Liquid staking : une révolution pour la démocratisation
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Innovation majeure de ces derniers mois, le liquid staking offre des opportunités importantes aux utilisateurs de cryptos. Tour d'horizon des différents acteurs de ce marché en plein essor.
Le "liquid staking" révolutionne le monde du staking dans la blockchain, offrant des avantages substantiels par rapport au staking traditionnel. Cette innovation résout un problème majeur du staking classique : l'immobilisation des actifs. Habituellement, lorsqu'on stake des cryptomonnaies, les fonds sont bloqués pendant plusieurs jours ou semaines, limitant l'accès à la liquidité. Le liquid staking, en revanche, permet aux utilisateurs de conserver une forme de liquidité. Lorsqu'un utilisateur participe au liquid staking, il reçoit des jetons représentatifs de sa mise. Ces jetons peuvent être échangés ou utilisés dans d'autres applications de finance décentralisée (DeFi), tout en continuant à accumuler des récompenses de staking.
Cela signifie que les utilisateurs n'ont pas à choisir entre gagner des récompenses et avoir accès à leurs fonds pour d'autres investissements ou dépenses. Cette flexibilité est un atout majeur. Elle permet aux utilisateurs de réagir rapidement aux fluctuations du marché ou de saisir de nouvelles opportunités d'investissement sans sacrifier leurs récompenses de staking.
Enfin, le liquid staking rend le staking plus accessible, en particulier pour les petits investisseurs. Les montants minimums élevés et les périodes de blocage longues ne sont plus des obstacles, ouvrant la voie à une participation plus large et démocratisée. C'est une avancée significative dans l'écosystème des cryptomonnaies, mais il est crucial de rester conscient des risques, notamment en termes de sécurité et de dépendance aux protocoles tiers, notamment Lido, le mastodonte du secteur.
Lido, le géant incontournable
Lancé fin 2020, Lido a rapidement conquis le marché avec une offre attrayante : la possibilité de staker des ethers sans minimum requis, contrairement aux 32 ethers nécessaires pour former un nœud de validation, équivalant à environ 70.000 euros actuellement. En échange, les utilisateurs reçoivent un token synthétique, le stETH, dont la valeur est égale à celle de l'ETH immobilisé dans Lido (1 stETH = 1 ETH). Pour récupérer ses ETH, il suffit de retourner les stETH au protocole, qui les détruit ensuite. Cette méthode est à la fois simple et efficace. Lido regroupe les ETH collectés dans des pools confiées à 35 opérateurs professionnels tels que Blockdaemon, Figment ou Kiln. Lido représente 31,75% du staking total d'Ethereum. La répartition des pools est décidée par la DAO de Lido, via les détenteurs du jeton de gouvernance LDO. Le protocole prélève 10% des récompenses de staking comme rémunération. Le "stETH" constitue actuellement près de 70% du total des jetons de liquid staking en circulation, s'élevant à plus de 28 milliards de dollars (voir chapitre 6 pour en savoir plus sur Lido).
Rocketpool, le challenger
Face à la menace de centralisation posée par Lido, d'autres entités cherchent à proposer des alternatives. Parmi elles, Rocketpool se distingue. C’est une plateforme décentralisée offrant des services de nœuds Ethereum. Actuellement, environ 3% des ethers stakés utilisent ses services. Rocketpool se divise en deux segments principaux. Le premier s'adresse aux investisseurs incapables de gérer un nœud complet de 32 ethers. Mais Rocketpool permet également de staker sans minimum de dépôt et d’acquérir des "rETH", son propre jeton de liquid staking. Contrairement à Lido qui confie la gestion des nœuds à des opérateurs professionnels (comme Figment ou Kiln), Rocketpool permet de gérer ses propres nœuds grâce à son infrastructure technique. Cette option est accessible avec un apport de 8 ou 16 ethers. La plateforme associe les ethers des utilisateurs dans ses pools de staking avec ceux de l'opérateur de nœuds pour former un nœud complet de 32 ethers. Ce modèle offre la possibilité à davantage d'individus de gérer des nœuds complets, renforçant ainsi la décentralisation du réseau. Rocketpool compte actuellement plus de 3400 validateurs, presque cent fois plus que Lido.
Les opérateurs spécialisés, indispensables pour les corporates
Les opérateurs de nœuds comme Kiln, Figment ou Blockdaemon sont plébiscités par les acteurs institutionnels en raison d'une structure plus adaptée aux besoins de leurs clients. Ces derniers viennent staker leurs ETH auprès d'entreprises qui ont pignon sur rue, à la différence des protocoles comme Lido ou Rocketpool qui peuvent en refroidir plus d'un. Kiln offre la possibilité d'émettre un token de liquid staking en marque blanche pour le compte de ses clients.
Les plateformes d'échange à l'affût
Les plateformes d'échanges centralisées comme Coinbase ou Binance permettent à leurs utilisateurs de toucher des rendements issus du staking sans minimum grâce à la mise en place de pools à la manière de Lido en partenariat avec des opérateurs de nœuds. C'est notamment le cas de Kiln avec Coinbase Cloud. Aujourd'hui, 15% des ethers stakés passent par la plateforme américaine. En revanche, les commissions peuvent être assez élevées. Coinbase prélève par exemple 25 % des récompenses perçues par l'utilisateur (contre 10% sur Binance). Coinbase a été le premier exchange d'envergure à lancer son token de liquid staking, le cbETH, en 2022, essentiellement utilisable dans l'écosystème de son layer 2, Base. De son côté, Binance dispose également de son jeton de liquid staking, le BETH.
Diva Staking, le chaînon manquant entre Lido et Rocketpool
Même si le protocole est encore en phase de test (le lancement sur le mainnet est prévu pour la fin du premier trimestre 2024), les utilisateurs peuvent y déposer leurs ethers depuis septembre et toucher du rendement issu du staking. En quelques mois, Diva a déjà réussi à attirer plus de 120.000 ethers. C'est le protocole qui a enregistré le plus de dépôts en décembre.
"Diva arrive un peu en retard sur le marché mais propose une solution plus en phase avec l'esprit d'Ethereum", explique Guillaume B., membre actif de la communauté Diva Staking. "Le problème avec Lido, c'est que les opérateurs de nœuds partenaires n'apportent aucun ether et s'appuient uniquement sur la liquidité des utilisateurs", insiste-t-il. “Un peu à la manière de Rocketpool, Diva souhaite mieux répartir les dépôts d'ethers entre opérateurs et utilisateurs mais ambitionne aussi d'apporter plus de garanties de bon fonctionnement", poursuit-il.
Comme Rocketpool ou Lido, Diva permet à ses utilisateurs de staker des ethers sans minimum et reçoivent en échange un jeton de liquid staking, le divETH. Il est aussi possible de devenir opérateur de nœud à partir d'un seul ether déposé. Comme pour Rocketpool, Diva va associer les ethers déposés par les liquid stakers de manière à former un nœud de 32 ethers. À la différence de ses concurrents, Diva intègre directement la technologie DVT (Distributed Validator Technology). Elle permet de séparer en morceaux, en l'occurrence 16, la clé d'un validateur de manière à mieux décentraliser la gestion des nœuds et réduire au maximum les risques comme les actes de malveillance. Du point de vue de la décentralisation, c’est probablement une bonne chose.