TBW #56 : Ne pas se voir trop beaux
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THE BIG NEWS
đ Capsule Corp Labs (Ternoa) travaille sur une sĂ©rie A
Attendre que les marchĂ©s repartent ou profiter de la pĂ©riode pour accĂ©lĂ©rer ? Câest LE dilemme auquel sont confrontĂ©es la plupart des projets cryptos, et si certains ont dĂ©cidĂ© de temporiser, dâautres comme Capsule Corp Labs semblent avoir optĂ© pour la seconde option. đ
Selon nos informations, la sociĂ©tĂ© française qui Ă lâorigine du protocole Ternoa (dĂ©veloppĂ© sur Polkadot) a commencĂ© Ă travailler sur une nouvelle levĂ©e de fonds, qui serait une sĂ©rie A.
LancĂ©e en 2020, Ternoa est une blockchain de layer 1 spĂ©cialisĂ©e dans les NFTs utilitaires, notamment utilisĂ©s dans l'industrie du jeu ; Time guardian et Virtual regatta sont disponibles sur Ternoa. đź
Capsule Corp Labs chercherait Ă lever aux alentours de 15 millions dâeuros. Ă peu prĂšs 10 millions dâeuros seraient en actions de Capsule Corp Labs, et 5 millions dâeuros en caps, le token de la blockchain Ternoa.
Le processus de la sĂ©rie A nâen est quâĂ ses dĂ©buts, et vu le contexte (lire notre enquĂȘte), lâopĂ©ration pourrait prendre plusieurs mois, voire potentiellement ne pas aller Ă son terme.
Capsule Corp Labs a dĂ©jĂ levĂ© 7,3 millions dâeuros fin 2022 dans le cadre dâun premier tour de table, qui a Ă©tĂ© menĂ© par le fonds Omnes Capital đ«đ·, accompagnĂ© de deux fonds spĂ©cialisĂ©s dans le web3, Revam et DFG.
Avec cette nouvelle levĂ©e de fonds, Capsule Corp Labs, qui compte 60 personnes, veut continuer dâembaucher, se dĂ©velopper Ă lâĂ©tranger, notamment en Asie. Lâargent servirait aussi Ă prendre des bureaux Ă Paris pour accueillir les Ă©quipes et crĂ©er un showroom afin de permettre de tester les produits.
THE BIG REPORT
DAC 8 : lâarme fatale de lâUE pour surveiller les crypto-contribuables
Par Grégory Raymond (à Paris)
La Commission europĂ©enne prĂ©pare une directive qui permettrait dâempĂȘcher les dĂ©tenteurs de cryptos de contourner la fiscalitĂ© dans les 27 pays membres.
LâUnion europĂ©enne continue de mener ses chantiers sur la crypto. Ă peine quelques semaines aprĂšs lâadoption dĂ©finitive du rĂšglement MiCA par le Parlement europĂ©en, la Commission vient de lancer des travaux sur la fiscalitĂ© crypto, et plus prĂ©cisĂ©ment sur les moyens dâĂ©viter la fraude fiscale liĂ©e aux cryptomonnaies.
Câest un secret de polichinelle : les administrations fiscales des 27 Etats membres ne disposent pas dâoutils efficaces pour chasser ceux qui encaissent des plus-values et âoublientâ de les dĂ©clarer. đž
Selon la direction gĂ©nĂ©rale des Finances publiques, seulement 20.000 contribuables français ont dĂ©clarĂ© des gains en 2022 (au titre de lâannĂ©e 2021). MĂȘme sâil nâexiste pas de chiffres officiels prĂ©cis, ce nombre est clairement infĂ©rieur Ă la rĂ©alitĂ©, surtout eu Ă©gard au chiffre sur le pourcentage de Français dĂ©tenant des actifs numĂ©riques.
Selon le dernier rapport annuel KPMG-Adan, publiĂ© en avril, 10% des Français dĂ©tiennent des actifs numĂ©riques en 2023 ; câĂ©tait 8% en 2022.
âIl est difficile de connaĂźtre le nombre de Français (et EuropĂ©ens, NDLR) qui ne dĂ©clarent pas leurs revenus en cryptomonnaies, toutefois en croisant des donnĂ©es, on comprend que la fraude fiscale liĂ©e Ă ces actifs est encore trĂšs importanteâ, confirme Pierre Morizot, cofondateur de Waltio, un assistant fiscal qui aide les contribuables europĂ©ens Ă dĂ©clarer leurs plus-values crypto.
Si pour certains contribuables, il y a la volontĂ© manifeste de se soustraire Ă lâimpĂŽt, chez dâautres câest davantage la difficultĂ© de la dĂ©claration elle-mĂȘme qui les fait sortir des clous (notre guide pour tout dĂ©clarer dans les rĂšgles).
Toujours est-il que lâadministration fiscale ne sây retrouve pas lorsquâelle fait les comptes. đ€
âAlors que les Ătats cherchent Ă financer la transition Ă©cologique et Ă juguler les impacts socio-Ă©conomiques de la crise sanitaire, les plus-values rĂ©alisĂ©es sur la blockchain font figure dâEldoradoâ, indiquait dĂ©jĂ le cabinet PwC dans un rapport sur le sujet publiĂ© en 2021.
Selon la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine dâanalyse de donnĂ©es sur la blockchain Chainalysis, les Français auraient rĂ©alisĂ© 3,7 milliards dâeuros de plus-values crypto en 2021.
En thĂ©orie, cela aurait dĂ» faire rentrer 1,2 milliard dâeuros dans les caisses. Sauf que le TrĂ©sor đ«đ· a dĂ©clarĂ© Ă BFM Business nâavoir reçu que 400 millions dâeuros au titre de lâimpĂŽt sur les plus-values cryptos en 2022 (annĂ©e fiscale 2021).
Sans se lancer dans des grands calculs, le manque Ă gagner est assez Ă©vident.
Une solution qui a fait ses preuves : lâĂ©change automatique dâinformations
Câest pour aller rĂ©cupĂ©rer cette manne, en France et dans les autres pays de lâUnion europĂ©enne, que la Commission a entamĂ© les travaux sur sa directive DAC 8.
âLes Ătats ont fait beaucoup dâefforts ces derniĂšres annĂ©es pour lutter contre lâĂ©vasion fiscaleâ, explique Alexandre Lourimi, avocat fiscaliste pour le cabinet ORWL, spĂ©cialisĂ© dans le droit des technologies de rupture. âDans les cas des flux financiers, ce qui a Ă©tĂ© trĂšs efficace câest la mise en place dâune meilleure coopĂ©ration administrative entre les Ătats, et les cryptos nây couperont pasâ, souligne-t-il.
Les diffĂ©rents Ătats membres de lâUnion europĂ©enne seront bientĂŽt soumis Ă la 8Ăšme rĂ©vision de la directive relative Ă la coopĂ©ration administrative (DAC 8). Celle-ci concernera principalement les plateformes dâĂ©change crypto.
âActuellement, les Exchanges opĂ©rant sur le sol europĂ©en ont lâobligation de fournir un reporting des opĂ©rations de leurs clients auprĂšs de lâadministration fiscale oĂč ils sont installĂ©sâ, explique Alexandre Lourimi. âCâest efficace lorsque les clients sont du mĂȘme pays, mais ça se complique lorsquâils sont Ă©trangersâ, ajoute-t-il.
Autrement dit, le fisc français nâest pas forcĂ©ment au courant de lâactivitĂ© crypto dâun rĂ©sident fiscal français en⊠Italie. Et vice-versa.
Sauf que ce reporting sera bientĂŽt automatiquement envoyĂ© aux autoritĂ©s fiscales relevant du pays de rĂ©sidence du client. ConcrĂštement, le fisc français sera au courant de ce que font des contribuables sur la plateforme dâĂ©change autrichienne đŠđč Bitpanda sans mĂȘme avoir Ă le demander.
âLe prisme des information est trĂšs large, il y a bien Ă©videmment le nom des clients et leurs coordonnĂ©es, mais aussi toutes les transactions rĂ©alisĂ©es dans lâannĂ©e, câest-Ă -dire les dĂ©pĂŽts, les retraits, les cryptos auxquelles ils ont Ă©tĂ© ou sont exposĂ©s, les Ă©changes crypto-crypto, les Ă©changes crypto-fiat, les revenus de staking ou encore les cryptos reçues dans le cadre dâairdropâ, Ă©numĂšre Alexandre Lourimi. đĄ
Lâadoption de DAC 8 nâest pas encore validĂ©e, mais il y a de (trĂšs fortes) chances quâelle passe.
Avec le calendrier actuel, on peut tabler sur une entrée en vigueur en 2026. Soit peu ou prou lorsque le rÚglement MiCA sera totalement actif.
Lâadministration fiscale traquait jusquâĂ prĂ©sent les incohĂ©rences
Le fisc nâa Ă©videmment pas attendu la directive DAC 8 pour agir, mais le dispositif demeure peu ciblĂ©. Les plus gros poissons se font gĂ©nĂ©ralement attraper en envoyant des fonds sur leur compte bancaire depuis une plateforme dâĂ©change crypto.
Lâalerte est dĂ©clenchĂ©e par les banques. Lorsquâelles dĂ©tectent un mouvement suspect, elles ont lâobligation dâinformer les services de renseignement en charge de la lutte contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et la fraude fiscale. En France, câest TracFin. đ
Sans cela, le fisc Ă©volue quasiment Ă lâaveugle.
Mais que faut-il entendre par âsuspectâ ?
Si vous recevez une montant inhabituel par rapport Ă vos flux rĂ©guliers (par exemple 100.000 euros alors que les plus gros versements sont vos salaires), il y a de fortes chances que vous fassiez lâobjet dâune demande dâinformation de la part du fisc (lire notre enquĂȘte sur les techniques du fisc pour repĂ©rer les fraudeurs).
âLâadministration fiscale nâa actuellement pas les capacitĂ©s de suivre tous les mouvementsâ, relĂšve toutefois Alexandre Lourimi. âDe nombreux contribuables, notamment ceux qui encaissent des plus-values petites ou moyennes sans Ă©veiller la vigilance des banques, passent probablement Ă traversâ.
Avec DAC 8, absolument tous les flux seront automatiquement transmis au fisc de chaque pays dâorigine des clients, peu importe oĂč se trouve en Europe la plateforme đ„ž.
Lâadministration sera donc en capacitĂ© dâavoir une vue beaucoup plus fine sur lâensemble des portefeuilles cryptos des contribuables.
Reste nĂ©anmoins le cas des plateformes extra-europĂ©ennes (mĂȘme si en thĂ©orie toute plateforme qui compte au moins un client europĂ©en doit ĂȘtre enregistrĂ©e quelque part en Europe)...
LâOCDE prĂ©pare un dispositif similaire Ă DAC 8
Pour les plateformes Ă©voluant hors dâEurope, lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE), qui rassemble 38 pays (dont la France), planche sur un systĂšme similaire dâĂ©change automatique dâinformations.
Le nom de ce systĂšme : Crypto Asset Reporting Framework (CARF) pour âcadre dĂ©claratif des crypto-actifsâ. Il fonctionnera sur le mĂȘme principe que DAC 8 (ce dernier en est dâailleurs inspirĂ©), mais avec une cible beaucoup plus large.
Etant donnĂ© que ce dispositif nĂ©cessite la signature dâune convention multilatĂ©rale entre les Ătats, son entrĂ©e en vigueur pourrait prendre des annĂ©es. âCe type de nĂ©gociation est trĂšs longâ, insiste Alexandre Lourimi.
Au final, les comptes crypto seront soumis au mĂȘme rĂ©gime que le systĂšme financier traditionnel qui a lâobligation, depuis 2014, dâĂ©changer automatiquement toutes les informations des clients avec leur pays de rĂ©sidence.
Câest notamment cela qui a mis fin au secret bancaire en Suisse đšđ.
Selon lâOCDE, les renseignements Ă©changĂ©s entre Ătats ont concernĂ© plus de 111 millions de comptes financiers portant sur prĂšs de 11.000 milliards dâeuros dâactifs financiers au cours de lâannĂ©e 2021.
âLe cĂŽtĂ© positif de la chose, câest que cela va contribuer Ă faire sortir le secteur crypto de sa clandestinitĂ©, ne serait-ce que du point de vue des banques qui ne sont pas Ă lâaise avec leurs clients qui investissent dans les cryptosâ, estime Alexandre Lourimi. âElles auront beaucoup moins de raisons de se mĂ©fier en voyant un virement depuis une plateforme dâĂ©change qui coopĂšreâ, poursuit-il.
NĂ©anmoins, il faut se poser la question de la vie privĂ©e dans un monde oĂč plus grand chose nâĂ©chappe Ă la surveillance des Ătats et des grandes entreprises.
âJe rappelle que les Ă©changes Ă©conomiques font partie intĂ©grante de la vie privĂ©e des individusâ, prĂ©vient lâavocat.
THE BIG FOCUS
âOpepen Editionâ : la collection NFT du mois de mai
Par Konohime, analyste NFT (Ă Nantes)
Chaque mois, The Big Whale va analyser une collection de NFTs. Pour cette premiĂšre, nous avons choisi de nous pencher sur lâOpepen Edition de Jack Butcher connu sous le pseudonyme âVisualize Valueâ.
La suite est disponible sur le site de The Big Whale. đł
Cette Ă©dition a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e avec â€ïž par RaphaĂ«l Bloch et GrĂ©gory Raymond. The Big Whale est un mĂ©dia libre et indĂ©pendant. En nous soutenant, vous participez Ă son dĂ©veloppement.
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Avant dâinvestir dans un produit, lâinvestisseur doit comprendre entiĂšrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.