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dYdX : enquête sur “l'anti-FTX”

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dYdX : enquête sur “l'anti-FTX”

dYdX : enquête sur “l'anti-FTX”dYdX : enquête sur “l'anti-FTX”

‍En quelques mois, dYdX s’est imposé dans le paysage crypto. Comme le montre ses derniers chiffres stratosphériques, la plateforme décentralisée d’origine américaine a profité de la chute de FTX et des doutes croissants autour des acteurs centralisés. Mais est-ce la seule explication ? On a cherché à le savoir 👀

Aucune plateforme n’offre à la fois des produits complexes et la possibilité de détenir soi-même ses actifs. C’est justement ce que dYdX offre 🤓

“Le grand avantage de la finance décentralisée, plus que sa décentralisation, c’est la transparence des échanges”, explique Pablo Veyrat, cofondateur du protocole Angle. “Contrairement à la finance traditionnelle où l’on est contraint de faire confiance à certains acteurs, les plateformes décentralisées permettent de suivre soi-même les fonds en temps réel sur la blockchain. Et dYdX fait partie de ces nouveaux outils”, insiste-t-il.

Vous connaissez certainement Uniswap (620 milliards de dollars de volume en 2022), qui permet d’échanger des cryptos directement entre utilisateurs ? dYdX est en quelque sorte son émanation “professionnelle”. Elle permet de placer des ordres d’achat ou de vente en prévision d’un prix futur, tout en offrant des effets de levier permettant de multiplier les gains ou les… pertes !

Concrètement, c’est comme utiliser Binance, mais de façon transparente.

Un token qui décolle

Les résultats sont là : depuis l’annonce de la faillite de FTX, le prix du token de gouvernance de dYdX, le DYDX, a connu une croissance assez énorme, alors même que les marchés ne sont pas au mieux. Il a plus que triplé et vaut aujourd’hui un peu plus de 3,2 dollars !

Reste que la plateforme n’a pas encore atteint la taille des Exchanges centralisés qui ont un avantage de poids : les liquidités. “C’est le nerf de la guerre”, glisse un investisseur. Plus une plateforme a des liquidités, plus elles assurent à ses clients d’exécuter les ordres aux conditions prévues et sans écart de prix 😅

“Le succès d’un Exchange se construit sur le niveau de ses frais, ses fonctionnalités, son interface et la palette des outils avancés qu’il propose”, indique Cyril Gerbet, alias CryptOdin, à la tête du cabinet de consulting Genesis Partners. “Mais sa liquidité est vraiment la clé. Qui voudrait faire du trading avec un outil avec lequel vous n’êtes pas sûr d’effectuer votre opération au prix que vous pensez avoir validé ?”

“Les ordres sur les grosses capitalisations (BTC, ETH, AVAX, SOL, MATIC, LINK, ATOM) passent sans problème”, explique de son côté DocKov, un membre de la communauté de The Big Whale qui utilise dYdX. “En revanche, c’est plus compliqué pour les cryptos où les volumes sont plus faibles. il arrive que les stop-loss ou les take profit s’annulent en raison d’un manque de liquidités dans le carnet d’ordres”, complète-t-il.

“Par rapport à des grosses plateformes centralisées comme Bybit ou Binance, l’utilisateur sera forcément désavantagé”, ajoute Cyril Gerbet.

Mais le protocole est encore jeune et continue de s’améliorer. L’un des grands défis de dYdX sera d’attirer de nouveaux utilisateurs pour augmenter ses liquidités. Et pour y parvenir, la plateforme mise sur des frais particulièrement bas 👀

Le DEX le moins cher du marché

dYdX ne facture pas de commissions en dessous de 100.000 dollars de volume mensuel. C’est tout simplement l’Exchange le moins cher du marché pour les “petits” investisseurs.

À noter que dYdX est aussi très compétitif pour les plus gros investisseurs, c’est-à-dire ceux dont les volumes dépassent 50 millions de dollars par mois. Pour eux, les frais sont également inexistants.

Seuls les investisseurs “intermédiaires” payent des frais.

Fais

GMX, le grand adversaire

Le principal concurrent de dYdX est GMX. À elles seules, les deux plateformes représentent environ 70% des revenus générés par l’ensemble des “DEX” (Perp, Kwenta, Metavault, Pika, Mycelium, Mux, etc.).

Mais leur stratégie est très différente.

👉 D’abord sur le prix : GMX est plus cher. La plateforme propose une structure de frais fixes (0,1% pour ouvrir ou fermer une position + une petite commission d'emprunt qui s'accumule chaque heure), ainsi qu’une commission comprise entre 0,2% et 0,5% si l’on achète ou l’on vend au comptant.

Grâce à cette approche, GMX génère des revenus quotidiens plus importants que dYdX, mais l’Exchange prend aussi le risque de se faire grignoter au fur et à mesure des parts de marché.

Volume

👉 Puis sur la rémunération de la communauté : du côté de GMX, chaque utilisateur qui immobilise le token GMX dans le protocole reçoit une partie des frais payés par l’ensemble des traders.

Ce système explique en grande partie la santé insolente du jeton de GMX (il a aussi triplé depuis le crash de FTX). Ces récompenses sont versées en ETH si l’on utilise la blockchain Arbitrum (une couche secondaire d’Ethereum) ou en AVAX si l’on utilise Avalanche.

Du côté de dYdX, les choses sont différentes. Les frais de trading sont intégralement touchés par dYdX Trading, la start-up américaine à l’origine de la création de la plateforme décentralisée.

Les traders de dYdX touchent quant à eux des revenus, sous forme de tokens DYDX. Ils sont issus de la réserve de la fondation de dYdX. Chaque trader est rémunéré au prorata des frais qu'il dépense : plus un trader paie de frais et plus il est rémunéré en tokens DYDX. 20% de la réserve de la fondation dYdX est réservée à cette rémunération 💰

Mais cela ne devrait pas durer très longtemps…

Un vote sur un meilleur partage des revenus en faveur de la communauté de dYdX est dans les tuyaux. Mais pour éviter le risque d’être reclassé en titre financier illégal - ce qui pend au nez de GMX - la communauté pourrait pencher vers un “rôle utilitaire” ajouté au token de gouvernance.

En attendant, d’autres questions comme la quantité de jetons dYdX, vont continuer d’animer les débats. En décembre, le nombre de jetons disponibles sur le marché va en effet fortement augmenter.

Pourquoi ? Parce que l’équipe, les conseillers et les fonds de capital-risque (Andreessen Horowitz, Paradigm, Hashkey, etc.) investis dans le projet seront autorisés à revendre leurs jetons.

Cela ne veut pas forcément dire qu’ils le feront (cela constituerait un mauvais signal pour l’avenir), mais cette échéance pourrait avoir un impact important sur le prix.

Les détenteurs de dYdX peuvent toutefois s’estimer heureux : le début du “vesting”, c’est-à-dire la période de vente libre des tokens, était initialement programmée pour le mois de février et la fondation a annoncé son report à décembre il y a quelques semaines.

Vesting

Migration sur Cosmos en 2023

Si la raison du délai n’a pas été rendue publique, il tombe en tout cas à pic, car dYdX s’apprête à quitter Ethereum, la blockchain sur laquelle il a été conçu (et sa solution de couche secondaire StarkEx), pour l’écosystème Cosmos.

La migration est prévue autour de septembre 2023 🗓️

Officiellement, cette “trahison” vis-à-vis d’Ethereum (annoncée à l’été 2022) est “technique”. StarkWare, la start-up israélienne qui développe StarkEx (retrouvez l'interview de son cofondateur), ne serait pas en mesure de développer tous les outils demandés par dYdX.

Un exemple ? StarkEx ne se serait pas capable d’accompagner la croissance de dYdX. Actuellement, le système traite environ 10 transactions par seconde et 1000 commandes/annulations par seconde, et les équipes de dYdX veulent augmenter la cadence.

“Le problème d’Ethereum et de ses différentes couches secondaires, c’est que les applications comme la nôtre doivent s’adapter à leur moule”, regrette Charles d'Haussy, le CEO de la fondation dYdX.

“Ce sont de superbes projets, mais nous avions besoin d’une blockchain qui autorise une personnalisation totale. C’est pour cette raison que nous avons choisi Cosmos où chaque application peut créer sa blockchain optimale”, insiste-t-il.

Cosmos fournit un kit de développement et les programmeurs peuvent laisser libre cours à leur imagination. Cosmos sert notamment de socle technologique commun aux blockchains des plateformes d’échange centralisées de Binance, OKX, Cryptocom, Kucoin ou encore la tristement célèbre Terra-Luna (à l’origine stablecoin algorithmique UST).

Du côté de la communauté Ethereum, on regarde le départ de la pépite avec une certaine amertume. “Ce n’est pas très élégant de quitter StarkWare de cette façon, d’autant qu’ils leur avaient quand même développé une solution sur-mesure”, indique le responsable d'un projet. “On peut supposer que Cosmos a grassement payé dYdX pour l’inciter à choisir sa technologie”, tacle-t-il.

Une source proche de l’écosystème StarkWare fournit une autre explication : “Ils ont besoin de pouvoir dire que leur Exchange est décentralisé, or, dans sa forme actuelle, le produit StarkEx ne l’est pas, car le matching des ordres se fait sur un serveur hébergé chez dYdX”, indique-t-elle. “Ils souhaitent décentraliser cette partie pour éviter de se faire coincer par les régulateurs, mais c’est un challenge technique très compliqué”, poursuit-elle.

Et le choix de Cosmos n’est pas sans risques. D’ici à la migration effective vers Cosmos, dYdX devra être en mesure d’assurer lui-même la sécurité de sa propre blockchain…

Les équipes vont aussi devoir réussir à inciter les détenteurs du token DYDX à les immobiliser dans la future version du protocole (via du staking) et accumuler assez de valeur pour ne pas s’exposer à une attaque d’un acteur malveillant. D’où l’importance d’avoir une communauté soudée d’ici là ! Un élément qui pourrait expliquer le report de la mise sur le marché des tokens de l’équipe et des fonds de capital-risque 😏

Car si dYdX est l’un des projets les plus ambitieux du secteur, il lui reste beaucoup à accomplir. La réussite de sa transition passera par beaucoup de pédagogie et l’élaboration d’incitations économiques capables de créer un cercle vertueux sur le long terme. Surtout que les concurrents (GMX et le futur IDEX dont le lancement se prépare) ne manquent pas non plus d'idées. On en parle très vite !

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