C’est une donnée déterminante pour les collectionneurs”, poursuit Fanis Michalakis.
👉 Une aubaine pour les mineurs de Bitcoin
Alors que l’année 2022 a été pour le moins compliquée, l’arrivée des Ordinals sur Bitcoin est une véritable bouffée d’air frais pour les mineurs de Bitcoin avec l’augmentation des frais de transaction.
Dans un rapport récent, Glassnode a noté une augmentation exceptionnelle du nombre de transactions hebdomadaires au mois de mai. Celle-ci ont été supérieures de 39% au précédent record qui date de 2017. Rien que le 6 mai, plus de 400 000 inscriptions Ordinals ont été réalisées sur le réseau.
Après avoir connu un ralentissement significatif au mois d'octobre, un nouveau pic a été observé le 12 novembre avec plus de 500 000 inscriptions. “La récompense totale liée au minage d’un bloc a parfois été multipliée par deux”, explique Romain Nouzareth, PDG de SATO Technology.
A ce jour, le total des frais récoltés lié à Ordinals atteint les 88 millions de dollars selon les données agrégés par le gestionnaire d’actifs 21Shares.
Au-delà des frais de transaction, les mineurs vendent également leur expertise du réseau à des artistes désireux de minter une collection de NFT sur Bitcoin avec des paramètres un peu plus avancés que ceux proposés par les plateformes d’échange. SATO Technology a par exemple accompagné l’artiste Takeru Amano pour sa collection “Magic Eden”.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.