Sécurité : la grande exigence post-FTX
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Pour beaucoup d'institutionnels, l’éventualité de s’exposer aux actifs numériques revient toujours à se poser la même question : comment s’assurer que les fonds ne disparaîtront pas ?
L’effondrement en 2022 de la plateforme d’échange FTX, à l’époque présentée comme un acteur de référence pour les institutions financières, a laissé des traces et poussé les entreprises du secteur à hausser leur niveau de sécurité et de transparence. “Il y a deux ans, la question principale tournait autour du prix des services, mais les événements récents ont déplacé la priorité sur la sécurité des fonds”, confirme Jacques Lolieux, cofondateur du prime broker Aplo.
“Cette sécurité doit être démontré à plusieurs niveaux : résilience face aux piratages, puis vis-à-vis des fournisseurs tiers comme les plateformes d’échange”, souligne-t-il. Aplo assure à ses clients que les fonds ne sont jamais confiés à des tiers, à part lorsqu’il y a besoin de faire une opération de trading sur une Bourse. “Les fonds sont immédiatement rapatriés chez nous et conservés avec le plus haut niveau de sécurité”, explique-t-il.
Pour ses clients qui en ont besoin, Aplo propose des comptes ségrégués. Ce n’est pas le cas de tous, car laisser la gestion à Aplo permet d’accéder à une palette de services plus large, mais c’est souvent une condition sine qua non lorsque les clients viennent de la finance traditionnelle. “Notre mission est de répondre à tous les standards de conformité”, insiste Jacques Lolieux.
“Pour que les actifs numériques soient adoptés par les grands institutionnels, il faut remplir le cahier des charges auquel ces derniers sont habitués”, prévient Arnaud Grünthaler, avocat associé pour le cabinet Fieldfisher. “Il est d’ailleurs assez probable que les poids lourds traditionnels n’acceptent de travailler qu’avec les sociétés régulées par l’AMF et qui appartiennent à leur monde”, note-t-il. En tête, SG-Forge (filiale de Société Générale) ou CACEIS (filiale de Crédit Agricole).
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Alphacap Digital Assets, qui propose des services sur actifs numériques aux CGP, a conçu son modèle autour de la ségrégation des comptes. Alphacap est une filiale de Mata Capital, un poids lourd de l’investissement traditionnel qui gère deux milliards de d’euros. “Chacun des clients dispose de son adresse cryptographique et peut contrôler en temps réel ce qui se trouve dessus, c’est une preuve irréfutable pour ceux qui se demandent s’il n’y a pas un risque à la FTX”, indique François Laviale, managing partner d’Alphacap. L’entreprise conserve l’accès aux fonds, mais les risques de vol ou de piratage sont éloignés grâce à un dispositif multi-signatures partagé entre plusieurs sociétés de l’écosystème (dont les noms sont secrets). “Même si quelqu’un débarque avec une arme dans nos bureaux il sera impossible de vider les comptes”, explique-t-il.
“Les investisseurs posent beaucoup de questions sur la manière dont sont conservés les actifs numériques”, abonde Marina Beaudean, en charge de la France et du Benelux pour 21Shares, l’un des plus gros émetteurs d’ETC. “Ils veulent savoir à quel point c’est sécurisé et surtout s’il y a des garde-fous externes”, indique-t-elle.
Dans le cas des ETC de 21Shares, les actifs numériques sont conservés chez Copper et Coinbase Custody. “Nous travaillons avec eux car ils garantissent un niveau et une qualité institutionnelle. Coinbase Custody a notamment été sélectionné par BlackRock pour conserver les bitcoins de son futur ETF.
Pour son concurrent CoinShares, les actifs sont détenus par le dépositaire Komainu (joint-venture créée par Ledger, Nomura et CoinShares). “Lorsqu’un client souhaite acheter pour 50 millions de dollars de notre ETC, des crypto-actifs sont envoyés chez le dépositaire avant d’être certifiés par un administrateur indépendant”, explique Jérôme Castille, en charge de la conformité pour CoinShares en France. “Nous avons quasiment éliminé le risque de contrepartie, si CoinShares faisait faillite les actifs seraient quand même en sécurité”, insiste-t-il.