Eli Ben-Sasson (StarkWare) : “La sobriété énergétique est devenue un sujet essentiel”
La sobriété énergétique est devenue un sujet essentiel, que personne ne peut plus esquiver. Regarder le temps qu’il fait dehors ! C’est nécessaire d’avoir des blockchain moins gourmandes en énergie, et le Proof-of-Stake (PoS) doit permettre d’y parvenir. Je sais qu’il y a un débat autour de la sécurité du PoS, mais vous savez, si le Proof-of-Work (utilisé par Bitcoin et Ethereum jusqu'à présent, ndlr) avait été présenté il y a plusieurs années à des responsables académiques, ils auraient tous été unanimes pour dire que ce n’est pas un système suffisamment “sécurisé”, donc je me garderais bien d’être péremptoire sur la sécurité du Proof-of-Stake. Nous avons beaucoup étudié le fonctionnement du PoS, et identifié quelques faiblesses potentielles. Mais la vraie question est de savoir comment cela marchera après l'implémentation. Et ça, personne ne peut vraiment le prédire…
Les reports successifs de la mise à jour n’ont-ils pas altéré la confiance ?
Le passage au PoS est un chantier énorme, donc c’est normal. Il est très difficile de mettre à jour un système comme celui d’Ethereum, car le protocole héberge énormément de valeur et d'utilisateurs. Ce n’est pas comme si l’on partait d’une page blanche. Je suis sûr que les développeurs Ethereum, qui sont parmi les meilleurs du monde, savent ce qu’ils font.
Quels sont les principaux services développés par StarkWare ?
Nous en avons deux principaux. D’un côté, StarkEx, qui est une solution adaptable pour chacun de nos clients et qui permet à des projets comme Immutable ou Sorare d’augmenter le nombre de transactions gérées sans faire exploser leur frais d'utilisation. Et de l’autre côté, nous sommes en train de développer StarkNet qui se rapproche d’Ethereum dans son fonctionnement : c’est un réseau sans permission sur lequel tout le monde peut développer et construire des applications décentralisées. StarkNet est actuellement en phase alpha, cela qui dire que seule une petite poignée de développeurs y a accès.
Vous avez récemment confirmé le lancement de votre token, mais pourquoi avez-vous besoin d’un token natif alors que votre fonction est d’améliorer la scalabilité d’Ethereum ? Ne pouviez-vous pas simplement utiliser l’ether (ETH) ?
Un écosystème a besoin d'un token pour fédérer sa communauté, et il faut que celui-ci soit indépendant de tiers pour fonctionner correctement. Je vais prendre un exemple tout simple : imaginons que nous souhaitions mettre à jour notre système. Qui doit avoir le pouvoir de s’exprimer sur ce changement ? Notre communauté ou bien celle d’un autre écosystème ? La réponse est évidente, évidemment la communauté StarkNet. Celle-ci se définit par les détenteurs des tokens. Et puis l’utilisation d’un token que ne nous ne contrôlons pas directement nous rendrait trop dépendants des choix d’autres projets. Enfin, avoir un jeton natif permet de récompenser les membres de la communauté qui améliorent l’écosystème. Pour ces trois raisons, nous pensons que la création d’un token est justifiée et que la communauté apprécie ce choix.
StarkWare a levé beaucoup d’argent ces derniers mois, la société est désormais valorisée 8 milliards de dollars. Prévoyez-vous une introduction en Bourse sous peu ?
Ce n’est pas encore d’actualité (rire). Nous avons d’autres priorités avant d’aller en Bourse. Jusqu’à présent, Starkware n’a eu aucun problème à se financer. Lorsque nous l’avons fait, le marché se portait très bien, mais l’environnement macro-économique s’est récemment détérioré. Ce n’est donc pas idéal pour lever de nouveaux fonds, mais ce n’est pas un problème car nous n’en avons pas besoin au moins dans l’immédiat.
Pensez-vous que l’année 2022 sera marquée par le décollage des protocoles Layer 2 d’Ethereum?
Oui, je l’espère. Mais si ça prend un peu plus de temps et que l’adoption se fait en 2023, ce n'est pas très grave. Dans tous les cas, c’est imminent. Nous y assisterons avant 2024.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.