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Thibault Lecerf (Pernod Ricard) : “Nous sommes désormais prêts à explorer des cas d'usage plus axés sur les aspects financiers”

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Thibault Lecerf (Pernod Ricard) : “Nous sommes désormais prêts à explorer des cas d'usage plus axés sur les aspects financiers”

Fort d’une première expérience réussie en 2024, le géant des spiritueux compte accélérer dans le Web3.

Qu’est-ce qui a motivé Pernod Ricard à se lancer dans le Web3 ?

Pernod Ricard a été motivé par les opportunités offertes par la nouvelle technologie Web3, qui présente de nouveaux cas d’usages intéressants. La société a donc jugé crucial de ne pas manquer ces nouveaux services potentiels et d’être en anticipation plutôt qu’en réaction. L'engouement de 2021, marqué par un bull run et l'émergence de nombreux projets NFT et métavers, a également poussé certaines des 240 marques du groupe à exprimer leur intérêt pour ce secteur. Pour aborder ces sujets de manière structurée et sécurisée, nous avons formé une task force multidisciplinaire en interne, ayant aboutie sur la création d’une Web3 factory : un service d’expertise interne accompagnant les marques Pernod Ricard dans leurs initiatives blockchain / Web3.

Pouvez-vous présenter les projets réalisés ?

Il y a eu beaucoup de projets au cours des derniers mois, mais je retiens particulièrement The Whisky Exchange Cabinet et Ricard 3.0.

The Whisky Exchange Cabinet pour la proposition de valeur offerte aux clients. En effet, la plateforme met en vente des bouteilles de spiritueux exceptionnels. Une fois vendue, la bouteille reste en sécurité dans un coffre. L’utilisateur a le NFT, titre de propriété du spiritueux. Cela permet de limiter les risques de casse, de vol, de mauvais stockage mais surtout de faciliter la revente sur le marché secondaire (la bouteille n’ayant jamais quitté le coffre, il n’y a pas besoin de la faire expertiser), et il y a aussi des royalties sur les prochaines ventes, notamment pour rétribuer la marque à travers le temps.

Le second projet que je retiens est celui mené par les équipes de Pernod Ricard France et de l'artiste contemporain Neïl Beloufa. L'artiste a réalisé 6 objets de service qui intègrent les technologies Web3 et proposent un mode de service interactif du Ricard. L'utilisateur a en effet l'opportunité de créer et personnaliser son NFT Ricard 3.0 : ce dernier s'affiche en temps réel sur l'écran des sculptures et s'animera lorsque les bonnes quantités de Ricard et d'eau auront été servies. Pour le lancement du projet, les 6 objets ont été présentés à l'occasion du salon NFT Paris. À cette occasion, les utilisateurs avaient l'opportunité de créer leur NFT et d'interagir avec les objets.

Ce qui m'a surtout frappé, c'est l'engouement du public autour de cette activation : avec la possibilité de changer les métadonnées du NFT après sa création, de monitorer la consommation des utilisateurs, et la mise à jour en temps réel de l'écran des sculptures pour laisser apparaître le NFT de chaque utilisateur, les équipes ont proposé un projet vraiment solide d'un point de vue tech. NFT Paris regroupe un public de crypto-experts, d’artistes numériques, et j’ai été ravi de voir une marque bientôt centenaire susciter autant d’intérêts dans cette communauté.

Comment le développement des projets a-t-il été mené en interne ?

Pour centraliser les meilleures pratiques et minimiser les risques, nous avons créé une “Web3 Factory”. Celle-ci a permis de structurer plusieurs aspects clés de nos différents projets, tels que l'audit des smart contracts, la création et la gestion de wallets pour nos marques, ainsi que la conformité KYA (Know Your Adress) et KYT (Know Your Transaction) pour nous assurer de l’origine et de la provenance des fonds. Nous avons également établi un service de brokerage. Pour garantir la qualité et la sécurité, nous avons collaboré avec des partenaires de renom. Je pense à Taurus, Chainalysis et aussi Ennea, que je salue et remercie au passage.

Qu’est-ce qui fait que cela a été une réussite ?

Le succès repose à mon sens sur le savant mélange entre la liberté créative laissée aux marques et à la centralisation des compétences Web3 en interne. Nous avons constitué une équipe multidisciplinaire au sein de notre task force, comprenant des experts business, juridiques, techniques, fiscaux, légaux et marketing. Une coordination étroite avec nos prestataires, les marques du groupe et la Web3 Factory a également été essentielle. Nous avons adopté une approche pratique et proactive, ce qui nous a permis de maintenir une visibilité et une compréhension claire de chaque étape de la chaîne de valeur. L’idée a toujours été de mettre les mains dans le moteur, sans se laisser diriger par différents acteurs sans savoir de quoi il retournait.

Est-ce que vous avez quelques chiffres à partager ?

Lors de NFT Paris, les équipes de Neil et Ricard France ont minté environ 750 NFT pour le projet Ricard 3.0. En ce qui concerne The Whisky Exchange, les équipes ont vendu une bouteille à 14 ETH (soit 40.000 euros au cours de l’époque) en moins de cinq minutes.

Qu’est-ce que cette expérience a apporté au groupe ?

Cette expérience nous a permis de faire nos premiers pas dans le secteur du Web3 de manière mesurée, en intégrant le sujet en interne plutôt qu'en déléguant à des tiers. Cela a conduit à une grande évangélisation et formation des différentes parties prenantes au sein de l'entreprise. Nous avons également relevé des défis majeurs liés à l’audit, ainsi qu'aux problématiques comptables et fiscales. Les premiers cas d'usage marketing ont ouvert la voie à de nouvelles opportunités. Nous sommes désormais prêts à explorer des cas d'usage plus axés sur les aspects financiers et les transferts de valeur, notamment la tokenisation d’actifs qui pourrait être très intéressante pour le secteur des spiritueux.

Fort de cette expérience, quelles sont les bonnes pratiques à retenir pour les grands groupes qui souhaitent se lancer dans le Web3 ?

Pour les grandes entreprises souhaitant se lancer dans le Web3, il est déjà essentiel de dialoguer avec leurs pairs pour identifier les Do et le Don’t. Le choix des prestataires doit être également effectué avec soin. Il est aussi crucial, à mon sens, de ne pas tout déléguer : il faut s’impliquer directement, développer une expertise interne et se forger une conviction solide. Enfin, il est important d'arbitrer avec discernement et de n’adopter le Web3 que s'il apporte une véritable valeur ajoutée, une réalité économique et que ce cas d’usage ne peut être réalisé avec les technologies Web2.

Quels sont les cas d’usage les plus pertinents dans le Web3 pour un grand groupe ?

Pour le secteur des spiritueux, l'exemple de The Whisky Exchange Cabinet est particulièrement pertinent. En termes d’expérience client, le “token gating” est un dispositif prometteur. À l’avenir, la tokenisation d’actifs comme les fûts pourrait devenir courante. Les transferts internationaux 24/7 et le paiement de prestataires via des smart contracts offrent des avantages considérables. Je pense enfin à l’authentification. Bien que ce cas d’usage soit intéressant, il peut parfois être réalisé efficacement avec du Web2, comme le démontre l'exemple de ce que les équipes de Martell ont réalisé en Chine.

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