Pourquoi les grands groupes s’intéressent au Web3
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Depuis l’émergence du Web3, les grands groupes scrutent attentivement ses implications et opportunités. À la croisée de la révolution numérique et de l’évolution des modèles économiques, il promet de transformer les pratiques commerciales en profondeur. Pour autant, tout n’a pas été parfait dès le début et il a fallu quelques années avant que l’on observe des expérimentations réellement pertinentes.
« Les grands groupes sont passés d’une phase opportuniste, marquée par des initiatives marketing sans réelle profondeur, à une phase plus stratégique et ambitieuse », indique Julien Furlanetto, cofondateur du cabinet de conseil spécialisé Doors3. « Environ 80 % des groupes du CAC 40 développent désormais des projets utilisant la blockchain pour des enjeux stratégiques, tout en explorant des technologies comme les univers immersifs, l'IA générative et le gaming », souligne-t-il.
Les cas d’usage ont évolué vers des domaines comme l’excellence opérationnelle (ressources humaines, RSE, supply chain, finance) et la création de nouveaux modèles économiques. « En termes d’expérience client, le token gating est très prometteur, mais les transferts internationaux 24/7 et le paiement des prestataires via des smart contracts offrent des avantages considérables », déclare Thibault Lecerf, qui pilote la stratégie Web3 du groupe Pernod-Ricard.
Cependant, des défis organisationnels et de gouvernance subsistent. « Les directions métiers veulent de plus en plus se saisir des enjeux, mais n'ont pas toujours le socle de connaissances nécessaire, tandis que les directions innovations restent souvent bloquées à la phase de preuve de concept », temporise Julien Furlanetto. L’une des clés est donc l’acculturation en interne et de ne pas trop déléguer à des tiers afin de bien maîtriser le développement.
« Pour les grandes entreprises souhaitant se lancer dans le Web3, il est déjà essentiel de dialoguer avec leurs pairs pour identifier les "Do" et les "Don't". Le choix des prestataires doit être également effectué avec soin. Il est aussi crucial, à mon sens, de ne pas tout déléguer : il faut s’impliquer directement, développer une expertise interne et se forger une conviction solide », ajoute Thibault Lecerf. « Enfin, il est important d'arbitrer avec discernement et de n’adopter le Web3 que s'il apporte une véritable valeur ajoutée, une réalité économique et que ce cas d’usage ne peut être réalisé avec les technologies Web2 », conclut-il.