Tokenization
Comment fonctionne la tokenisation d’un actif réel ?
La tokenisation consiste à représenter un actif traditionnel (comme une obligation, une créance, une part de fonds, etc.) sous forme de jeton numérique émis sur une blockchain. Concrètement, l’actif est immobilisé ou détenu par un tiers de confiance, puis des smart contracts sont créés pour générer des tokens équivalents à des parts de cet actif. Ces tokens peuvent ensuite être échangés, utilisés comme collatéral ou intégrés à des protocoles de finance décentralisée (DeFi), tout en étant inscrits de manière immuable sur un registre distribué. Cette approche promet une finance plus fluide, programmable et accessible.
Quel est le niveau d'adoption de la tokenisation ?
Malgré son potentiel, la tokenisation des actifs reste embryonnaire par rapport à la finance traditionnelle. En mai 2025, les actifs réels tokenisés atteignaient à peine 250 milliards de dollars, contre plus de 486 000 milliards pour les actifs financiers mondiaux. Mais cette faible part masque une dynamique de fond. Le crédit privé tokenisé, par exemple, a progressé de plus de 400 % en un an, pour atteindre près de 13 milliards de dollars. Le segment des bons du Trésor américains tokenisés, bien que modeste (6,2 milliards), suscite un intérêt croissant, notamment grâce à des produits comme USDY (Ondo), STBT (Matrixdock) ou BUIDL (BlackRock/Securitize).
Quels sont les cas d’utilisation concrets de la tokenisation ?
La tokenisation touche déjà plusieurs catégories d’actifs :
- Les stablecoins dominent avec plus de 90 % de la valeur totale des actifs tokenisés. Utilisés comme outils de règlement, réserves de valeur ou instruments d’adoption dans les pays émergents, ils dépassent désormais les volumes annuels de Visa.
- Le crédit privé connaît une forte accélération via des plateformes comme Centrifuge, Maple ou Tradable, qui permettent à des PME d’accéder à des financements alternatifs.
- Les matières premières, notamment l’or, sont de plus en plus tokenisées, avec 1,4 milliard de dollars sous forme d’actifs comme XAUT ou PAXG.
- Les fonds monétaires tokenisés, encore marginaux (7 milliards de dollars), offrent un fort potentiel de croissance, notamment via des produits adossés à des bons du Trésor et distribués onchain.
- Les actions, l’immobilier et les obligations d’entreprise restent peu représentés (moins de 1 milliard au total), en raison d’obstacles juridiques, techniques ou commerciaux persistants.
Quels sont les risques de la tokenisation ?
La tokenisation des actifs du monde réel s’accompagne de risques :
- Juridique : qualification incertaine des tokens selon les juridictions, droits des détenteurs peu harmonisés.
- Technologique : vulnérabilités des smart contracts, risques de piratage.
- Opérationnel : défis d’intégration pour les acteurs traditionnels, besoin de nouvelles infrastructures robustes.
- Liquidité : marchés encore peu profonds et manquant de contreparties, en dehors des stablecoins.
Quel cadre réglementaire pour la tokenisation des RWA ?
Un cadre réglementaire en construction, entre pionniers européens et accélération américaine
La tokenisation des actifs du monde réel (Real-World Assets, ou RWA) ne peut se développer sans cadre juridique clair. Elle implique en effet des instruments financiers (parts de fonds, obligations, actions) et des moyens de paiement (stablecoins), donc des réglementations multiples. Le principal enjeu est de concilier innovation technologique et sécurité juridique.
En Europe : un socle solide mais incomplet
L’Union européenne s’est dotée de deux piliers réglementaires pour encadrer la tokenisation :
• MiCA (Markets in Crypto-Assets), entré en application en 2024, encadre l’émission de stablecoins et les services sur crypto-actifs. Il impose aux émetteurs d’obtenir une autorisation, de respecter des exigences de transparence, de protection des investisseurs et de lutte contre le blanchiment (AML/KYC).
• Le Régime Pilote, en vigueur depuis mars 2023, permet à certaines infrastructures de marché d’expérimenter la négociation et le règlement d’instruments financiers sur blockchain publique, dans un cadre dérogatoire à MiFID II et CSDR.
Aux États-Unis : une dynamique plus volontariste
À l’inverse, les États-Unis accélèrent. Des acteurs comme BlackRock, Franklin Templeton ou JPMorgan émettent déjà des fonds, obligations et produits monétaires tokenisés sur des blockchains publiques, profitant d’un environnement réglementaire plus flexible (bien qu’encore en construction). Le Congrès discute activement d’un cadre pour les stablecoins (GENIUS Act, STABLE Act), tandis que des agences comme la SEC ou la CFTC s’adaptent à l’émergence des actifs tokenisés.
Les stablecoins au cœur de la régulation
Les stablecoins, éléments centraux de la chaîne de règlement, sont désormais considérés comme des jetons de monnaie électronique au sens de MiCA. Cela suppose des règles strictes sur la composition des réserves, la transparence, la gouvernance et l’interopérabilité. Mais l’usage de ces jetons pour le règlement-livraison des titres financiers (dans le cadre du Régime Pilote) n’est permis qu’à titre dérogatoire. En l’absence d’un euro numérique wholesale, la chaîne reste juridiquement incomplète.
Quel est le niveau d'adoption de la tokenisation ?
Malgré son potentiel, la tokenisation des actifs reste embryonnaire par rapport à la finance traditionnelle. En mai 2025, les actifs réels tokenisés atteignaient à peine 250 milliards de dollars, contre plus de 486 000 milliards pour les actifs financiers mondiaux. Mais cette faible part masque une dynamique de fond. Le crédit privé tokenisé, par exemple, a progressé de plus de 400 % en un an, pour atteindre près de 13 milliards de dollars. Le segment des bons du Trésor américains tokenisés, bien que modeste (6,2 milliards), suscite un intérêt croissant, notamment grâce à des produits comme USDY (Ondo), STBT (Matrixdock) ou BUIDL (BlackRock/Securitize).
Qui sont les principaux émetteurs de stablecoins ?
Les stablecoins représentent aujourd’hui plus de 90 % de la valeur totale des actifs tokenisés. En mai 2025, leur capitalisation dépassait les 230 milliards de dollars.
- Tether (USDT) reste largement dominant, avec plus de 147 milliards de dollars en circulation sur une quinzaine de blockchains. Sa liquidité, son ubiquité et son usage dans les zones émergentes en font un pilier de l’économie crypto, malgré une gouvernance peu transparente.
- USD Coin (USDC), émis par Circle, est plébiscité par les institutions pour sa conformité réglementaire et la qualité de ses réserves. Il est présent sur Ethereum, Solana, Avalanche ou Base, mais reste à la traîne en termes d’adoption face à Tether.
- Dai (DAI), stablecoin décentralisé de MakerDAO, continue d’évoluer avec une approche hybride mêlant collatéral crypto et actifs du monde réel.
- PYUSD (PayPal) et EURC (Circle) illustrent les tentatives d’intégration des stablecoins dans les usages plus traditionnels ou européens. Malgré leur crédibilité, leur adoption reste encore marginale.
Qui sont les principaux émetteurs de RWA tokenisés ?
- BlackRock USD Institutional Digital Liquidity Fund (BUIDL) sur Ethereum, réservé aux investisseurs qualifiés.
- Franklin OnChain U.S. Government Money Fund sur Stellar et Polygon, géré par Franklin Templeton.
- Ondo Short-Term U.S. Treasuries sur Ethereum, géré par Ondo Finance.
- Matrixdock STBT (Short-Term Treasury Bill Token) sur Ethereum.
- Backed Finance bIB01, bCSPX, etc. sur Ethereum, émis par Backed Finance (Suisse), adossés à des ETF traditionnels.
- SG-Forge obligations et parts de fonds tokenisées sur Ethereum, Polygon et Tezos, émis par Société Générale-FORGE (France), dans un cadre réglementé.
- Spiko Trésorerie Tokenisée sur Ethereum, projet français visant à démocratiser l’accès aux actifs monétaires tokenisés pour les entreprises.
Quels protocoles et plateformes supportent la tokenisation des RWA ?
Des plateformes spécialisées facilitent l’émission, la gestion et la distribution d’actifs tokenisés :
- Securitize, leader incontesté aux États-Unis, gère plus de 4 milliards de dollars et 550 000 comptes enregistrés.
- Maple Finance, pionnier du crédit privé tokenisé, connecte emprunteurs institutionnels et prêteurs DeFi via des pools décentralisés.
- Centrifuge, Goldfinch et TrueFi explorent aussi le crédit tokenisé, avec des approches différenciées.
- Tradable (1,8 Md$), peu connue mais soutenue par des investisseurs majeurs, émet des actifs de crédit sur zkSync.
Sur quelles blockchains les RWA sont-ils principalement émis ?
Les actifs réels tokenisés (RWA) sont déployés sur différentes blockchains, selon les priorités des émetteurs en matière de sécurité, de coûts, de conformité réglementaire ou d'efficacité opérationnelle. Voici les principales blockchains actuellement utilisées :
- Ethereum
Standard de facto pour la tokenisation des RWA, Ethereum bénéficie d’un haut niveau de sécurité, d’une grande liquidité et d’une intégration poussée avec les protocoles DeFi.
Utilisé par : BlackRock (BUIDL Fund), Ondo Finance (OUSG), Matrixdock (STBT), Centrifuge, TrueFi, Maple Finance, Backed Finance, SG-Forge, Spiko. - zkSync (Layer 2 Ethereum)
Solution de couche 2 basée sur des rollups à preuves de validité (ZK-rollups), offrant des frais très réduits et une compatibilité EVM.
Actuellement en phase d’expérimentation ou de déploiement initial pour plusieurs projets DeFi/RWA en quête de scalabilité, rapidité et conformité.
Intéressante pour : les futures applications RWA nécessitant confidentialité, conformité et efficacité transactionnelle. - Stellar
Blockchain conçue pour les paiements internationaux et la finance traditionnelle, avec des frais très faibles et une infrastructure simple.
Utilisé par : Franklin Templeton (Franklin OnChain U.S. Government Money Fund).
Avantageux pour : les institutions financières traditionnelles grâce à sa rapidité et sa facilité d'intégration. - Algorand
Blockchain performante avec finalité rapide et frais négligeables, pensée pour des cas d’usage institutionnels et conformes aux exigences réglementaires.
Utilisé par : divers projets pilotes de tokenisation d’actifs immobiliers, d’obligations ou de produits de microfinance.
Supportée par : Securitize, Instimatch et d’autres plateformes d’émission tokenisée actives dans l’écosystème européen.