Sébastien Borget (The Sandbox) : “Il faut se concentrer sur des expériences de jeu attrayantes”
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Le créateur du métavers The Sandbox, sur lequel sont développés des jeux Web3, considère que le succès de l’industrie passera par sa capacité à offrir la meilleure expérience possible.
Le gaming Web3 s’adresse-t-il à tous les gamers ?
Le fait de pouvoir posséder ses actifs de jeu et décider de ce que l’on en fait va devenir un standard. Je suis persuadé que cela va s’installer partout. La distinction entre le gaming dit “Web3” et le reste va tendre à disparaître. D’ici peu, les joueurs viendront pour jouer et ils auront la liberté de faire ce qu’ils veulent avec ce qu’ils ont gagné. Les jeux deviennent des écosystèmes à part entière avec leurs propres économies. Chaque jeu sera une sorte de plateforme avec ses contributeurs.
Quels modèles économiques innovants sont arrivés avec le Web3 ?
Tout est encore loin d’être mature, mais il est évident que le Web3 apporte de l’innovation là où les modèles traditionnels n’évoluent plus depuis des années. Le “play-to-earn”, par exemple, s’est révélé être quelque chose d’intéressant dès son apparition. Nous commençons désormais à voir des plateformes qui récompensent les utilisateurs qui remplissent des tâches et des quêtes à travers différents jeux.
Je remarque aussi l’émergence des “open mints” où les premiers joueurs reçoivent des NFTs en récompense de leurs retours sur l’expérience de jeu. En revanche, je remarque qu’il y a de moins en moins de jeux qui se financent via des ventes de NFTs dès le départ. On observe que les gens veulent d’abord essayer le jeu avant d’acheter quoique ce soit. C’est probablement un signe de maturité du secteur car il est très risqué d’attendre deux ans entre l’investissement et la sortie du premier gameplay.
Beaucoup de jeux utilisant des NFTs n’ont rien de décentralisé. Leur couche “Web3” est-elle vraiment utile ?
Le fait qu’un actif soit sur une blockchain ne garantit pas une utilité illimitée, mais cela permet de repenser beaucoup de mécanismes. Un nouveau jeu peut par exemple cibler de nouveaux utilisateurs potentiels en fonction des NFTs qu’ils possèdent. Par exemple, il y a des jeux qui proposent des expériences spéciales aux gens qui détiennent des NFTs Bored Ape ou des CryptoPunks. Jusqu’à présent il était impossible de s’adresser aux gens qui avaient un niveau élevé à World of Warcraft, désormais c’est possible d’envisager ce genre de choses.
Que resterait-il à vos utilisateurs si la plateforme The Sandbox faisait faillite ?
Il resterait plusieurs choses : les “lands” qui correspondent aux parcelles des terrains dans The Sandbox, les avatars dont les modèles en 3D sont stockés de manière décentralisée, ainsi que les actifs en 3D réalisés par les créateurs. Ce qui pourrait disparaître, ce sont les expériences associées à chaque parcelle. Pour le moment tout cela est stocké sur les serveurs de The Sandbox. Mais à terme, nous espérons que tout sera sur la blockchain. L’idée c’est que tout puisse nous survivre.
De quelle façon un jeu peut-il survivre à ses créateurs s’il n’y a plus d’entité pour entretenir les serveurs ?
Il faut regarder des expériences comme celle de Counterstrike (célèbre jeu de tir à la première personne, ndlr). Je pense qu’il y a un futur où les gens pourront monter leur propre serveur.
Quel est l’appétit des géants du gaming traditionnel pour le Web3 ?
Il est assez important. Très tôt, le studio Square-Enix a investi dans plusieurs studios et lancé des titres. Il y a également Ubisoft qui a fait plusieurs partenariats, dont un avec The Sandbox, mais aussi Bandai-Namco, Habbo Hotel, Kongregate, etc. Ma perception c’est que beaucoup ont de l’appétit pour le Web3 et expérimentent sans que cela fasse trop de bruit. Ce qui semble assez probable, c’est que les géants vont créer des filiales dédiées au Web3 pour expérimenter et ne pas déstabiliser leur business historique.
Quels sont les plus gros défis pour améliorer l’adoption ?
Il y en a beaucoup ! La régulation, le contexte de marché autour des tokens, l’accès des utilisateurs, etc. Mais je pense qu’il faut surtout se concentrer sur des expériences de jeu attrayantes. Ça ne suffit pas d’offrir la détention des actifs de jeu. Les joueurs ont besoin de plus, ils veulent pouvoir jouer et s’amuser !
Quelles sont les meilleures blockchains pour le gaming ?
Cela dépend de beaucoup de choses, comme par exemple le type de communauté qui gravite autour de la blockchain en question, s’il y a des places de marché suffisamment liquides, si les joueurs visés sont sur ordinateur ou mobile, etc. Même si beaucoup pense à Ethereum, ce n’est plus le seul écosystème attrayant. Il y a par exemple ImmutableX qui s’est bien positionné sur le gaming, mais aussi Avalanche ou encore Sui qui commence à percer.